Politique nationale, brouille au sommet de l'Etat / Méité Sindou (proche de Soro) cogne le régime Ouattara : « Des officines préparent des accusations d'auto-coup d'Etat »

  • Source: linfodrome.com
  • Date: mar. 26 sept. 2017
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Dans un entretien accordé au confrère Nord – Sud quotidien, l'ex-Secrétaire national à la Bonne gouvernance déchu, Méité Sindou, un proche de Guillaume Soro, parle sans faux-fuyant, de la crise au sommet de l'Etat, notamment des relations tumultueuses entre le président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro et le président de la République, Alassane Ouattara. Ci-dessous, cet entretien que vous livre L'inter.

Vous êtes un proche collaborateur et compagnon de lutte de Guillaume Soro, l'actuel Président de l'Assemblée Nationale, issu du Rdr. Comment expliquez-vous son absence au dernier congrès de son parti ?

Le Président Guillaume Soro l'a lui-même expliqué dans son communiqué publié le 8 septembre 2017, à la veille du Congrès du Rdr. Il a tout simplement constaté que les organisateurs de ce congrès ne l'ont associé ni en amont, ni en aval de sa réalisation. La direction du Rdr, malgré ses proclamations publiques,  a tout mis en œuvre  pour que Guillaume Soro ne participe pas à ce congrès. C'était le vœu et le dessein profonds de la direction sortante du parti. Et elle y a bien réussi ! Quand vous êtes le Président de l'Assemblée nationale issu d'un parti, l'ancien Premier ministre et ministre de la Défense du régime Rdr, l'ancien Premier ministre du cadre de transition politique et militaire issu de l'Accord Politique de Ouagadougou sous le président Laurent Gbagbo, le Secrétaire général des Forces nouvelles dont le soutien politique et logistique a aidé le Rhdp à s'installer au pouvoir, que vous êtes convié au congrès de votre parti comme un invité ordinaire , presque comme un quidam, et qui plus est, à la dernière minute, cela frise sinon l'inconséquence politique, l'inculture et l'amateurisme politiques à tout le moins un certain mépris. 

De plus, le déroulement de ce congrès ne laissait pas augurer de vrais débats de fond , notamment sur les desiderata formulés par les militants à l'occasion des pré-congrès éclatés, pour aboutir à des résolutions fortes en faveur d'un Rdr profondément réformé, démocratique et rassemblé. 

Pour nous, l'absence de Guillaume Soro consistait à marquer un désaccord de principe et de fond avec la démarche de l'ancienne direction. C'est aussi une exhortation à la nouvelle direction pour rectifier la trajectoire. 

Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, par ailleurs nouveau premier vice-président du Rdr sur décision du Président Alassane Ouattara, a donné avant-hier une interview à la BBC à Londres. Dans cette interview, il conteste la version de Guillaume Soro et affirme que celui-ci a délibérément refusé de participer aux travaux de ce Congrès. Que lui répondez-vous?

Quatre choses: 

Premièrement, je ne réponds pas au Premier ministre de Côte d'Ivoire, en mission de travail à l'extérieur pour le compte de la République. Mais Je m'étonne que le vice-président du Rdr, fut-il le Premier vice-président, soit la toute première personnalité du parti à monter au créneau, fraîchement après un congrès qui a vu l'avènement d'une nouvelle présidente exécutive, la très respectée Mme Henriette Dagri Diabaté en l'occurrence, sur des questions aussi importantes pour la vitalité et la cohésion du parti. Cela montre qu'il y a encore du chemin pour construire une vraie culture politique et démocratique au sein du parti. 

Deuxièmement, ces propos du Premier ministre, à l'occasion d'une mission officielle affichent une certaine cacophonie au sommet de l'exécutif de notre pays. Je m'explique : arrivant à New York récemment, le président de la République a refusé de répondre à une question de journaliste sur la non participation de Guillaume Soro au congrès du Rdr en énonçant un principe diplomatique autrefois cher au président Houphouët-Boigny : « Les hautes autorités officielles de Côte d'Ivoire discutent  pas de politique intérieure à l'étranger. » Moins d'un jour plus tard, c'est le Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire qui foule du pied cette coutume présidentielle ivoirienne en exposant des jugements de valeur sur le président de l'Assemblée nationale de la République de Côte d'Ivoire à l'étranger. Faute grave du Premier ministre ? Jeu de rôles au sommet de l'état ? En tout état de cause, Cette séquence est dramatique  pour l'image de notre pays. 

