L'Institut national de formation des agents de santé (Infas) est le seul établissement en Côte d'Ivoire habilité à former ces agents. Mais, cette école est souvent secouée par des grèves. En plus, des sages-femmes qu'elle produit sont accusées de comportements déplacés à l'égard des parturientes. Pour en parler, nous avons rencontré le Directeur général de cet établissement, Pr. Sess Daniel, qui dévoile en outre ses perspectives pour le meilleur rayonnement de l'Institut.
L'Infas est le seul établissement en Côte d'Ivoire à former les agents de santé mais, il semble ne pas être bien connu des Ivoiriens. Comment l'expliquez-vous ?Pr. Sess : Je ne pense pas que l'Institut national de formation des agents de santé (Infas) ne soit pas connu des Ivoiriens puisque ce sont les Ivoiriens qui l'ont créé. En effet, cet établissement forme les futurs infirmiers et sages-femmes, les techniciens supérieurs de santé (Tss) constitués de cinq groupes à savoir les techniciens de laboratoires d'analyses de biologie médicale, les préparateurs et gestionnaires en pharmacie, les masso-kinésithérapeutes, les hygiénistes et les techniciens d'assainissement. Donc l'Infas est bel et bien connu, même de l'extérieur. Puisque par le passé, c'est ici que nos voisins de la sous-région faisaient former leurs agents de santé. Ce sont les écoles qui ont formé depuis l'époque coloniale qui se sont muées en Infas, par le décret n° 91-655 du 9 octobre 1991.
Pourtant des Ivoiriens se font formés dans des écoles privées en pensant pouvoir exercer les métiers d'agents de santé dans des établissements publics de Côte d'Ivoire.
Pr. Sess: A ces personnes, je voudrais dire que les conditions requises pour rentrer à l'Infas sont, entre autres, être de nationalité ivoirienne, avoir le Bac et être âgé de 18 à 30 ans révolus. La satisfaction de ces critères permet de participer au concours d'entrée pour une formation de trois ans. C'est peut-être la peur de ce concours qui amène ces personnes dont vous parlez à aller se faire former dans des écoles non agréées par l'État de Côte d'Ivoire.
Est-il possible pour ces personnes d'exercer dans des structures de l'Etat ?
Pr. Sess: Il faut savoir la Côte d'Ivoire est un pays organisé. Au même titre qu'elle forme des médecins, des pharmaciens et odonto-stomatologues, elle forme les agents de santé dont nous parlons. C'est le rôle de l'Etat de ne recruter que des gens bien formés, là où il faut et comme il faut. En l'occurrence ceux de l'Infas qui le sont bel et bien pour jouer pleinement leur rôle. Puisque leur cycle est sanctionné par un diplôme d'Etat. Par ailleurs, les Ivoiriens de la diaspora qui ont eu la même formation dans les mêmes conditions peuvent être recrutés par la Fonction publique. Mais il n'y a rien à faire pour ceux qui se font formés en Côte d'Ivoire dans des écoles non agréées par l'État.
Cependant, l'Infas est souvent secoué par les grèves des étudiants !
Pr. Sess: L'Infas n'est pas synonyme de grève. S'il y a des sauts d'humeur de la part des étudiants, c'est au sujet de leurs bourses qui sont souvent venues en retard. C'est pourquoi pour éviter ces situations, et dans le souci de soulager l'État, nous avons signé un protocole d'accord cadre avec une banque de la place. Elle préfinance les bourses en attendant que l'Etat approvisionne le compte de l'Infas. Mais, il faut reconnaître que ces dernières années, il n'y a pas eu trop de grèves. Les étudiants ont compris leur part de responsabilité dans la formation qu'ils reçoivent, et aussi, que la bourse est pour les aider à acquérir du matériel de formation et non un salaire.
Après la dernière grève des étudiants, vous auriez menacé de radier les futurs agitateurs.
Pr. Sess: Le terme radiation est inapproprié. Face aux sauts d'humeur des étudiants qui sont allés jusqu'à fermer l'entrée principale du Centre Hospitalier Universitaire de Treichville (Chu), le directeur général de la Santé et moi-même avons rencontré les responsables de l'Association nationale des étudiants de l'Infas, à qui nous avons donné des conseils. Dans un entretien direct et franc, nous leur avons dit qu'ils sont dans un institut d'excellence. Par conséquent, ils ne peuvent pas se permettre de faire des grèves à l'emporte-pièce. Car ce qui est plus important pour eux, c'est leur formation. Le directeur général les a mis en garde qu'ils ne doivent pas continuer de se comporter de la sorte. Je pense que la cause est entendue. Ils gagneront plus à travailler qu'à faire des grèves intempestives qui paralysent le système et le Chu de Treichville. Cependant, ceux qui s'entêtent à aller contre ces recommandations pourront faire éventuellement l'objet de radiation. Ils doivent comprendre que le temps de grèves sauvages est révolu, d'autant plus que nous allons à un système Lmd (Licence Master Doctorat : ndlr) qui les appelle à être plus performants qu'avant. Parce que dans ce système, l'étudiant est au centre de sa formation.
Justement, qu'en est-il du système Lmd ?
Pr. Sess: C'est la Cedeao qui a demandé à l'Organisation ouest africaine de la santé (Oas) d'organiser la mise en place du système Lmd. Ce système consiste à enseigner et à apprendre autrement. Il existe donc des unités d'enseignement, anciennement unités de valeur, qui comprennent tout un ensemble harmonieux d'interactions. C'est un système qui n'admet pas de déchets.
Le système est-il en application ?
Pr. Sess: Nous y allons progressivement pour atteindre sa mise en œuvre complète. Vu que tout système a ses contraintes, ses avantages et ses inconvénients, il fallait, au niveau de la Côte d'Ivoire, examiner un certain nombre d'aspects avant d'y entrer. La première étape consistait à sensibiliser les parties prenantes que sont les enseignants, étudiants, parents d'étudiants et les partenaires a été achevée. La révision et la diffusion des curricula aux différents États également ont été faites. La Côte d'Ivoire a reçu et adopté les siens. Après les curricula pour la licence, nous avons étudié un certain nombre de composantes, notamment tout ce qui concerne les inscriptions en ligne et les partenariats. Il faut relever que l'Agence française de développement (Afd) veut nous accompagner. Elle a promis de construire, dès avril 2014, une antenne Infas à Aboisso, dans le cadre du Contrat de désendettement et de développement (C2d). Elle a également accepté d'équiper l'ensemble des infrastructures de l'Infas y compris la direction, les sous-directions. De même que la réhabilitation des antennes de Bouaké et Korhogo. Il y a d'autres partenaires qui nous apportent leur aide. Nous sommes donc sur la bonne voie et pensons qu'en 2015, par la grâce de Dieu, bien des établissements d'Enseignement supérieur, l'Infas y compris, seront dans le système. Des pays comme le Sénégal, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Bénin s'activent dans ce sens. A l' (...)
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