Chômage & sous-emploi : du maquillage à la réalité

  • Source: Educarriere
  • Date: vend. 30 janv. 2015
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Selon AFP / Mamadou Toure Behan « Le chômage touche de plein fouet la jeunesse africaine. Les causes en sont la crise financière mondiale, l'explosion démographique, mais aussi l'absence de vision des décideurs locaux. Ils n'ont pu s'affranchir des modèles de gestion conservatrice de la croissance hérités de l'époque des programmes d'ajustement structurel »

‘'Le monde s'enfonce dans une crise de l'emploi sans précédent. L'Afrique subsaharienne demeure la région du monde la plus touchée par cette crise''

Oui le chômage touche de plein fouet la jeunesse africaine, mais ne touche-t-il pas plus d'Africains dans le monde en général ? La valeur que nous donnons à notre système éducatif n'en est-elle pas une cause fondamentale? La promotion professionnelle, les jalousies intra-entreprises, les frustrations ne sont-elles pas des causes majeures parfois ignorées. 

« Le monde s'enfonce dans une crise de l'emploi sans précédent. L'Afrique subsaharienne demeure la région du monde la plus touchée par cette crise », prévient Dramane Haïdara, spécialiste des stratégies du développement de l'Emploi au bureau dakarois de l'Organisation internationale du Travail (OIT). Les chiffres confirment les affirmations de l'économiste qui était l'un des principaux invités de la conférence des jeunes leaders panafricains qui s'est tenue à Dakar, du 13 au 17 janvier 2014.

Tant de causes peuvent en effet expliquer les sources du chômage de la jeunesse Africaine. Cependant, il est important d'attirer l'attention sur le fait que l'Afrique se développe et selon le dernier rapport de la banque mondiale sur le continent, dans les prochaines années, l'Afrique se développera davantage. Les perspectives sont bonnes et investir sur le continent sera rentable.

En principe, le nombre de chômeurs devrait diminuer avec la création et l'implantation de nouvelles Entreprises sur le Continent africain.  Mais en sera-t-il le cas ? Non pas dans toutes les régions du Continent. L'Afrique subsaharienne  est empreinte à d'autres réalités.

Les diplômés de nos jours sont sans emploi car … ‘'Les super diplômés''

Quelques témoignages dont un plutôt édifiant, celui de Camara 33 ans diplômé des prestigieuses écoles de commerce et universités en France a particulièrement retenu notre attention. Camara est sans emploi  depuis 5 ans  avant la fin de ses études il avait déjà travaillé 2 ans dans le secteur de la logistique après sa Maitrise en Anglais et un BTS en Transport et logistique avant de poursuivre ses études d'ingénieur. A la fin de ces études couronnées par un MBA en organisation et stratégie, il n'a pu trouver un emploi. 5 ans durant après avoir écrit des centaines de lettres de motivations et imprimé autant de CV, il dresse un bilan et se retrouve avec deux missions de consulting de 02 mois et plusieurs cours enseignés comme vacataire dans des écoles de la place. Il ne baisse pas les bras et demande sans cesse des conseils. C'est ainsi que beaucoup de professionnels dans leurs conseils relèveront le fait que les diplômés de nos jours sont sans emploi car bien trop diplômés. On ira même à les nommer ‘'Les super diplômés'' Si cela est bien plus une critique qu'un conseil, il faut remarquer que les auteurs de ces critiques n'ont pas finis leurs études, parfois avides d'argent ou contraints par des circonstances de la vie et n'ayant pu continuer leurs études ont dû chercher  et obtenir un emploi mais bien avant la période de rareté et de crise que nous traversons pour trouver un emploi.  L'absence de reprise d'études pour ces derniers n'ayant pu suivre, l'on se vante de plusieurs années d'expériences avec ‘'zéro réalisations'' au sein des entreprises.

‘'Dans bon nombre d'entreprises en Afrique subsaharienne, il n'existe pas ou très peu de plan de carrières''

S'il est ‘'normal'' de se vanter ou de prétendre avoir 10 ou 15 ans voire plusieurs années d'expérience, il est encore plus normal de développer et d'innover au poste pour lequel on a été recruté. Ainsi un poste peut se voir tripler en nombre en 10 ou 15 ans pour embaucher de nouvelles personnes.

