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Réconciliation, justice, terrorisme en Côte Ivoire : Un rapport de l'Onu livre des secrets
« Des menaces d'attaques continuent d'être enregistrées »
Ce que Ban Ki-moon demande à Ouattara

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La patronne de l'Onuci réclame la publication des rapports de la Cdvr et de la Commission spéciale d'enquête aux autorités ivoiriennes

La représentante spéciale du secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire a présenté, mercredi dernier, au siège de l'institution internationale, son dernier rapport sur la situation en Côte d'Ivoire. Dans ce document publié sur le site de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (Onuci), Mme Aïchatou Mindaoudou expose des insatisfactions et interpelle les autorités ivoiriennes.

Ci-dessous, l'intégralité de son texte.

Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez de présenter devant le Conseil, le rapport du Secrétaire général sur la situation en Côte d’Ivoire et d’informer votre Conseil des développements majeurs récents intervenus dans le pays, y compris en ce qui concerne l’élection présidentielle du 25 octobre ainsi que des défis qui restent encore à relever.

Depuis ma dernière présentation devant le Conseil de sécurité, la Côte d’Ivoire a relevé un grand défi, celui de l’organisation de l’élection présidentielle. Le peuple de Côte d’Ivoire a voté pacifiquement et a réélu le président Alassane Ouattara pour un second mandat. L’organisation de ce scrutin dans un climat apaisé donne au peuple de Côte d’Ivoire l’occasion de tourner définitivement la page de la crise, de commencer un nouveau chapitre de l’histoire du pays et de consolider les acquis pour une stabilité durable. En dépit du retrait de trois candidats, de l’arrestation et de la détention de plusieurs personnes qui ont organisé des regroupements politiques et des manifestations non autorisées, les autorités nationales, y compris les forces de sécurité, ont démontré leur capacité à prendre en charge la sécurité du processus électoral. Je voudrais saisir cette opportunité pour féliciter, encore une fois, la Commission électorale Indépendante pour les efforts qu’elle a déployés afin que ce scrutin présidentiel se déroule sans dysfonctionnements majeurs. Je voudrais également remercier l’ensemble des partenaires bilatéraux et multilatéraux pour leur appui technique, financier et logistique. Durant la période qui a précédé l’élection présidentielle du 25 octobre, dans le cadre de la mise en œuvre de mon mandat de bons offices, le Gouvernement et les partis de l’opposition ont effectivement repris le dialogue, ce qui a également contribué à la création d’un environnement favorable à la tenue d’une élection apaisée. Je voudrais saluer les efforts du Gouvernement de Côte d’Ivoire qui a répondu, dans ce sens, aux exigences de l’opposition, avant l’élection présidentielle. La mise en œuvre du mandat de la Mission et celle des bons offices ont permis  d’obtenir, à travers des plateformes dédiées, l’engagement de la société civile, des chefs traditionnels, des chefs religieux, des chefs de communautés, des groupes de jeunes et des associations de femmes à œuvrer sans relâche pour la création d’un environnement favorable à la tenue d’une élection présidentielle libre et démocratique. À cet égard, le mérite revient donc au peuple ivoirien. Monsieur le président, aujourd’hui, la Côte d’Ivoire est la deuxième économie de l’Afrique de l’Ouest.

 

Publier es rapports de la Cdvr et de la Commission spéciale d'enquête

La reprise économique est remarquable dans le pays, on peut donc fonder l’espoir que les populations ivoiriennes jouissent pleinement des dividendes de cette croissance économique. Cependant, la réconciliation nationale n’avance pas au même rythme que la reprise économique. À cet égard, je me réjouis du discours prononcé par le président de la République dans lequel il a fait part de sa détermination à faire de la réconciliation nationale la priorité de son second mandat. Dans la foulée, le 7 décembre 2015, le président Ouattara a débuté des consultations sur ce sujet avec le Directoire de la Chambre des rois et chefs traditionnels de la Côte d’Ivoire. Le 8 décembre 2015, il a également rencontré les chefs religieux, les représentants de la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes des crises survenues en Côte d’Ivoire. Suite à ces consultations, une grâce a été accordée à environ 3100 prisonniers, y compris certains prisonniers de la crise post-électorale. Par ailleurs, le Gouvernement de Côte d’Ivoire a décidé de continuer le processus d’indemnisation des victimes. J’appelle le Gouvernement ivoirien à rendre public le rapport de la Commission dialogue, vérité, réconciliation, comme l’avait préalablement demandé le Conseil de sécurité dans sa résolution en 2226 (2015). En ce qui concerne les poursuites des auteurs présumés de crimes commis pendant la période post-électorale, les progrès restent encore timides. J’encourage le Gouvernement à veiller à ce que les enquêtes menées par la Cellule spéciale d’enquête et d'instruction soient conduites à leur terme afin de créer les conditions pour juger toutes les personnes qui seront reconnues coupables d’abus et de violations graves des droits de l’Homme, sans préjudice de leur appartenance politique. Monsieur le président, il convient de relever la participation accrue des femmes dans les forums et séminaires organisés dans le pays. Que ce soit en tant que représentantes de leurs partis politiques ou pour s’exprimer sur des questions d’intérêt national, cette tendance augure de l’augmentation de la participation des femmes dans les élections à venir et ultérieurement dans les processus de prises de décisions. Il convient de relever la volonté du président de faire de l’autonomisation des femmes une priorité de son second mandat. Beaucoup d’efforts ont été déployés dans le cadre de la prévention des abus sexuels et de la violence basée sur le genre, ainsi que pour la prise en charge des victimes. Mais les poursuites à l’encontre des auteurs sont encore timides. Le renforcement du système judiciaire pour la prise en compte de ces cas, de façon adéquate et dans les délais requis, est essentiel afin de mettre définitivement un terme à ces comportements. Mesdames et Messieurs les membres du Conseil, assurer la sécurité sur toute l’étendue du territoire national pendant le processus électoral représentait un test pour les forces de sécurité ivoiriennes. Malgré certaines insuffisances, la police nationale, la gendarmerie et les forces armées ont relevé le défi. Pour soutenir cette dynamique, il est important que la loi sur l’organisation du secteur de la défense et des forces armées de Côte d’Ivoire, adopté (...)



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