Affaire découverte d'armes en Côte d'Ivoire : Soro interrogé par l'ONU fin juillet dernier

  • Source: linfodrome.com
  • Date: mer. 11 oct. 2017
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La paix a beau être revenue, des milliers d'armes acquises du temps de la rébellion et de la crise post-électorale sont toujours en circulation. Et les autorités ont le plus grand mal à les récupérer...

C'est un gymnase abandonné en bord de route, à Attécoubé, un quartier d'Abidjan situé entre le Plateau et Yopougon. Il y a encore peu de temps, des enfants s'y entraînaient au judo. Au sol, des vêtements et quelques chargeurs vides. Le 27 septembre, l'armée ivoirienne a annoncé y avoir découvert une importante cache d'armes. Des fusils d'assaut AK-47, des mitrailleuses lourdes, des grenades, des lance-roquettes, des obus, 300 treillis, des cagoules, de fausses plaques d'immatriculation, des munitions, des explosifs ainsi qu'un véhicule. Lors de la saisie, 37 cartes estampillées« Mouvement guerrier pour la dignité et la justice en Côte d'Ivoire» ont également été retrouvées.

Dans le quartier, on se dit inquiet mais pas vraiment surpris. Les habitants racontent qu'ils avaient pris l'habitude de voir déambuler des hommes armés. Né pendant la crise post-électorale de 2010-2011, ce mouvement avait épaulé les Forces nouvelles lors de la bataille d'Abidjan. Ses membres, dirigés par Traoré Zanga dit "Commandant barbu", n'ont pas été intégrés dans les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci).

C'est la deuxième saisie importante en quelques mois. Le 15 mai, alors que des mutineries secouaient le pays, quinze tonnes d'armes encore dans leur emballage - AK-47 et lance-roquettes - ainsi que des munitions étaient retrouvées dans l'ancienne piscine réaménagée en sous-sol d'une villa. Une propriété appartenant à Soul to Soul, le directeur du protocole de Guillaume Soro, l'ex-chef rebelle devenu président de l'Assemblée nationale.

 

Survendu

Au-delà des conséquences politiques qu'elles peuvent avoir, ces découvertes prouvent qu'une partie des armes utilisées pendant la crise politico-militaire, n'a pas rejoint les stocks officiels de l'armée. Elles jettent également le doute sur l'efficacité du programme de Désarmement, démobilisation et réinsertion (Ddr), qui s'est officiellement achevé le 30 juin 2015. À l'époque pourtant, le processus dirigé par Fidel Sarassoro, actuel directeur de cabinet du président Alassane Ouattara, et accompagné par les Nations Unies, avait été globalement salué. Dans les couloirs de l'Onu, on vantait ses résultats probants et l'on parlait même d'un « modèle ivoirien ». « On a survendu le Ddr, assure aujourd'hui un expert sécuritaire. Les statistiques du désarmement ont été gonflées et le principal défi, qui était la prise de contrôle par l'armée des stocks d'armes, n'a pas été relevé. »

« Tout pays ayant traversé dix années de crise serait dans notre situation, répond un cadre du ministère de l'Intérieur et de la Sécurité. Nous avons continué à récupérer et détruire des armes même après la fin du Ddr. La Commission nationale de lutte contre la prolifération illicite des armes légères a fait un gros travail. Rien qu'en avril 2017, elle a procédé à la destruction de 574 armes au 4ème bataillon d'infanterie de Korhogo. » La même source rappelle qu'entre 2002 et 2010 les livraisons d'armes dont a bénéficié la rébellion se sont faites dans l'opacité la plus totale. Un membre de la Commission de lutte contre la prolifération des armes poursuit: « La difficulté est que l'on a du mal à évaluer la quantité précise d'armes encore en circulation. C'est la conséquence de la crise ivoirienne mais pas seulement. Quand les guerres du Liberia et de la Sierra Leone ont pris fin, et après la chute de Kadhafi, beaucoup d'armes sont entrées dans le pays. »

Le groupe d'experts des Nations unies a été l'un des premiers à s'en inquiéter. En 2015, il affirmait qu'« un grand nombre d'armes et de munitions [étaient] toujours en circulation ». « Cette situation met en évidence la complexité du processus de désarmement des efforts faits pour récupérer le matériel de guerre », ajoutait-il. Un an plus tard, un autre rapport onusien mettait directement en cause Guillaume Soro, accusant les Forces nouvelles d'avoir acheté 300 tonnes d'armes et de munitions au lendemain de la crise post-électorale. Du matériel acquis au Burkina Faso et entreposé à Bouaké et à Korhogo, selon les experts de l'Onu.

 

Assurance-vie

 Guillaume Soro a toujours rejeté ces accusations. « Après la crise, il est vrai que nous avons préféré garder une partie de nos armes avec nous parce que les pro-Gbagbo étaient dans les casernes et que nous ne leur faisions pas confiance, argue un ancien comzone. Il y en avait à la frontière avec le Liberia, à Korhogo, à Odienné et à Bouaké. Mais en 2012, après son départ de la primature, Soro a demandé à tous les anciens chefs de la rébellion de rendre les armes. Lui-même en avait à Abidjan mais il les a données à l'armée et notamment aux forces spéciales. »

En mettant en place un système de rotation des comzones, les autorités ont également tenté d'éloigner les anciens chefs de guerre des poudrières. Mais ceux-ci ont contourné la manœuvre. Ils ont placé des proches à leur place et ouvert la voie à une nouvelle génération de (...)

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