Reportage - Transport en commun / Excès de vitesse, alcool, drogue... : Comment les Gbaka, woro-woro, cars... exposent les usagers à la mort

  • Source: linfodrome.com
  • Date: mer. 16 mai 2018
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Gbaka, woro-woro, taxi-compteur, car de voyageurs… Tous ces moyens de déplacement à Abidjan et dans des villes de la Côte d'Ivoire sont source de grosses frayeurs pour l'ensemble de la population. Et pour cause, la conduite de certains chauffeurs, décriée par bon nombre d'usagers. Expérience de cette réalité sur l'axe Abidjan-Dabou.

Pourquoi tant de récriminations à l'endroit des chauffeurs de Gbaka, woro-woro, taxi-compteur et cars de transport en commun de la part de la population abidjanaise ? 72 heures passées à bord de ces différents types de véhicules nous donnent des pistes de réponses...

L'obligation de passer la visite technique de notre véhicule nous contraint à déposer la voiture au garage. Dépossédée de ce matériel roulant, il faut bien se rendre au boulot afin de répondre aux exigences professionnelles. Il n'y a pas d'autre choix que de compter avec les taxis-compteur ou les transports en commun (Gbaka, woro-woro, cars…). Très euphorique à l'idée de nous faire conduire de Songon Bimbresso (route de Dabou) jusqu'à Marcory zone 4, c'est avec un brin de bonheur que nous sautons à bord d'un Gbaka au niveau du carrefour Bimbresso. Il est 5 heures 50 minutes, ce mardi 8 mai 2018. L'apprenti, communément appelé ''balanceur'', crie à tue-tête : « Yopougon-Siporex, Yopougon-Siporex ». Par moments, il frappait le véhicule d'un coup de poing, un code pour demander au chauffeur de marquer un arrêt, le temps de prendre un passager. Et de lancer par la suite : « vieux père, champion, allons, allons ». Deux autres codes pour donner le top départ. Les choses se passaient bien, mais les instants d'après, tout va virer au cauchemar.

En effet, voyant la circulation dégagée, le chauffeur va se lancer dans une conduite à donner le vertige, tellement il appuyait sur l'accélérateur. Le Gbaka disposant encore de places, lorsque l'apprenti tapait du poing sur le véhicule pour signaler la présence d'un passager, le chauffeur, lancé dans sa conduite, donnait un coup de frein brusque pour embarquer ce nouveau client. Malgré sa mauvaise conduite, c'était le silence plat dans le véhicule. Personne n'osait interpeller le conducteur. Arrivée au marché Bagnon, au niveau de Yopougon Lièvre rouge, un carrefour où nous devons faire une correspondance, nous nous empressons de descendre du Gbaka, soulagée de quitter ce véhicule.

 

Chapelets. Cette fois-ci, nous prenons place à bord d'un mini-car d'une soixantaine de places à destination d'Adjamé 220 logements. Notre montre affiche 6 heures 10 minutes, lorsque nous occupons un fauteuil dans le fond du véhicule. Les sièges sont coincés et inconfortables. Sur une seule rangée, sont parqués 5 passagers. Tout simplement parce que sur l'allée centrale du véhicule, qui doit servir de passage, on a installé d'autres sièges pour avoir le maximum de passagers. Une fois assis, il est donc difficile de se mouvoir. Depuis le fond du véhicule, nous observons les passagers qui montent, avec le secret espoir qu'une personne de petite forme vienne prendre place à nos côtés. C'est alors que notre regard est attiré par des personnes, en l'occurrence des dames, qui tiennent chacune un chapelet à la main. Des jeunes, pour la plupart des élèves et étudiants, écouteurs dans les oreilles, manipulent leurs téléphones. A peine 10 minutes plus tard, le mini-car est chargé et le top départ est donné par l'apprenti. Il est 6 heures 20 minutes. La circulation est ralentie à cette heure de la journée, et le chauffeur n'a pas d'autre choix que de rouler lentement. Mais pas pour longtemps, puisque sur la voie express de Yopougon, la circulation étant quelque peu dégagée, il va se lancer dans des dépassements à même de faire craquer un cardiaque. Et cela malgré les interpellations des passagers.

A l'instant précis, les dames qui avaient leurs chapelets à la main, têtes baissées, les égrenaient, confiant sûrement, en silence, le trajet à Dieu. Une autre dame, carrément coupée des réalités du moment, était plongée dans un profond sommeil. Sans doute, a-t-elle trouvé son secours. De jeunes gens, feignant l'indifférence, manipulaient leurs téléphones portables en écoutant de la musique. Dieu étant amour, le véhicule finit par arriver à destination à Adjamé 220 logements, en face de l'agence de la Cie. C'est avec soulagement que nous mettons pied à terre, mais anxieuse à l'idée de devoir emprunter un autre Gbaka pour Marcory. Après plusieurs minutes d'hésitation, nous sautons dans l'un de ces véhicules. Comme si tous ces chauffeurs étaient allés à la même école, la conduite n'a pas varié. Tout comme ses autres camarades, le chauffeur de cet autre Gbaka, qui est passé par le troisième pont en quittant Adjamé, en à peine 10 minutes était déjà à Marcory. Encore un ouf de soulagement d'être arrivée à destination, saine et sauve. Mais après le boulot, il faut bien rentrer à la maison. A cette seule idée, on est gagné par la peur.

 

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