Enquête / Abidjan : Voici les nouvelles zones où sévissent les microbes, des témoignages d'habitants terrorisés au quotidien


A partir de 19 heures, il ne fait pas bon de trainer dans les ruelles d’Adjouffou, de Gonzagueville ou encore Jean-Folly, de peur de se faire agresser par les microbes (Ph : M.K.)
  • Source: linfodrome.com
  • Date: lun. 05 août 2019
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Connue pour ses belles plages et les grandes infrastructures économiques dont elle regorge, notamment la Société ivoirienne de raffinage (Sir), le Port autonome d'Abidjan (Paa) ou encore l'aéroport international Félix Houphouët Boigny, la commune balnéaire de Port-Bouët est en proie depuis peu, à la grande criminalité. La quiétude des habitants de cette commune a laissé place à une angoisse quotidienne.

Après les communes d'Abobo, d'Attécoubé et d'Adjamé, berceau du phénomène de ‘'microbes'' à Abidjan, les enfants en conflit avec la loi communément appelé ‘'microbes'' semblent avoir trouvé un nouveau lieu de prédilection. Des communes connues pour leurs calmes et charmes vivent désormais dans la terreur. Ces derniers temps, la commune de Port-Bouët subit des agressions multiples. Ces agressions ont surtout lieu dans les quartiers dits précaires. A savoir Adjouffou, Jean Folly, Gonzagueville, et Anani. Ce sont des quartiers connus pour leur surpeuplement et l'anarchie qui y règne. Ce sont des zones où la cohabitation avec les ordures ménagères et eaux usées est de coutume. Malgré cela, les populations, jadis y vivaient dans une quiétude, qui a fait désormais place à une nouvelle forme de banditisme né aux lendemains de la crise post-électorale. Les enfants en conflit avec la loi communément appelés microbes s'y sont installés. Les populations de ces quartiers, au quotidien, font les frais des actions des microbes, des enfants et adolescents dont l'âge varie entre 09 et 15 ans.

Mode opératoire des microbes             

A Adjouffou, K.K.M. une victime de ces enfants peu recommandables se souvient du jour où il a été agressé. « Il était environ 19 h le samedi 06 juillet (2019 : ndlr) lorsque je suis arrivé à Adjouffou. Au carrefour ‘'1er arrêt'', des adolescents de 9 à 18 ans environ étaient regroupés dans la pénombre. Ils discutent d'un match de football de la Ligue des champions disputé la veille », se souvient notre interlocuteur. Selon lui, à première vue, ces enfants paraissent inoffensifs. Leurs apparences reflètent celles des enfants sages, bien éduqués même s'ils s'expriment dans un français assez peu accessible au citoyen lambda. En effet, la jeunesse de ce quartier s'exprime en ‘'nouci'', l'argot ivoirien. « Dès que j'ai stationné mon véhicule, ils se sont enfoncés dans le noir. Soudain, ils en sont ressortis avec des armes blanches (machettes et couteaux) qu'ils avaient dissimulées sous leurs habits. Ils m'ont arraché mes portables et le peu d'argent que j'avais sur moi », raconte-t-il. Aux dires, de K.K.M. après leur forfait, les microbes se sont lancés à une chasse à l'homme. Ils s'en prenaient à tous ceux qu'ils voyaient. Et sous la menace de leurs armes blanches, ils dépossédaient les personnes de leurs biens. « Ils agissent très vite avant de s'évanouir dans la pénombre », ajoute-t-il.

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Les enfants en conflit avec la loi sèment la terreur dans les quartiers d'Adjouffou, Jean-Folly et de Gonzagueville

 

Kouakou Pacôme, vigile dans une grande surface de la place, a également fait les frais. Ce résident du quartier Jean-Folly rentrait un soir de son boulot lorsqu'il a été pris à partie par ces gamins en conflit avec la loi. Dès sa descente du véhicule, il est suivi par un enfant d'environ 10 ans. Au moment de la traversée d'un couloir obscure comme c'est le cas pour toutes les artères de ce quartier précaire, il se fait interpeller par un autre enfant qui lui demande de lui remettre ses objets précieux, notamment son téléphone portable. Kouakou Pacôme qui croit avoir à faire à un gamin ordinaire, lui porte un coup visage pour lui apprendre le respect et le punir de son impertinence. C'est l'erreur qu'il ne fallait pas commettre. Dès qu'il a porté main à cet enfant, le gang qui était à l'autre bout du couloir est entré en scène. Le vigile a été poignardé sauvagement. Fort heureusement, il s'est remis de ses blessures. « Ce sont des drogués, des bandits. Ils m'ont agressé. Ils m'ont dépouillé de mon portable et de mon argent alors que je rentrais à la maison. Ils n'hésitent pas à poignarder ou à taillader les victimes récalcitrantes », se confie Kouakou Pacôme, visiblement très remonté contre ces enfants.

Des populations dans l'angoisse

Le jeune vigile aimerait bien partir de ce quartier devenu trop dangereux. Mais sa situation l'oblige à rester là vu qu'il perçoit un ‘'maigre'' salaire d'environ 70.000 fcfa. Il n'a pas vraiment le choix. Père de trois enfants en âge de scolarisation, ce chef de famille semble être désabusé par la situation. « Avant, on vivait en paix ici. On ne parlait pas de microbes. Mais aujourd'hui, on ne peut plus respirer. Tu passes ici microbes, tu passes là microbes. On ne sait quoi faire pour en finir avec ce fléau qui nous fait perdre le sommeil. Les autorités nous ont oubliées. C'est quand il y'a des élections qu'elles nous connaissent. Après les élections, c'est fini. Elles nous oublient. C'est leur ventre qui les intéresse», se confie très amer, Kouakou Pacôme.

Dame Traoré Fatoumata, une habitante du quartier Gonzagueville, vendeuse de poisson au grand marché de Port-Bouët, dit avoir été aussi victime d'agression de la part des microbes. C'était dans le mois de décembre 2018. Habituée à prendre sa marchandise à crédit et à payer après-vente, elle sera un soir du mois de décembre prise à partie par ces gamins. Toute son économie va disparaitre en un clin d'œil, environ 250.000 fcfa. Jusqu'à ce jour, elle porte les cicatrices de cette agression. Il aura fallu de peu pour qu'elle perde son bras droit. Dans la lutte avec les microbes pour empêcher que son revenu ne soit emporté, l&rsq (...)

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