Philippe N'dri (DG de l'AGEPE) : « En quatre ans, l'AGEPE a placé 21.000 personnes en entreprise » - « Elle a permis à 3431 chômeurs de bénéficier de l'allocation... »


N'dri Philippe affirme que le taux de chômage est de 5,3 %.
  • Source: Soir Info
  • Date: sam. 18 avr. 2015
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L'Agence d'étude et de promotion de l'emploi (Agepe) est une société à capitaux publics, chargée de la mise en place de la politique de l'emploi en Côte d'Ivoire…Nous avons interrogé Philippe N'dri, le directeur général (Dg) en charge de cette agence.

Il explique qu'en quatre (4) ans, l'Agepe a placé 21.000 personnes en entreprise et a permis à 3431 chômeurs de bénéficier de l'allocation de chômage, pour un montant de 722.230.000F Cfa.

 

Existe-t-il des statistiques sur le nombre exact des chômeurs en Côte d'Ivoire ?

Avec la publication des résultats de l'enquête sur l'emploi, nous disposons désormais, non seulement de statistiques sur le nombre de chômeurs en Côte d'Ivoire, mais également de données fiables sur l'ensemble des indicateurs du marché du travail, tels que le nombre d'emplois, les caractéristiques des emplois, les répartitions des emplois par secteur, etc. Avant de parler du nombre de chômeurs en Côte d'Ivoire, nous voudrions préciser que nous utilisons les définitions de concepts issues des résolutions de la Conférence internationale des statisticiens du travail (Cist). La dernière en date s'est tenue en octobre 2013, avec la participation de l'Agepe.

 

Que dit cette dernière résolution ?

Cette dernière résolution définit la population en emploi, comme toutes les personnes en âge de travailler (14 ans et plus pour la Côte d'Ivoire) et qui, durant les 7 jours précédant l'enquête, étaient engagées dans une activité visant à produire des biens ou à fournir des services en échange d'une rémunération ou d'un profit. Quant à la population au chômage, la convention explique qu'il s'agit de toutes les personnes en âge de travailler (14 ans et plus) qui, durant les 7 jours précédant l'enquête, n'étaient pas en emploi, avaient effectué des activités de recherche d'emploi au cours des trente derniers jours, et étaient disponibles pour l'emploi durant les 15 jours suivant l'enquête, si la possibilité d'occuper un poste de travail existait. Sur la base donc de ces définitions, la dernière enquête nationale réalisée sur la situation de l'emploi en février 2014, donne un taux de chômage en Côte d' Ivoire de 5,3%, soit 426.225 personnes en chômage dans le pays.

 

Mais ce taux de chômage de 5,3 % est contesté par de nombreux Ivoiriens. Qu'en dites-vous ?

Ignorant sûrement les définitions du chômage et de l'emploi, les Ivoiriens prennent des personnes en emploi pour des chômeurs. La conséquence est qu'il y a une différence notoire entre les définitions du chômage et de l'emploi, selon les normes internationales. Il se trouve, par ailleurs, que les Ivoiriens se focalisent tous sur le seul taux de chômage en tant qu'indicateur d'analyse du marché du travail. Mais il en existe plusieurs et, il faut le dire, le taux de chômage n'est pas nécessairement le plus pertinent des indicateurs pour apprécier un marché du travail comme celui de la Côte d'Ivoire. En effet, en raison des caractéristiques de ces marchés du travail, caractérisés par une faible proportion d'emplois salariés et une forte proportion d'emplois informels, précaires, peu rémunérés, les taux de chômage ont tendance à y être anormalement faibles. Ce qu'il faut donc retenir globalement, c'est qu'en plus du chômage, il existe d'autres situations qualifiées de sous-utilisation de la main-d'œuvre. On peut citer, par exemple, toutes ces personnes qui travaillent et qui ont un revenu inférieur au Smig.

 

De nombreux diplômés restent encore sans emploi. Est-ce que cette situation peut être considérée comme une inadéquation entre la formation et l'emploi ?

Oui, dans une certaine mesure. Mais véritablement, votre question nous amène à mettre le doigt sur la problématique du recrutement de la main d'œuvre en Côte d'Ivoire. Cette problématique révèle que, non seulement l'offre d'emploi du système productif n'est pas suffisante pour satisfaire toute la demande, mais aussi et surtout qu'il existe en même temps un paradoxe qui indique une inadaptation des profils par rapport aux besoins du marché. Par exemple, des secteurs d'activités, comme les mines et le pétrole, ne sont pas suffisamment pourvus en main d'œuvre qualifiée (inadéquation voire inadaptation de la formation aux possibilités offertes par le marché du travail). Subsidiairement, le manque d'initiative, de culture d'entreprise et même de culture, de façon générale, constitue aussi un handicap pour le jeune et une difficulté pour l'Agepe lors des recrutements. Cet état de fait appelle à la prise en compte effective de la demande de qualification des entreprises par le système de formation et de qualification.

 

Quel est le profil de ces chômeurs-diplômés ou sans qualification ?

