Après son rapport sur le cacao de la Côte d'Ivoire, la Banque mondiale revient à la charge ; Ce qu'elle dit de l'avenir du cacao ivoirien


Jacques Morisset est formel qu'influer sur l’offre mondiale, sur les prix mondiaux, est difficile pour une denrée comme le cacao. (Ph: DR)
  • Source: linfodrome.com
  • Date: lun. 15 juil. 2019
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Jacques Morisset, économiste à la Banque mondiale et auteur du neuvième rapport sur la situation économique en Côte d'Ivoire intitulé « Au pays du cacao : comment transformer la Côte d'Ivoire » était sur Rfi (Radio France international), ce lundi 15 juillet 2019. Il s'est prononcé, entre autres, sur l'alliance entre la Côte d'Ivoire et le Ghana pour peser sur les cours du cacao.

RFI : L'alliance, le regroupement entre la Côte d'Ivoire et le Ghana en matière de cacao pour peser sur les cours, est-ce une bonne stratégie ou est-ce que c'est dangereux ?

Jacques Morisset : Je pense que c'est une bonne stratégie. On peut peser sur les cours lorsqu'on a un pouvoir de marché de 65 %. Maintenant, il faut le faire de manière intelligente. Bien sûr, la difficulté, aussi, est que le cacao est une matière différente que, par exemple, le pétrole. Tout de suite, quand on pense de contrôler les cours, on pense au pétrole. Le pétrole est une matière première qui est facile à contrôler. Vous fermez le robinet, vous l'ouvrez, vous pouvez contrôler l'offre. La difficulté pour le cacao, c'est des millions de petits producteurs qui sont difficiles à contrôler ; c'est aussi un produit agricole qui dépend des conditions climatiques. Donc d'influer sur l'offre mondiale, sur les prix mondiaux, est difficile pour une denrée comme le cacao.

Comment la Côte d'Ivoire peut-elle s'en sortir en continuant de miser sur le cacao ?

C'est le paradoxe. Vous avez multiplié par quatre votre production de cacao pendant les 20 dernières années, c'est le premier producteur mondial, mais vous avez un producteur sur deux de cacao qui vit en état de pauvreté, donc avec moins de 1,2 dollar, soit 600 Fcfa par jour. C'est le paradoxe. Comment briser ce paradoxe ? Dans le rapport, on pense qu'en fait, une opportunité se dessine à cause de l'urgence. Jusqu'à présent, la réponse du paysan ivoirien à la demande de cacao était d'augmenter ses surfaces cultivables et donc de produire plus. On pense que cette approche arrive à son terme. Premièrement, il n'y a plus de surface cultivable en Côte d'Ivoire. Deuxièmement, il y a une demande, une exigence des consommateurs ou des pays importateurs de cacao, pour du cacao durable qui ne détruit plus les forêts, qui n'utilise plus des enfants dans la production. La solution n'est plus de produire plus, mais de produire mieux, donc d'augmenter les rendements. D'une part, sur une même surface, vous pouvez avoir plus de cacao, mais surtout si vous cultivez sur une surface plus réduite cela vous permet de vous diversifier vers des produits ou des activités non agricoles pour pouvoir avoir plus de revenus et de moins dépendre des fluctuations de prix.

Le cacao ivoirien est-il trop taxé ?

Si vous comparez la fiscalité du cacao en Côte d'Ivoire par rapport aux autres pays producteurs, oui, la réponse effectivement est que le cacao est trop taxé en Côte d'Ivoire. Sur chaque exportation de cacao, 22% sont prélevés par l'État. Ce qui explique pourquoi le cacao compte pour 10% des recettes de l'État ivoirien, donc c'est très important comme source de revenus pour l'État. Donc, est-ce que l'État doit continuer à taxer autant son cacao ? S'il réduisait la fiscalité pour augmenter le prix aux producteurs, ou alors, une autre solution, garder votre niveau de fiscalité puisque vous passez une partie de votre fiscalité, du poids de cette fiscalité, aux consommateurs, mais redistribuez une partie de ces recettes aux producteurs. Et c'est d'autant plus important que ces recettes pourraient servir à financer ces programmes de productivité pour augmen (...)

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