Charles Konan Banny a remis officiellement son rapport de fin de mission à Alassane Ouattara. Au cours de la cérémonie plutôt sobre, qui s'est tenue hier, jeudi 21 novembre au palais présidentiel, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation( Cdvr) a glissé quelques paroles fortes.
Des vérités noyées dans une intervention fleuve, de près d'une heure trente, qui a quelque peu endormi l'assistance. La cérémonie a, en effet, été marquée par ces propos pour le moins osés tenus par le président de la Cdvr devant le chef de l'Etat. Banny a notamment déploré le caractère peu équitable de la justice. « Certains citoyens ont l'impression que la justice ivoirienne est sélective », a-t-il déclaré, reprenant à son compte les griefs que font les organisations internationales des droits de l'homme aux autorités ivoiriennes.Le président de la Cdvr a, par ailleurs, déploré l'incidence sur le processus de réconciliation, des arrestations qui font suite aux attaques récurrentes. « Alors que la Cdvr s'efforce de persuader tous les Ivoiriens de la nécessité d'aller à la paix et d'accepter de s'inscrire dans le processus de réconciliation, on relève des attaques armées en certains points du territoire, entraînant des arrestations », a soutenu Banny, avant d'ajouter : « Les attaques suivies des arrestations compliquent le processus ». Pour lui, « deux ans après la grande crise, nous n'avons pas tiré les leçons de la crise ». Le disant, l'ex-Premier ministre fait allusion à l'attitude de certains acteurs politiques et de la presse, qui manifestent encore une réticence à embarquer dans le train de la paix.
Insistant sur les écrits des journalistes, deux ans après la crise post-électorale, il dira qu'ils n'ont pas vraiment changé : « Si on doit se dire la vérité, je ne vois pas de différence. Si je lisais la presse ivoirienne, je ne pourrai pas continuer ». Autre parole forte lâchée par le président de la Cdvr, le fait que les audiences publiques, si elles venaient à se tenir, ne présenteraient pas de la Côte d'Ivoire « un beau visage », sans doute parce que certaines atrocités choquantes y seraient révélées. Par ailleurs, a dit Banny, le processus de réconciliation à l'ivoirienne ne propose pas de mesures incitatives pour amener les auteurs des exactions et autres violations des droits de l'homme à avouer leurs crimes. « Ailleurs comme en Afrique du Sud, les auteurs de violation qui consentaient à se présenter devant la commission pour avouer leurs méfaits bénéficiaient, en échange, d'une amnistie », a-t-il fait remarquer. Banny a par ailleurs insisté sur l'impérieuse nécessité de prendre en compte le droit des victimes à la réparation. Il a fustigé cette attitude méprisante tendant à mettre « entre parenthèses » les victimes. Pour le reste, il a rappelé que l (...)
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