Interview / Situation socio-politique: Gaston Ouassenan Koné (vice-Président du Pdci-Rda) : « Il n'y a pas un parti qui reste éternellement au pouvoir »


Le haut patron de la cérémonie du 4 mai appelle la jeunesse à aller « écouter, apprendre, au besoin, formuler des suggestions ».
  • Source: linfodrome.com
  • Date: sam. 27 avr. 2019
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Dans cette interview, Gaston Ouassenan Koné aborde plusieurs questions. Le collaborateur de Henri Konan Bédié milite pour une entente entre les trois grands sans toutefois se renier en tant que Pdci-Rda.

Vous accordez votre patronage à la cérémonie du « Réseau des cadres Pdci, notre héritage » qui aura lieu le 4 mai prochain à Sofitel hôtel Ivoire, cérémonie dédiée à la fraternité et à la paix. Pour vous, est-ce que c'est encore d'actualité de parler de paix et de fraternité en Côte d'Ivoire ?

Naturellement. Comme vous le savez, aucun pays ne peut avancer s'il n'y a pas la paix à l'intérieur. Et cette paix à l'intérieur du pays, est conditionnée par deux choses. La première, c'est d'abord l'entente entre les fils de ce pays et ensuite l'entente avec les pays voisins. Parce que si vous ne vous entendez pas à l'intérieur du pays, vous avez souvent des guerres intestines qu'on appelle en général des espèces de guérilla entre les fils du pays. Et ensuite vous avez nos rapports avec les pays voisins. Prenez un pays comme le Lesotho, est-ce que vous pensez que nous pouvons rentrer en guerre contre le Lesotho ? Il est trop loin et quels sont les intérêts communs que nous avons qui peuvent nous emmener à entrer en conflit. Il n'y en a pas. Par contre, nous devons entretenir de bons rapports avec nos cinq voisins. A savoir : le Ghana, le Burkina Faso, le Mali, la Guinée et le Liberia. On doit toujours entretenir de bons rapports avec les pays voisins. Sinon, c'est de là que peut venir une guerre entre États. Alors, pour nous, la paix, elle est indispensable et vous savez que le père fondateur de la Côte d'Ivoire, le président Félix Houphouët-Boigny n'avait cesse de nous répéter : « faites tout pour vous entendre après moi. Entendez-vous ! Pendant que je suis là, entendez-vous ! Au besoin, entendez-vous contre moi mais entendez-vous. » C'est ce qu'il nous disait. Donc pour nous, la paix est indispensable pour que notre pays aille de l'avant.

Pensez-vous que cette entente chère au président Houphouët-Boigny existe toujours entre les Ivoiriens ?

Malheureusement, nous sommes des êtres humains. Et il n'y a que Dieu qui ne se trompe pas. Il n'y a que Dieu qui soit omnipotent, qui peut nous imposer en quelque sorte sa loi. Mais l'être humain très souvent veut se comparer au bon Dieu. Il ne le dit peut-être pas toujours. Mais parfois, des attitudes peuvent prêter à confusion. Des attitudes peuvent montrer qu'il veut dominer à tout prix. Et dès qu'on a l'esprit de domination, il y a problème. Dans une famille lorsqu'entre les frères, l'un a tendance à vouloir dominer les autres, vous savez ce qui se passe. Dans un couple, quand il y a une entente cordiale, quand il y a l'esprit de concertation entre les conjoints, tout se passe bien. Mais lorsqu'il y a un qui veut imposer sa volonté, alors, il y a problème. Chez nous, comme dans tous les pays du monde, il y a ce problème. Dès que vous avez choisi la démocratie à savoir, plusieurs partis politiques, naturellement chaque parti a le même objectif que les autres, prendre le pouvoir. Et il le prend au détriment des autres partis. Le résultat, c'est qu'on arrive à cette situation où malheureusement, l'entente devient difficile.

Est-ce que vous pensez que cette absence d'entente entre le président Bédié et son jeune frère Alassane Ouattara peut être source de menace sur la paix ?

Naturellement toute mésentente dans n'importe quelle organisation qu'elle soit étatique, familiale, syndicale et autre, toute mésentente, peut entraîner des situations difficiles. Cela est aussi valable au niveau de nos deux grands responsables. Donc, il est important que nous œuvrions tous à ce qu'il y ait l'entente entre eux.

Mais les positions semblent tranchées. Est-ce que pour vous, il y a encore une lueur d'espoir ?

Il y a toujours une lueur d'espoir dans la vie. On ne peut pas rester en situation d'antagonisme éternellement. C'est à nous leurs collaborateurs, leurs proches, de mener des actions discrètes qui permettent que la paix revienne et qu'il y ait l'entente entre eux pour que nous puissions aller de l'avant. Parce que si les deux ne s'entendent pas, bientôt et nous le souhaitons vivement, on aura un autre grand leader qui va arriver. Il s'agit de Laurent Gbagbo. Vous vous rendez compte si les trois leaders que sont Ouattara, Bédié et Gbagbo ne s'entendent pas, que va devenir la Côte d'Ivoire ? Donc, il faut qu'il y ait l'entente entre les trois. Je vais vous donner un exemple. On peut ne pas être du même parti mais pouvoir travailler dans l'intérêt du pays. Vous avez un grand homme politique qui nous a donné cet exemple. C'est l'ancien Premier ministre français Michel Debré. Il a deux fils qui font la politique. Il a mis l'un dans les partis de gauche et l'autre dans les partis de droite. Bernard qui a fait d'ailleurs ses études ici, Michel Debré l'avait mis avec Mitterrand de la gauche. Et lorsque Mitterrand a été président de la République française, il l'a pris comme son ministre des Affaires étrangères. L'autre frère, Jean-Louis Debré qu'il avait mis avec Chirac de la droite a été ministre de l'Intérieur quand Chirac est arrivé au pouvoir. C'est cette attitude qui doit nous guider en politique. Nous avons cet exemple un peu chez nous. Le père Amon Tanoh Lambert est Pdci. Il siège dans les organes de décisions du Pdci. Son fils, Amon Tanoh Marcel, est au Rdr. Est-ce que cette situation a changé quelque chose dans leurs rapports ? Est-ce que pour ça le père et le fils ne se parlent pas ? Nous devons donc prendre ces deux exemples en considération et faire en sorte que véritablement notre pays soit un pays de paix. Tant que le président Houphouët-Boigny était là avec sa philosophie de paix, vous avez vu comment notre pays a évolué, a avancé et s'est développé parce que tous avions en tête le développement de la Côte d'Ivoire. Malheureusement après lui, vous connaissez la situation qui a suivi. Et cela a contribué à retarder la Côte d'Ivoire. Si nous voulons que notre cher pays avance, nous devons faire en sorte que la paix règne chez nous.