Il est bon de savoir que le profil du chômeur est une variable qui joue sur le rapprochement ou appariement entre l'offre et la demande. Toutefois, l'enquête-emploi a plutôt révélé la pertinence du taux de chômage selon le diplôme. Ainsi, on constate que le taux de chômage est de 3,4% chez les sans qualification ou sans diplôme, 8,9% chez les titulaires d'un diplôme de l'enseignement général, 5,7% chez les diplômés de l'enseignement supérieur, et 14,6 % chez les diplômés de l'enseignement technique et professionnel. A une échelle un peu plus réduite, la base de données en notre possession, peut permettre de mettre en évidence les caractéristiques des demandeurs d'emploi inscrits à l'Agepe. Ainsi, notre base de données regorge d'environ 116.082 demandeurs d'emploi avec 74,89% d'hommes pour 35,11 % de femmes. Les demandeurs sont à 80% essentiellement des jeunes. En considérant le niveau de formation, on note que 70% des demandeurs d'emploi ont, au moins, le Bac avec parmi eux 46% qui sont titulaires du Bts et 15% de la maîtrise.

 

Quelle politique de l'emploi comptez-vous mettre en place pour résoudre le problème de chômage en Côte d'Ivoire ?

Nous ne parlerons pas de politique en tant que telle. Ce sont plutôt des axes, des stratégies et des initiatives que nous développons en tant qu'acteur institutionnel de mise en œuvre de la Politique nationale de l'emploi. Nos actions et nos initiatives s'inscrivent dans le cadre global ou général des options et orientations de la politique du gouvernement en matière d'emploi. N'empêche qu'en tant qu'instrument du gouvernement, chargé de la mise en œuvre des politiques de lutte contre le chômage, l'Agepea un grand rôle à jouer, et pour cela, elle développe des stratégies à forts impacts, à savoir :la stratégie de développement de l'emploi salarié ; le développement de l'auto-emploi et de l'emploi indépendant ; l'adaptation, la redynamisation et la gestion adéquate de sept programmes nationaux qui sont des mesures qui visent à satisfaire les attentes des demandeurs d'emploi et des employeurs.

 

Dans votre stratégie d'insertion des sans-emploi, quelle est la part des cabinets de placement ?

Il faut savoir que les cabinets ont une part très considérable dans le placement des demandeurs d'emploi. Au regard des données qui nous parviennent, sur environ une soixantaine de cabinets agréés annuellement par nos services, ce sont près de 3000 placements qui sont régulièrement effectués par an. Cela correspond à environ 35 à 40% du volume global des placements effectués, aussi bien par l'Agepe que par les cabinets de placements et les entreprises, en termes d'embauches directes puisque le marché est libéralisé. Ce qu'il faut préciser, c'est que la collecte des données est à améliorer pour plus de visibilité, et nous y travaillons.

 

Est-ce que des partenariats ont été signés avec des cabinets de placement de l'extérieur, dans le cadre de la lutte contre le chômage en Côte d'Ivoire?

Aucune initiative n'existe pour le moment avec les cabinets de placement de l'extérieur, parce que cela appelle à des dispositions spéciales et pourrait même nécessiter une autorisation interministérielle qui conduit souvent à la signature de protocoles d'accord de coopération dans le domaine du travail entre la Côte d'Ivoire et les pays concernés. Toutes les mesures de précaution doivent être prises afin d'éviter des abus et des situations malencontreuses. En plus, il faut noter que nous avons, dans le cadre de la coopération entre les Services publics d'emploi, partenaires de l'Association mondiale des services Publics d'emploi (Amsep) et l'Association africaine des services publics d'emploi ( Aasep), la possibilité d'accueillir ou d'envoyer des candidats à la mobilité internationale dans les pays qui en font la demande. C'est un des axes forts de la coopération entre les Services Publics d'Emploi, dans le cadre de nos réseaux traditionnels.

 

Vous êtes à la tête de l'Agepe depuis près de quatre ans. Quelles sont les grandes innovations que vous avez apportées ?

Sur la base des orientations de notre Ministère d'Etat, ministère de l'emploi, des affaires sociales et de la formation professionnelle, nous avons élaboré un projet de réforme et de développement de l'Agepe. Ce projet énonce des mesures de dynamisation et de modernisation conduites sur cinq (5) piliers essentiels. Le premier pilier a trait au renforcement des capacités opérationnelles visant la réhabilitation des infrastructures et le développement des ressources humaines ; le deuxième porte sur les programmes d'emploi et mécanismes de financement des mesures actives en faveur de l'emploi ; le troisième présente les stratégies de développement de la production statistique sur l'emploi, les métiers et la formation ; le quatrième et le cinquième s'attachent à présenter les mesures de développement et de dynamisation des Divisions régionales, du partenariat, de la communication et du marketing.

 

Quelles sont vos perspectives ?

L'Agepe s'est inscrite dans une nouvelle dynamique, et au regard du projet de dynamisation, des initiatives ont été prises avec des résultats déj&agr (...)

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