Laurent Gbagbo va-t-il être candidat à la présidence de son parti malgré son incarcération à La Haye, aux Pays-Bas ?
C'est ce qu'affirment plusieurs de ses partisans, qui ont déjà déposé un acte de candidature en son nom. L'élection du président du Front populaire ivoirien (Fpi) aura lieu à la mi-décembre, lors du congrès de ce parti d'opposition. Et l'actuel président du Fpi, Pascal Affi N'Guessan, est candidat à sa succession. Alors, va-t-on vers un schisme à l'intérieur du Fpi ? En ligne d'Abidjan, l'ex-Premier ministre Affi N'Guessan répond aux questions de Christophe Boisbouvier. C'était le vendredi 14 novembre 2014.
RFI: Vous êtes candidat à un nouveau mandat à la tête du Fpi. Mais cette année, il y a une fronde à l’intérieur du parti. Est-ce que vous êtes confiant quand même ?
Pascal Affi N'Guessan : Oui, nous sommes confiants et nous comptons sur notre expérience à la tête du parti. Ça fait plusieurs années que je dirige ce parti et je peux dire que je l’ai fait dans des conditions très difficiles. Depuis septembre, octobre 2013, après ma sortie de prison, j’ai relancé le parti pour le restaurer. Nous sommes donc dans une dynamique de restauration. Cette confiance doit s’exprimer à l’issue du congrès de décembre prochain.
Il y a quelques jours, quatre cadres du parti dont Michel Gbagbo, le fils de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, ont déposé un acte de candidature au nom de Laurent Gbagbo, le célèbre prisonnier de La Haye. Qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est une erreur de penser que le président Laurent Gbagbo peut être le meilleur acteur pour le Front populaire ivoirien à l’heure actuelle. Aujourd’hui, il est en difficulté à La Haye, c’est à nous de nous organiser, de mobiliser les militants, la population ivoirienne, tous les amis du président Gbagbo à travers le monde, pour obtenir sa libération. Et par rapport au dossier judiciaire devant la Cpi, ce n’est pas une solution de sagesse que de considérer le président Gbagbo comme candidat. Déjà le procureur de la Cpi utilise un certain nombre d’initiatives que nous menons ici pour demander que la libération provisoire du président Laurent Gbagbo soit refusée aux motifs que certains cadres du parti mènent des activités qui ne contribuent pas à rassurer la justice internationale. Je ne crois pas que le proposer comme candidat à la présidence du Fpi soit un acte qui va conforter les thèses, les arguments de la défense.
Vous voulez dire que ça peut compliquer le travail des avocats de la défense ?
Ça peut compliquer le dossier du président Gbagbo.
Il y a quatre mois, les charges retenues contre lui ont été jugées recevables. On a donc su qu’il y aurait un procès Laurent Gbagbo et qu’il serait donc absent de Côte d’Ivoire pendant plusieurs années. Du coup, est-ce que vous vous posez comme son successeur ?
Mais la question fondamentale aujourd’hui, c’est comment faire pour que d’ici le procès, nous puissions obtenir la libération du président Gbagbo. Et pour cela, nous devons prendre toute notre place sur l’échiquier politique national. Cela signifie que le Fpi doit être présent également dans les compétitions électorales à venir. C’est en jouant tout ce jeu-là , que nous pouvons véritablement servir la cause du président Laurent Gbagbo.
Vous voulez prendre toute votre place. Mais du coup, les partisans de Laurent Gbagbo vous accusent de vouloir prendre sa place...
Nous sommes tous des partisans du président Laurent Gbagbo. Il faut aller dans le sens de la réconciliation nationale et inscrire la libération du président Laurent Gbagbo comme une condition essentielle de la réconciliation.
Oui, mais derrière les quatre camarades qui ont déposé sa candidature et notamment derrière Michel Gbagbo, il y a Laurent Gbagbo lui-même. Est-ce que ça ne vous gêne pas d’être candidat contre le fondateur de votre parti, l’ancien président ivoirien ?
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