Quelques jours après la mort de l'ex-colonel-major : Les parents de Wattao parlent, Ce qui est dit sur la thèse de l'empoisonnement


Le défunt colonel-major Issiaka Ouattara dit Wattao et son ami Lanté Tipourté.
  • Source: linfodrome.com
  • Date: mer. 15 janv. 2020
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Le décès, le 6 janvier 2020, du colonel-major Issiaka Ouattara dit Wattao, a causé une onde de choc au sein d'une grande partie de la population ivoirienne. A Doropo, sa ville d'origine, département de Bouna, à environ 670 km de la capitale économique, Abidjan, la disparition de l'ex-chef de guerre a été durement ressentie. L'inter est allée à la rencontre des parents de Wattao, décédé loin de sa terre natale, à New York aux États-Unis d'Amérique.

Doropo, vendredi 10 janvier 2020. Il est un peu plus de 18 heures lorsque nous arrivons dans la ville d'où est originaire, le défunt commandant des unités rattachées à l'État-major général des armées, Issiaka Ouattara dit Wattao. A cette période de la journée, la ville est calme. C'est bientôt la tombée de la nuit. La plupart des habitants ont cessé leurs occupations diurnes et sont rentrés à la maison. Nous nous rendons à l'hôtel, le temps de confirmer nos différents rendez-vous pour le lendemain.

Samedi 11 janvier, 9 heures, une rencontre est prévue avec le deuxième adjoint au maire, Ouattara Jean, maire résidant. C'est un élu affligé mais digne que nous découvrons. « La mort du colonel-major Issiaka Ouattara est une perte énorme tant pour Doropo que pour le Bounkani. C'est une nouvelle très triste. Il était connu aussi bien ici qu'au plan national. C'était un rassembleur, qui savait respecter l'homme », affirme Ouattara Jean.

L'officier de 53 ans a été rendu célèbre pour sa participation à la rébellion de septembre 2002. Ce fut l'un des principaux commandants de zone ou com'zone au même titre que les Chérif Ousmane, Zacharia Koné, Fofié Kouakou ou encore Morou Ouattara. A Bouaké, il dirigeait la compagnie Anaconda et avait gravi les échelons pour devenir chef d'état-major adjoint des Forces nouvelles (ex-rébellion). Une fois la guerre terminée, en 2011, l'armée a été réunifiée. Wattao a occupé plusieurs postes par la suite dont celui de commandant en second de la garde républicaine.

« Il fut une référence pour nous. Il avait beaucoup d'ambitions pour Doropo. Pour ce qu'il faisait, on devait tous l'épauler », explique Ouattara Jean. Selon le maire résident, grâce à Wattao, Doropo a « bénéficié de la route internationale de Bouna à la frontière du Burkina Faso » et du bitumage de certaines artères de la ville. « On espère que l'état va aider Doropo à avancer, se projette Ouattara Jean. Il fut un fils pas comme les autres. Il aimait l'union et le développement ».

La municipalité se prépare pour les obsèques de l'ancien com'zone connu sous de nombreux sobriquets dont sahabélébélé et anaconda. Le deuxième adjoint au maire assure que tout est mis en œuvre pour rendre propres les sites devant accueillir les cérémonies funéraires. « Wattao est mort. Nous demandons à l'État de toujours honorer sa mémoire en faisant en sorte que Doropo soit ce qu'il aurait voulu », plaide Ouattara Jean.

Le maire résident accepte de nous introduire auprès d'un des notables du chef de Doropo, Ouattara Kondossé, le chef étant lui-même en mission à Bouna. « Si on pouvait échanger les personnes qui meurent, je me serais porté volontiers pour mourir à sa place. C'est moi que la mort devait prendre et non lui », dit, attristé Ouattara Kondossé. Le notable nous reçoit, à sa résidence, au bout d'une des nombreuses rues de la ville. Il s'exprime en koulango, la langue locale. Ouattara Jean, le maire résident sert de traducteur. « Wattao était le défenseur de Doropo. Il n'a pas fait grand-chose pour la chefferie, mais son nom suffisait pour notre sécurité », confie le proche collaborateur du chef. Il précise que n'eût été l'ancien commandant en second de la garde républicaine, le conflit inter-communautaire survenu, naguère, à Bouna, aurait été « plus grave ». « A l'annonce de son décès, certains se sont réjouis ici disant que celui qui les défendait est parti, on verra qui va les protéger maintenant. Que veulent-ils dire ? », s'interroge le représentant de la chefferie.

Faiseur de rois. A notre agenda, est prévu un rendez-vous avec Lanta Tipourté. C'est un confident du défunt colonel-major. « Quand il arrivait à Doropo, on se voyait toujours et il aimait que je sois à coté de lui. Je ne lui demandais pas de l'argent. Ensemble, on parlait de projets de développement pour Doropo. Quand il arrive et qu'il ne me voit pas, il me fait appeler. Il avait beaucoup d'égard pour moi. Surtout que sa défunte mère et la mienne étaient des amies d'enfance. Sa mort m'a abattu et j'ai pleuré comme un enfant », relate Lanta Tirpouté. « Wattao a montré qu'il était l'homme qui pouvait aider le président Alassane Ouattara à développer Doropo. Tous ceux qui sont élus ici, c'est par son canal », relève l'ami du défunt ajoutant que l'officier a « aidé des jeunes de la famille à être des fonctionnaires ». « A sa dernière visite auprès de son père (souffrant, ndlr) dans le courant d'octobre 2019, nous avons échangé. Il m'a dit de ne pas être pressé et que mon tour viendra. Il fera tout pour que je sois un élu de Doropo. C'étaient nos dernières paroles. Il était un homme dynamique, dévoué à la cause de Doropo », affirme encore Lanta Tipourté. A l'instar du représentant de la chefferie, il soutient que Wattao était un « défenseur » pour sa communauté. « Doropo a tout perdu. Il était notre défenseur », assure notre interlocuteur.

Interrogé sur la rumeur d'un possible empoisonnement du défunt, Lanta Tirpourté a répondu : « je ne partage pas du tout la thèse de son empoisonnement. Mais si c'est un empoisonnement, c'est son destin. Beaucoup de personnes ont été victimes d'empoisonnement mais elles ne sont pas mortes. Il (Wattao) a même eu un accident dans lequel son garde a tiré sur lui à bout portant, mais il a survécu. Qu'on arrête le problème d'empoisonnement pour la mort de mon ami ».

A la résidence du père de Wattao, l'occasion nous est donnée d'échanger avec un parent direct du colonel-major. Il s'agit de son frère cadet. L'homme s'est refusé à donner son nom. Il était entouré de parents et amis. « Ouattara Issiaka est mon frère. Il est mort », énonce, larmoyant, notre hôte. « Quand il est tombé malade et que nous avons vu qu'on ne pouvait pas le soigner ici, le président Alassane l'a envoyé au Maroc pour le soigner. Du Maroc, il l'a encore envoyé en Amérique. Nous disons merci au président Alassane Ouattara pour tout ce qu'il a fait pour nous. L'armée veut transporter le corps jusqu'ici pour son enterrement. Nous disons infiniment merci pour cela », exprime le frère cadet de Wattao. Il indique que son aîné s'est toujours occupé de leur père malade. « Hélas, notre père qui a toujours voulu que son fils l'enterre, c'est lui qui est en train de pleurer son fils aujourd'hui. Que Dieu bénisse les militaires ! A tous ses éléments, nous disons que c'est Dieu qui a repris Wattao », fait savoir, un air religieux, le frère cadet.

Sib Dongui, voisin de classe de Wattao à l'école pri (...)

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