Édiémou Blin Jacob (Chef des chrétiens célestes de Côte d'Ivoire) : « Simone doit aller pleurer avec Ouattara pour que Dogbo Blé, Séka Séka, Abéhi et Vagba sortent de prison »


Édiémou Blin Jacob est convaincu que Simone Gbagbo peut apporter beaucoup à la réconciliation nationale.
  • Source: linfodrome.com
  • Date: jeu. 13 fév. 2020
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Le Révérend pasteur, chef du diocèse de l'Église du christianisme céleste de Côte d'Ivoire, Édiémou Blin Jacob, dans cette interview, parle de la réconciliation nationale, de la présidentielle prochaine, mais aussi donne de bons points à Alassane Ouattara, le président de la République.

Quelle est votre perception de la réconciliation nationale ? Est-elle une réalité, selon vous ?

En ma qualité de religieux d'une église africaine, le christianisme céleste, je puis vous dire que les hommes bons ne peuvent se réconcilier avec les hommes mauvais. Au ciel, il y a les bons anges et les mauvais anges. Quand il y a eu la guerre, les anges mauvais n'ont plus eu part au ciel. Satan et ses anges ont été dispersés sur la terre. La paix est au ciel. C'est cette paix que Dieu a envoyée à la Côte d'Ivoire. Je dis la réconciliation est faite parce que la Côte d'Ivoire a été réunifiée. J'ai vu la Côte d'Ivoire divisée. J'ai visité les deux parties. Ceux qui ont divisé la Côte d'Ivoire, le Premier ministre Soro a été l'arbitre ; les présidents Gbagbo et Alassane (Ouattara) ont été candidats. Si elle n'était pas réconciliée, cela ne pouvait avoir lieu. Mais puisque nous sommes sur la terre, l'ivraie ne peut pas être la bonne graine. La bonne graine ne peut être l'ivraie. En Côte d'Ivoire, toutes les religions existent et prient librement. Comme l'arc-en-ciel, chacun a sa couleur.

 C'est l'explication d'un point de vue religion. Mais diriez-vous que les différentes communautés vivent aujourd'hui en harmonie ?

Je dis que c'est uniquement au ciel qu'il y a la paix. Les mauvais anges ont fait la rébellion au ciel. Et les bons anges les ont fait venir sur la terre. Sur la terre, les bons anges sont ensemble, les mauvais anges également. On ne parle pas de réconciliation, mais de vivre ensemble. Aucun pays, à l'heure actuelle, ne fait mieux que la Côte d'Ivoire. Le démon est sur la terre ivoirienne, Paul Yao Ndré l'a dit. Dieu est sur la terre ivoirienne, le général français Poncet l'a dit. Le diable et Dieu ne peuvent pas se réconcilier. Nous essayons de chercher le vivre ensemble.

Pourtant, vous dites en off que le président Ouattara a posé des actes concrets dans le sens de la réconciliation. Quels sont ces actes ?

Je voudrais que les gens comprennent que depuis que le président Houphouët a envoyé le président Ouattara pour travailler auprès de lui, tant de jalousie, tant de jalousie. Le président Alassane Ouattara était le gouverneur de la Bceao, on n'entendait pas parler de lui. Il signait sur les billets que nous utilisions. Il était quand même un homme important. Dès que le président Houphouët a demandé à Alassane de venir auprès de lui, les murmures ont commencé.

En 2011, le président Ouattara a mis en place la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) qui était chargée de faire la lumière sur ce qui s'est passé. Surtout pour qu'il y ait la réconciliation. Le président a dit qu'il a donné 16 milliards de FCfa. Il n'a vu que des paperasses, mais pas la réconciliation. Puisque cela n'a pas pu se faire, le président Ouattara a fait l'effort pour mettre en place un autre instrument de la réconciliation : la Conariv ; la Commission nationale de réconciliation et d'indemnisation des victimes.

Pour vous, la Cdvr n'a pas été à la hauteur des attentes ?