Et pourtant, c'est le contraire que nous observons. Les postes ont même diminué, les entreprises ont réduit le nombre d'employés, la crise est la justification privilégiée avancée, mais cela n'est pas toujours vrai car les crises ne sont pas nouvelles, ni pour l'Afrique ni pour l'Asie qui a pu créer et implanter de nombreuses entreprises sur son continent et créer de nouveaux emplois.

Le mode gestion et de gouvernance, l'absence de techniques managériales dans les entreprises en sont les premières clauses.  Dans bon nombre d'entreprises en Afrique subsaharienne, il n'existe pas ou très peu de plan de carrières. Les anciens sont le plus souvent hostiles aux nouveaux diplômés avides d'expériences et capables d'innover avec les nouvelles technologies de peur de perdre leur place ou de se voir dépasser. En plus, il faut rappeler qu'il est parfois plus difficile de trouver un job avec des diplômes de ‘l'extérieur que des diplômés locaux dans certaines entreprises. Les préjugés sont nombreux sur ceux qu'on qualifie de ‘'diplômés d'or'' ou ‘'expat''. Mais bon gré, mal gré, ces derniers pour la plupart finissent par s'insérer après parfois 3 à 5 années de stages dans plusieurs entreprises.

Cependant, les organismes internationaux et grandes institutions bancaires sous plutôt séduites par des profils rares ou diplômés d'écoles de références telles que le CESAG, INPHB, ISM, IAM, ENSEA, COFEB, HEC, Mines Paris Tech, ESSEC, EM LYON, LONDON SCHOOL OF ECONOMICS, IAE Paris, Sciences PO Paris, INSEAD, Wharton University etc…

Ce choix des organismes internationaux n'est-il pas discriminant ? Car il est clair qu'intégrer la Banque mondiale ou BMCE avec un diplôme supérieur d'une petite école supérieure locale n'est pas très évidente comparée à un Diplôme de Paris Dauphines, ou Ecole des Mines. Cette préférence jugée discriminatoire est aussi une cause du chômage de beaucoup de jeunes africains qui se voient privées de jouir des mêmes chances que les autres lors des recrutements internationaux.

Ainsi donc, les réalités du chômage ne sont pas toujours ce qu'on affirme haut et fort.

Si Les gouvernements ne créent pas d'emploi, cela relève du secteur privé, de l'absence discriminatoire  dans les recrutements internationaux et le développement de l'emploi relève quant à lui de ses employés.

« Les jeunes africains trouvent du travail avec de faibles  rémunérations et aucune possibilité de se sécurité de l'emploi »

Pendant ce temps, de nombreux africains vivent dans le chômage avec comme unique espoir l'attente et rien que l'attente. Mais parfois passe l'âge de 32 ans, et les chances se réduisent avec des offres destinés le plus souvent à des moins de 30 ans.

En outre, les statistiques du chômage en Afrique ne tiennent pas compte des emplois précaires et du sous-emploi dans le secteur informel. Selon un rapport de la Brookings Institution, organisme de réflexion basé à Washington, « Les jeunes africains trouvent du travail avec de faibles  rémunérations et aucune possibilité de se sécurité de l'emploi ».

Par exemple, plus de 70 % des jeunes de la « République du Congo, de la République démocratique du Congo, de l'Éthiopie, du Ghana, du Malawi, du Mali, du Rwanda, du Sénégal et de l'Ouganda sont à leur compte ou contribuent à des activités familiales ».

Gabriel Benjamin, chômeur diplômé de l'université de Lagos (Nigéria), explique qu'on rencontre souvent de jeunes Nigérians diplômés qui font de petits boulots. « Ils nettoient les sols dans des hôtels, vendent des cartes de recharge téléphoniques ou sont même ouvriers dans des usines ». Le sous-emploi ne constitue pas une solution à la pauvreté, reconnaît l'Organisation internationale du Travail (OIT), qui signale que jusqu'à 82 % des travailleurs africains sont des « travailleurs pauvres ». Selon les Perspectives économiques en Afrique, plus de 70 % des jeunes Africains en moyenne vivent avec moins de 2 dollars par jour, le seuil de pauvreté défini à l'échelle internationale.

Adiss W. NASSIROU, Consultant PMP & Président fondateur d'FTC Talents

Spécialiste en Management des projets structurants & Evaluation de la performance

adissw@educarriere.net

+225 57291557

 

 




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