Candidat malheureux aux élections présidentielles de 2010 et 2015, Konan Kouadio Siméon donne son opinion au sujet de la nouvelle Constitution pour un passage à la 3e République, qui fait débat. Il estime que le moment n'est pas propice à un tel projet qu'il juge inopportun, car les Ivoiriens sont encore divisés et les cœurs meurtris. Pour lui, il importe de rechercher le consensus autour de la réconciliation et la paix qui donneront un socle solide à une nouvelle Constitution consensuelle, pour éviter qu'une Constitution comme veut proposer le pouvoir Ouattara ne connaisse le même sort que l'actuelle Constitution. Voici ce que dit le candidat dans une déclaration dont nous avons reçu copie le mercredi 8 juin 2016.
DÉCLARATION RELATIVE A LA NOUVELLE CONSTITUTION
Le gouvernement de la République de Côte d’Ivoire vient de rendre publique le comité d’experts, chargé de proposer une nouvelle constitution à soumettre à référendum pour la création d’une nouvelle République, la troisième. Cette constitution que le Président souhaiterait plus consensuelle, viserait, selon le porte-parole du gouvernement, à tirer les leçons du passé et à garantir les droits et les devoirs de chaque citoyen.
C’est justement à propos de cette noble ambition du consensus et des intérêts bien compris de chaque ivoirien et de chaque habitant de ce pays que je voudrais humblement me permettre de faire le commentaire qui suit :
En effet, au-delà des débats de forme et de fond, actuels et à venir, c’est le principe même et l’opportunité d’une nouvelle constitution et donc, de la création d’une nouvelle République que je veux questionner.
Certes, il est de pratique dans les nations, après de graves crises comme celles que connait notre pays depuis des décennies, que la page soit tournée. Une nouvelle République, dans mon modeste entendement, consacre la fin d’un processus et le début d’une nouvelle ère fondée sur de nouvelles bases et un nouveau contrat social, fruit d’un véritable consensus national, c'est-à -dire avec l’implication de toutes les forces vives de la nation.
A ce stade de notre processus, pouvons-nous raisonnablement estimer que nous avons réuni toutes les conditions et franchi toutes les étapes nécessaires pour tourner la page ? Pouvons-nous sérieusement parier le moindre centime sur la moindre chance de réunir le consensus autour de ce projet ? Le moment est-il vraiment opportun pour la troisième République ? Permettez-moi d’en douter ?
En effet, si nous faisons une évaluation saine et objective de la situation, nous nous rendrons vite compte que les conséquences des longues années de confrontations fratricides restent encore vivaces dans la société. Les ivoiriens restent profondément divisés comme l’ont si éloquemment démontré les dernières élections présidentielles où une bonne partie de la population ne s’était sentie nullement concernée. A ce jour, ils sont encore plusieurs dizaines de milliers de nos compatriotes à préférer la galère de l’exil plutôt que de rentrer chez eux. La réconciliation nationale admise désormais par tous comme le passage obligé vers des lendemains meilleurs reste encore un chantier entier.
Est-ce là vraiment le meilleur contexte pour une réforme aussi fondamentale qu’une nouvelle constitution qui exige un consensus national ?
Au demeurant, si une constitution écrite dans le cadre d’une transition ouverte à tous et avec la participation de toutes les forces vives de la nation n’a pu être consensuelle alors qu’elle a été votée à 86% à l’appel unanime de tous les partis politiques, comment le pourra-t-elle quand elle sera écrite par une poignée de personnes, fussent-elles des experts, toutes choisies unilatéralement par le Président de la République, lui-même par ailleurs président d’un parti ? Comment garantir le caractère consensuel d’un travail produit par un comité qui n’est pas lui-même le fruit d’un consensus et qui de surcroît, semble (je peux me tromper) quasiment d’un même bord ?
En quoi la Côte d’Ivoire avancerait-elle avec une constitution impopulaire qui serait aussitôt remise en cause et réécrite au moindre changement ?
Et puis, quelle en est l’urgence et en quoi est-ce que la présente constitution gêne puisque de toutes (...)
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