 

Pour la Cdvr, il a confié la mission au « Premier ministre des blancs », le gouverneur Banny Charles. Il est membre du Pdci. Si on donne 16 milliards FCfa à n'importe qui, il réconciliera la Côte d'Ivoire. Mais puisque le Premier ministre n'a pas pu, nous mettons cela au compte des aléas du diable. Il a su que c'était le diable qui avait empêché la réussite. Il met deux titans à la Conariv : Boikary et Ahouana, deux grands religieux. Après ces travaux, s'il n'y a pas la réconciliation, est-ce la faute à Ouattara ? Est-ce que Ouattara n'a pas fait son travail de réconciliation ? Si. Craignons Dieu. Soyons un peu reconnaissants envers Ouattara, pour que Dieu nous donne la vraie réconciliation. Parce que pour les chrétiens, la réconciliation est un ministère. Donc le gouvernement doit avoir un ministère de la réconciliation, de façon permanente. Ouattara a fait ce qu'il devrait faire pour la réconciliation. Il n'y est pour rien s'il y a eu échec.

Êtes-vous en train de dire que les responsables de l'échec de la réconciliation sont Charles Konan Banny et Monseigneur Ahouana ?

Non, ce n'est pas ce que je dis. Je dis que le responsable de l'échec, c'est le diable. Yao N'Dré a dit que le diable est là. Si on se rappelle, Dieu sera avec nous. Ce n'est pas le Premier ministre Banny, ni Monseigneur Ahouana qui sont les responsables, mais le diable.

Vous dites souvent, « Nul ne remplace l'expérience ». En Afrique du sud, où il y a eu l'apartheid, il y a eu un modèle de réconciliation qui a marché ; c'est la commission « vérité et réconciliation ». Avouer son crime et être pardonné. Au Rwanda, on a connu les Gachacha, les tribunaux traditionnels, un modèle qui a aussi marché, après le génocide de 1994. En Côte d'Ivoire, il n'y a pas eu de modèle. En dehors du diable, qui est responsable de l'échec ? Le président Ouattara ou ceux qu'il a nommés ? Dans le deuxième cas, n'est-il pas responsable pour avoir nommé des hommes qui n'ont pas été à la hauteur de la mission ?

(Rire). C'est ce qui a fait mon palabre avec le Premier ministre Banny. Quand il formait l'équipe de la Cdvr, j'ai envoyé le pasteur Kaha pour le voir. J'ai demandé quelle réconciliation nous voulons faire. A l'Africaine, comme en Afrique du sud et au Rwanda ? A l'Européenne ? A l'Américaine ? Comme dans nos villages, selon nos coutumes ? Le pasteur Kaha n'est plus revenu pour me donner les nouvelles. On était trop sûrs de nous. Le président a fait son travail. Mais les agents qui devaient faire le leur étaient trop confiants, convaincus qu'ils allaient réussir. Et ils n'ont pas prié. Ils n'ont pas appelé Dieu à leur aide. On a échoué parce qu'on n'avait pas de modèle type de réconciliation. On a divagué. Mais c'est le diable qui nous a distraits.

Vous me direz que le président a amnistié de nombreux prisonniers de la crise post-électorale, a œuvré au retour de nombreux exilés. Mais, l'armée est comme la foi ; on ne raisonne pas ; on exécute. Que font encore en prison Dogbo Blé, Séka Séka, Abéhi, Vagba Faussignau…, 10 ans après la crise ?

Vous voyez, le temps que je mets pour répondre à votre question ? C'est vrai, dans l'armée, on doit d'abord s'exécuter, avant de se plaindre. Mais un bon soldat doit pouvoir dire « le grade ne fait pas l'homme, c'est l'homme qui fait le grade ». Si en ces moments pareils, l'homme n'a pas pu faire le grade, et que c'est le grade qui l'a fait, il purge une peine. Dogbo Blé, Séka Séka et les autres sont en prison, mais Simone (Gbagbo) est libérée. Je t'ai déjà dit, je demande une seule chose au Fpi pour que je prie mon Dieu. Il faut que le Fpi reconnaisse que Ouattara est le président actuel de la République. Gbagbo a été président de 2000 à 2010. Leur patronne est libérée. Que doit-elle faire ? La patronne doit faire l'effort de « pleurer » avec Ouattara pour que ces enfants-là soient libérés. Si la patronne se met encore dans l'opposition, ça fait mal. Il n'est pas encore tard. Nous pouvons tout recomme (...)

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