Interview / Amadou Koné, Administrateur de la BAD pour la Côte d'Ivoire : « A partir du 30 juin, nous fermerons nos bureaux de Tunis » - « La BAD va payer un loyer à l'Etat pour l'immeuble du CCIA » - « Les profits pour la Côte d'Ivoire sont considérables »


L'administrateur de la Bad pour la Côte d'Ivoire a énuméré des profits importants que la Côte d'Ivoire tire du retour de la Bad à Abidjan.
  • Source: L'Inter
  • Date: lun. 28 avr. 2014
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Amadou Koné, ancien ministre ivoirien de l'Intégration africaine, est depuis septembre 2011, administrateur de la Banque africaine de développement (Bad) pour la Côte d'Ivoire, la Guinée et la Guinée Équatoriale. De passage à Abidjan, jeudi 03 avril dernier, il a accepté de nous éclairer sur les avancées en ce qui concerne le retour de la Bad à son siège statutaire.

En quoi consiste votre mission en tant qu'administrateur de la Bad pour la Côte d'Ivoire, la Guinée et la Guinée Équatoriale ?

De façon singulière, étant donné que tous les administrateurs ont les mêmes missions, le président de la République nous a fait l'honneur de nous envoyer à la Bad à Tunis pour obtenir le retour de la Banque à Abidjan. C'est donc notre priorité.

Plus généralement, les administrateurs du Groupe de la Bad sont mandatés par les Etats pour définir les politiques et les lignes directrices, ainsi que superviser l'ensemble des opérations du Groupe de la Banque. Nous sommes responsables de la viabilité  financière et administrative de l'institution. A ce titre, nous examinons et approuvons, entre autres, les budgets ainsi que les organigrammes de la Banque. Au-delà, bien entendu, nous veillons à ce que les intérêts de nos Etats soient préservés. Dans bien des cas, par ailleurs, la représentation d'un pays au conseil permet à ce dernier de disposer d'une foule d'informations sur la marche du continent dans quasiment tous les domaines ; la Banque étant également une institution du savoir. Il s'agit notamment de l'économie et des politiques sectorielles, tant au niveau des infrastructures que de l'intégration régionale, de l'agriculture que du développement urbain et de l'emploi, entre autres.

   

La Côte d'Ivoire ambitionne d'être un pays émergent à l'horizon 2020. Quels sont les projets de la Banque pour accompagner cette émergence ?

La Banque dispose de plusieurs instruments pour accompagner les ambitions des pays tant au niveau de la définition des choix économiques que des investissements publics et privés. Pour appuyer le pays, nous aurons deux cycles quinquennaux de stratégie pays, l'un en cours s'achèvera en 2017 et l'autre constituera notre cadre d'intervention de 2018 à 2022. Ces cycles correspondant aux demandes en accompagnement formulées par le pays lors de discussions avec les autorités, notamment le Ministère du Plan.

Plus précisément, pour parvenir à l'émergence en 2020, le pays a renoué avec la planification. Ce qui est une bonne chose. Ainsi, dans le cadre du Programme national de développement (Pnd) et pour la période 2013-2017, la banque s'est engagée à apporter un concours financier significatif pour le financement des infrastructures de transport tant national que régional et énergétiques, ainsi que l'appui à la cohésion nationale dans son volet relatif à l'emploi, surtout des jeunes. Ceci, au regard des besoins tels qu'exprimés par notre pays le 5 décembre 2012 lors de la réunion du groupe consultatif qui s'est tenu à Paris.

Nous soutiendrons également la réalisation de grands projets régionaux comme l'autoroute Abidjan-Lagos, pour laquelle une réunion de haut niveau vient de se tenir à Yamoussoukro en marge de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la Cedeao. Nous envisageons de participer au financement de l'autoroute Abidjan-Ouagadougou ainsi qu'à de nombreux projets inscrits dans le document de stratégie de l'intégration régionale pour l'Afrique de l'Ouest.

Enfin, nous rappelons que nous sommes déjà présents sur des projets électriques majeurs dans le pays. Ce qui contribuera à augmenter les capacités de production des entreprises installées dans le pays ou qui souhaitent le faire. Plusieurs autres projets dans l'agriculture et l'assainissement ont déjà démarré et se poursuivent à travers le pays.

 

Côte d'Ivoire pays émergent à l'horizon 2020. Est-ce que ce pari est réalisable ?

