Football - Eléphants / Drogba : « On m'a pris pour un imbécile »


(Photo d'archives)
  • Source: sport-ivoire.ci
  • Date: mar. 02 juin 2015
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Comme indiqué, Talents d'Afrique a diffusé l'interview-vérité de Didier Drogba qui a tourné autour de Chelsea et surtout autour de son départ forcé de la sélection nationale de Côte d'Ivoire. Face à la camera l'attaquant ivoirien, pas très bavard, n'a pas retenu ses mots à l'endroit des dirigeants de la Fédération Ivoirienne de Football. Morceaux choisi.

Après avoir terminé la saison avec le trophée de champion, comment te sens-tu à présent ?

Je savoure notre titre, le titre de champion de Chelsea. Nous avons réalisé une très grosse performance et je m'en rends compte jour après jour en regardant les statistiques de notre victoire en championnat. Parce que nous sommes restés leader du début à la fin de la saison. Et c'est très rare pour être noté.

 

Pourquoi t'es-tu attardé sur les statistiques ? Est-ce à cause du fameux « boring Chelsea » ?

J'ai regardé les statistiques pour me rendre compte de notre parcours. C'est vrai que le côté « boring chelsea » (ennuyeux Chelsea) a également attiré mon attention. Mais si les gens le disent, c'est parce que nous avons tué la concurrence. A aucun moment de la saison il n'y a eu de véritable menace de nos concurrents. Que ce soit City, United ou Arsenal, aucun n'a réussi à nous devancer. Et si les gens s'ennuyaient c'est parce que nous avons réussi à vite tuer le spectacle.

 

C'est aussi vrai que les spectateurs n'avaient hâte de suivre un match de Chelsea

Qu'est-ce qu'on attend de Chelsea ? Quand tu sais que ton équipe a été flamboyante en début de saison et qu'elle est essoufflée en deuxième, tu dois t'adapter parce que l'objectif principal c'est de remporter le championnat. Il fallait faire avec les moyens de bord. Le coach nous l'a jamais dit, mais avec du recul nous savions que nous étions essoufflé. A partir de ce moment il fallait gérer les efforts pour finir le championnat.

 

De tous tes titres, lequel t'a rendu une grande satisfaction ?

Je pense que c'est lors de la saison 2009-2010 avec Ancelotti. Ça été une grande année parce que nous réalisons un doublé que le club n'avait jamais fait. Et je termine meilleur buteur devant Rooney et étant parti à la CAN. Il y avait de l'émotion, du suspense parce que c'était disputé jusqu'à la fin. Mais cette année, nous avons tué l'enjeu (rire).

 

En arrivant à Chelsea, cette saison, avais-tu déjà discuté de ton statut avec José Mourinho ? Venais-tu comme un remplaçant ?

J'ai eu très peu de temps pour me préparer et même pendant la préparation, je me suis blessé à la cheville. J'ai tout fait pour revenir mais cette blessure m'a handicapé pendant de longs mois. Mais le club a eu la chance d'avoir un Diego Costa en forme qui a enchainé les buts pour aider le club. Je pensais jouer un peu plus, mais je suis très content du rôle et de l'impact que j'ai eu sur le groupe.

 

Tu penses toujours avoir vraiment les jambes pour une autre saison sur le terrain ?

J'ai envie de jouer parce que je sais que je peux encore jouer. Je suis un joueur qui se sentirait mal s'il devait se trainer sur le terrain. J'ai trop d'orgueil pour ça. C'est vrai que je n'ai plus mes jambes de 25 ans, mais j'ai encore un cerveau qui fonctionne qui me permettre de m'adapter. Je ne suis plus aussi rapide qu'un défenseur, mais j'ai d'autres atouts pour le passer.

 

Parlant de la Côte d'Ivoire, quelle fut ta réaction au terme de la CAN 2015 remportée par les Eléphants ? 