Votre parti, le Pdci-Rda, fait face à un problème d'existence. Est-ce que cette situation n'est pas un handicap au retour de la paix ?

Non, nous sommes en politique. Et en politique, suivant notre mentalité, notre éducation, notre caractère, nous n'avons pas les mêmes attitudes en face de l'adversaire. C'est cela qui peut poser véritablement problème chez nous. Vous avez parlé du problème d'existence. Oui, c'est un vrai problème. Nous avons une de nos sœurs qui est sénatrice. Il s'agit de Mme Sogona Bamba. Ce qu'elle a dit dans vos journaux, c'est une réalité. Aujourd'hui, tel parti est au pouvoir, demain c'est tel autre. Il n'y a pas un parti qui reste éternellement au pouvoir. Quand on est au pouvoir, on doit penser que demain, on ne sera plus au pouvoir et agir en tenant compte de cette réalité de demain.

Votre parti compte en 2020 reconquérir le pouvoir. Est-ce qu'il est sur la bonne marche pour relever ce défi ?

Nous le pensons. Mais la politique, c'est un peu comme dans l'armée. On mène un combat.  Vous avez certaines stratégies dont vous ne pouvez pas parler. Si vous le faites, votre adversaire va prendre en compte vos plans et agir. Donc nous, nous estimons que les choses se passent bien. Vous avez entendu nos frères du Rhdp unifié dire que tout est calé, tout est bouclé. Mais ils ne vous ont pas dit comment tout est calé et bouclé. Il y a aussi la guerre psychologique qui consiste à désarçonner l'ennemi avant le combat. Tout cela fait partie de la vie des êtres humains. Au Pdci, il y a des personnes qui réfléchissent à notre avenir. Donc le moment venu, vous saurez la stratégie mise en place.

Que dites-vous des personnes qui travaillent à affaiblir votre parti ?

C'est de bonne guerre. Ce n'est pas la première fois que cela arrive dans le monde. Vous avez deux sortes de militants. Vous avez les militants de conviction. Ils ont une certaine conviction qu'ils défendent  et restent quelles que soient les circonstances. A côté, vous avez les militants d'intérêt appelés les militants de la "mangercratie" qui pensent d'abord, à leur intérêt personnel au détriment de l'intérêt général. Si l'intérêt d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier, on les voit changer de camp et aller où on peut satisfaire l'intérêt d'aujourd'hui. Mais souvent ils oublient que l'intérêt d'aujourd'hui n'est pas forcément celui de demain. Et quand demain arrive, on les voit aussi changer de camp. De vrais essuie-glace.

Est-ce que, d'une certaine façon, le départ massif de cadres Pdci, souvent des poids lourds dans leurs régions respectives, vers le Rhdp unifié, ne constitue pas un handicap dans la reconquête du pouvoir ?

Bien sûr que si. Tout départ de cadres pose, je ne dirai pas un grand, mais un problème quand même. De toute façon, dans les différentes régions, vous avez aussi des militants convaincus. Avez-vous déjà vu un cadre qui fasse l'unanimité de tous les ressortissants de sa région ? Non ! Cela veut dire que certains iront avec une frange de la population mais les militants convaincus resteront et c'est sur eux que nous pourrons compter.

Pensez-vous que nous allons inéluctablement vers une recomposition de la classe politique, ou bien, est-il possible de revenir à la configuration d'avant avec notamment un Rhdp version 2005 ?

Il y a une recomposition continuelle de la classe politique. Il n'y a rien de figé. Aujourd'hui, certains sont allés dans un camp précis, mais demain, lorsque la situation va changer, vous les verrez revenir. C'est cela, malheureusement, l'être humain. A un moment donné, avec l'emprisonnement du président Gbagbo, on se croyait deux, le Fpi étant un peu en sommeil. Mais à présent que son fondateur est sorti de prison, il va de soi, qu'à un moment, il y aura, de ce côté, des actions qui seront menées de sorte que ce ne sera plus deux camps qui se feront face. On risque de se retrouver avec trois camps. Parce que même si nous essayons de mettre une plateforme en place, elle peut réussir. Mais au moment des élections, chacun voudra que le candidat soit de son bord. Donc, nous risquons d'avoir pratiquement la même configuration qu'en 2010, où nous sommes allés aux élections présidentielles avec plusieurs candidatures au premier tour. C'est seulement au second tour qu'il y a eu un appel du président Bédié en faveur de son jeune frère. Je pense que nous risquons d'aboutir à pareil cas de figure dans les années à venir.

De façon concrète, vous voulez dire qu'il n'est pas exclu que nous ayons une situation similaire à celle de 2010, avec les présidents Bédié, Gbagbo et Ouattara en course au premier tour ?

Il ne faut pas personnaliser le problème. Je vou (...)

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