Si nous prenons la définition qui est qu'un pays émergent est un pays dont le Pib par habitant est inférieur à celui des pays développés, mais qui connaît une croissance économique rapide, et dont le niveau de vie ainsi que les structures économiques convergent vers ceux des pays développés, nous pensons, au vu des performances économiques réalisées ces trois dernières années et des investissements importants en cours, que le pays est sur la bonne voie. Les réformes engagées pour assainir la gestion des finances publiques ainsi que l'amélioration du climat des affaires, vont également dans ce sens. Nous sommes donc confiants, même si la tâche demeure encore immense. En tout état de cause, la Bad entend prendre sa part dans la réalisation de cet objectif, pour le bien-être des Ivoiriens et de la région ouest- africaine toute entière.

 

Quel est le calendrier du retour de la Bad en Côte d'Ivoire et à quel niveau du processus sommes-nous aujourd'hui ?

Le retour a commencé depuis janvier 2014 et s'achèvera d'ici la fin de l'année. Globalement, il faut retenir trois phases qui s'articulent autour de la présence effective du Conseil d'administration, du président et du personnel essentiel aux travaux de nos conseils Bad et Fad (Fonds africain de développement). De sorte que nous avons un premier déploiement avant celui du Conseil, qui sera suivi par l'arrivée du Conseil et un troisième et dernier contingent de personnel après l'installation du Conseil d'administration.

La première phase va être achevée ce mois-ci, donc en avril. Ensuite, viendra le déploiement du Conseil et du président, ainsi que leurs collaborateurs à partir de fin juin ; donc, dans trois mois. Il pourra être considéré, dès lors, que la Bad est revenue à Abidjan car, il s'agit là des hautes instances de décisions et de management de l'institution. Au total, nous fermons Tunis le 30 juin en ce qui concerne le Conseil et le président.

D'octobre à décembre 2014, le dernier contingent de personnel affecté à Abidjan sera là. Au total, ce sont environ 2 000 membres du personnel qui seront établis à Abidjan avec leurs familles, cette année.

S'agissant des conditions, nous pouvons dire que grâce au chef de l'Etat, elles garantissent la bonne continuité des activités de la Bad et nous venons heureux et confiants à Abidjan.  

 

Une fois à Abidjan, que va devenir le siège de Tunis ?

A Tunis, les bâtiments, il y en a trois, ne sont pas la propriété de l'institution. Nous sommes sous contrats de bail. Ils seront donc libérés et je crois savoir que les préavis ont été déjà notifiés aux propriétaires desdits bâtiments. Ceci étant, le Conseil d'administration, tenant compte des investissements réalisés, envisage d'intégrer Tunis dans notre Bcp ou Business contunity plan. Les discussions sont ouvertes à ce sujet. Mais, soyez rassurés que le Bcp est une exigence pour toutes institutions au monde et, bien souvent, pour les gouvernements aussi.

 

La Bad, c'est tout un monde, les agents et leurs familles ainsi que leur personnel de maison. Est-ce qu'il existe suffisamment d'infrastructures, en termes d'écoles, de logements...pour accueillir tout ce monde ?

En dehors des logements, pour lesquels quelques appréhensions existent encore malgré les assurances fournies par le gouvernement, nous n'avons aucune autre inquiétude concernant les capacités de la ville d'Abidjan à accueillir les milliers de personnes qui ont commencé à arriver. Les autorités ivoiriennes ont très tôt pris la mesure des contraintes et ont commencé à agir dès ma nomination en septembre 2012 à Tunis. En presque deux ans, l'Etat à mis à la disposition de la Banque et de son personnel, les bureaux rénovés du Ccia, le Lycée Mermoz nouveau qui ouvrira ses portes en septembre de cette année, tandis que l'Institut américain, entièrement réhabilité , communément appelé Lycée américain, est ouvert depuis bientôt un an. Des efforts ont été faits au niveau de la santé pour améliorer le plateau technique et l'offre de soin, notamment avec l'ouverture de nouvelles cliniques privées. Par ailleurs, le Ministère de la Construction nous aide à identifier des logements pour ceux des membres du personnel qui le souhaitent.

 

Avant le départ de la Bad de la Côte d'Ivoire en 2002, cette institution avait des infrastructures. Quel est, à ce jour, l'état de ces infrastructures ?

Tout est dégradé, car inoccupé depuis plus de dix ans. Les travaux de réhabilitation de notre siège sont en cours. Quant aux résidences, à savoir la cité Bad et les villas près de Ste Marie, des études de coût/opportunité vont êtres réalisées et nous déci (...)

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