Quatre ans après son transfèrement à la CPI, Blé Goudé livre des secrets et accuse : « Ma femme a été brutalisée et battue par les éléments policiers du CCDO conduits par le commissaire Youssouf Kouyaté aujourd'hui DG de la police »

  • Source: linfodrome.com
  • Date: mer. 21 mars 2018
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A la Cour pénale internationale (Cpi) depuis 2014, Charles Blé Goudé a, dans une déclaration dont nous avons pris connaissance, rappelé les conditions dans lesquelles il a été transféré à la Haye et sa situation actuelle.

21 mars 2014 – 21 mars 2018 : il y a aujourd'hui 4 ans que le gouvernement de mon pays m'a remis à la Cpi.

C'était le 21 mars de 2014 aux environs de 10h. C'est sous escorte d'éléments Frci agités et de policiers du Ccdo que je suis arrivé au palais de justice, au Plateau.

La politique était en notre compagnie dans cette salle du palais de justice pour orienter le droit.

Pauvre Côte d'Ivoire !

L'audience était interdite au public. Pourtant, j'ai eu droit à un public particulier composé uniquement de policiers et de soldats Frci qui avaient rempli la salle d'audience.

Ce jour là, comme toute femme digne de ce nom, ma femme, venue m'apporter son soutien et aussi me donner les nouvelles des enfants que je n'avais plus revus depuis longtemps, n'a pas été autorisée à assister à l'audience. Bien au contraire, Solange a été brutalisée et battue par les éléments policiers du Ccdo conduits par le commissaire Youssouf Kouyaté aujourd'hui Dg de la police.

En ce jour anniversaire de mes 4 ans d'enfermement à La Haye, je traduis ici toute ma reconnaissance à Solange !

Cette gratitude s'étend aux camarades Koua Justin, Martial Yavo et Maman Angéline Kili qui, ce jour, étaient aux côtés de Solange.

La chambre d'accusation, s'est réunie à la va-vite. La présidente de la Chambre d'Accusation m'invite à la barre. Elle procède à la lecture des charges retenues contre moi et pour lesquelles mon pays a accédé à la requête de la CPI. Vient ensuite le tour des plaidoiries de la défense. Se succèdent à la barre Maîtres N'Dry Claver, Gouaméné, Dadjé, Bohi Bi, Nomel et Bobré.

Quant à maître Gbougnon, c'est en pleurs qu'il a plaidé. A chaque phrase qu'il prononçait, il n'arrivait pas à contenir ses larmes. En effet, la plupart de mes avocats et moi, nous étions des compagnons de galère et des voisins de la résidence universitaire de Yopougon quand nous étions encore étudiants. Aucun d'entre eux n'ignorait la ligne politique que j'avais choisie. Ils vivaient donc comme une injustice ce nouvel épisode de ma vie politique.

Pour ma part, je savais que tout ce cirque était une mise en scène pour donner un vernis à ce «gourdin judiciaire» que le régime Ouattara a pris l'habitude d'utiliser contre ses adversaires politique gênants.

Après les plaidoiries de ma défense, la présidente de la Chambre m'a posé une question des plus surprenantes : « Monsieur Blé Goudé, où désirez-vous être jugé ? En Côte d'Ivoire ou à La Haye

Voici la réponse que j'ai donnée au juge, à faire rire même la soldatesque présente dans la salle d'audience.

« Madame la présidente, c'est la 9ème fois que je fais la prison politique. Mais, c'est la première fois que je suis face à une juge qui demande à un prévenu de choisir son lieu de jugement. Madame, je me suis toujours battu pour le respect des institutions de mon pays. Je ne me renierai pas. Ici, ni mon souhait ni même le vôtre ne compte ; tous ici, nous devons nous soumettre à la loi. Vous, votre rôle est de l'appliquer. Si maintenant la loi de mon pays vous autorise à me transférer à La Haye, vous savez donc ce qu'il vous reste à faire Madame. Sinon, si vous demandez à n'importe quel prisonnier, il vous dira que son souhait est de rentrer à la maison.»

Sur ces propos, la Chambre s'est retirée puis les juges qui la composent sont revenus dans la salle pour réciter leur dictée préparée : « Monsieur Blé Goudé, la Chambre autorise votre transfèrement à La Cour Pénale Internationale. Avez-vous quelque chose à déclarer ? »

J'ai juste pris la parole pour dire : « Madame la Présidente, je voudrais juste savoir à quelle heure est prévue le décollage de l'avion. Je n'ai plus rien à ajouter, je vous remercie. »

Ainsi la Chambre et le public n'ont pas eu droit aux larmes de Charles Blé Goudé, simplement parce qu'ils ne le méritaient pas. C'est le lendemain déjà, à bord d'un avion belge, que j'ai été transféré à La Haye où je suis arrivé à 2h du matin. Depuis j'y suis enfermé aux côtés du Président Laurent Gbagbo.

Au lieu d'un soutien dans la douleur, c'est plutôt un ballet d'injures et d'accusations organisé, orienté et coordonné contre ma personne. Pendant 4 ans mes oreilles ont été remplies d'assertions aussi farfelues les unes que les autres. Sur ma sortie d'Abidjan en 2011, mon arrestation au Ghan (...)

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