J'ai eu un sentiment particulier. C'est vrai que j'ai eu un petit pincement au cœur parce que c'est mon équipe, et que ce sont mes gars qui s'inquiétaient sur le terrain.  

 

Comment as-tu vécu la finale face au Ghana ?

Je l'ai vécu en tant qu'Ivoirien. Parce que je suis Ivoirien avant tout. Et quand on était mené au début des tirs au but, je ne me sentais pas bien. J'avais de mauvais souvenirs qui me revenaient en tête. Dieu merci le vent a tourné et nous avons gagné. J'étais vraiment content parce que mon pays en avait vraiment besoin.  Mais je ne regrette en rien ma décision.

 

Ne penses-tu pas avoir eu un mauvais timing vu que la Côte d'Ivoire finit par remporter la CAN ?

Non, le timing était approprié. Par rapport à tout ce qui s'était passé des semaines avant, le timing était approprié.

 

Cette décision de retraite internationale forcée était-elle liée à la Coupe du Monde 2014 et à son environnement ?

Ce n'est pas forcément lié à la Coupe du Monde 2014. C'est juste à cause du manque de respect, le fait de m'avoir pris pour un imbécile. C'est ce qui m'a poussé à prendre cette décision. Je n'ai jamais voulu m'exprimer sur ce sujet jusqu'à présent et je n'entrerai pas dans les détails. Mais quand je disais qu'on ne me faisait plus confiance c'est parce qu'à un moment, on m'a pris pour un imbécile, tout simplement.

 

Quand Hervé Renard t'appelle malgré tout, il n'y a pas une voix qui te demande de reconsidérer ta position ?

C'est vrai qu'Hervé m'appelle, on discute et je fais l'annonce deux jours après que lui soit nommé sélectionneur. En fait j'ai voulu faire ma déclaration avant que lui fasse une liste. Parce que je ne voulais pas être sélectionné. Je ne voulais pas y aller tout simplement. J'ai discuté avec lui pour lui expliquer que ça n'avait rien de personnel. Je ne pouvais pas prendre une décision par rapport à quelqu'un qui n'avait aucune influence sur ce qui s'est passé auparavant en sélection nationale. C'est juste que les personnes qui étaient à la tête de cette sélection nationale là, je ne me reconnaissais plus en elles.  Je ne voulais pas porter ce maillot avec ces personnes-là à la tête de l'équipe nationale.

 

Après Hervé Renard revient à la charge. Pourquoi cette démarche n'a pas changé les choses ?

Il a forcé, il m'a dit que c'était quand même mon pays, c'est quand même la Côte d'Ivoire. On ne peut dire non comme cela, on ne peut pas abandonner sa nation. J'en ai parlé au cercle du Chef de l'Etat. Mais après, je me suis que je n'avais pas abandonné la nation. J'ai porté pendant dix ans les couleurs nationales et j'ai fait ce que j'avais à faire. J'ai apporté ma contribution, ma petite pierre au rayonnement de la Côte d'Ivoire au plan sportif. Maintenant aux autres de prendre le relais. Moi j'ai fait ce que j'avais à faire.  Je ne peux pas aller à une compétition et avoir peur pour moi. Je ne peux aller à une compétition pour que derrière ma famille soit anxieuse. Et je ne peux pas donner le meilleur de moi si je ne suis pas le bienvenu. Et je n'étais pas le bienvenu. Alors pourquoi forcé ? C'est vrai, le coach le voulait, mais tout le monde n'était pas d'accord avec lui.   

 

Pourquoi en tant que star africaine, tu ne t'es pas exprimé après que Willy Sagnol ait déclaré à la limite que les footballeurs africains n'étaient pas intelligents ?

Il s'est rendu compte de lui-même qu'il était vraiment stupide. Parce qu'il a dit après que ce n'était pas ce qu'il voulait dire. Donner ce genre de fenêtre à ce genre de personne ne m'agace pas du tout.  

Patrick GUITEY

Retranscription 




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