Troisièmement, le Premier ministre et vice-président du Rdr discrédite son propre argumentaire: il confirme par ses explications ce qu'il voulait contester. Amadou Gon Coulibaly concède que Guillaume Soro a été invité seulement deux jours avant l'ouverture du Congrès. Il avoue donc ainsi que Guillaume Soro n'a pas été associé à sa préparation. Autrement, s'il avait été régulièrement associé, point ne serait besoin de lui adresser une invitation  pour son propre congrès. De plus, Amadou Gon Coulibaly contredit l'ancien Sg intérimaire du Rdr, Amadou Soumahoro qui, lui, a concocté  à la dernière minute un courrier antidaté d'invitation de Guillaume Soro du 15 août 2017. Le 15 août, ce ne serait donc pas 48 heures avant le congrès comme le soutient Amadou Gon Coulibaly. La vérité est toute simple: le courrier d'invitation de Guillaume Soro n'a été fabriqué et délivré que le 4 septembre 2017. Et le service courrier du Parlement  l'a enregistré le 4 septembre 2017. Voilà tout. 

Pour finir, un conseil Politique du parti a été convoqué autour du chef de l'Etat, le vendredi 8 septembre 2017, la veille, à près d'une demi-journée de l'ouverture officielle du troisième congrès. Pour informer tout le monde, Guillaume Soro y compris, des décisions arrêtées par le chef de l'État et mentor du Parti. Car tout le monde le comprend bien : au Rdr, Alassane Ouattara décide et tout le monde est supposé exécuter. Sans observation, sans argumentaire et sans débat à fortiori contradictoire. Tout le monde comprend bien également que cette manière de faire la politique n'est pas inscrite dans l'Adn des Soroistes que nous sommes. 

Et cela n'est pas davantage inscrit ni dans l'éducation politique, ni dans le tempérament politique de Guillaume Soro

Vous aviez une quatrième  observation…

C'est exact. A la demande du président Ouattara, la haute direction du Rdr, avant, pendant et après le congrès et encore le 17 avril à Daoukro devant le président Bédié, la haute direction a entonné le couplet de l'union, de la réconciliation, du rassemblement et de l'inclusion de l'ensemble des forces vives du pays. Soit ! Mais avant de prôner le rassemblement au sein du Rhdp et au sein de la nation, Il faut être trivialement capable de rassembler au sein de sa propre famille. A défaut, le discours du Rdr et de ses leaders à haut niveau manquera fatalement de crédibilité. Et le Rdr restera un parti paralysé, un parti en déclin, à court d'idées et d'espérance pour ce pays. 

N'êtes-vous pas un peu trop dur, un peu trop sévère dans votre analyse de la situation ?

Sévère ? Dur ? Retournez cette question aux militants du Rdr. Retournez-la également aux cadres du Rdr issus des Forces nouvelles. Il s'agit de tous ces destins qui ont payé le prix fort, souvent le prix du sang; et dont les familles sont sacrifiées sur l'autel du cynisme du pouvoir. Il s'agit de ceux là, limogés à tour de bras depuis l'arrivée du Rdr au pouvoir. L'épuration politique de toutes les têtes qui dépassent, des cadres des Forces nouvelles sous le régime du Rdr est particulièrement  violente. De près de 8 ministres au gouvernement en 2007, les Fn sont passées à 0 en 2017, avec une accélération de leur mise à l'écart depuis le départ de Guillaume Soro de la Primature en 2012. Après, il faudra faire la comptabilité au niveau des grandes structures publiques, les plus emblématiques étant le limogeage pour délit de Soroisme de Issiaka Fofana de la Lonaci et de Konaté Zié du Conseil café cacao

Une situation totalement ubuesque ! Voyez vous, le président Ouattara rappelait récemment à la tribune de la clôture du troisième congrès du Rdr qu'il fallait regarder dans le rétroviseur pour voir d'où nous venons. Entièrement d'accord avec le chef de l'Etat: nous venons, croyons nous,  de vaincre des années de pouvoir autocratique, avec des abus de droit et de pouvoir, une instrumentalisation constante des institutions de la République à des fins politiques. Cela s'est traduit par des répressions violentes pour délit de faciès, de patronyme, d'opinion, d'appartenance au Rdr et de soutien au Président Ouattara. Ironie du sort, c'est sous le régime du président Ouattara, censé consolider un enracinement démocratique que s'observent toutes ces dérives autocratiques. C'est une histoire que nous n'acceptons pas. 

Comment entrevoyez-vous la sortie de crise au Rdr?

Je pense que le président Guillaume Soro a laissé la porte ouverte à l'esprit d'union. S'il est écouté, ce sera tant mieux pour le Rdr.

Et si le Rdr persiste à marginaliser Guillaume Soro, que fera- il ?

Engagé pour le pardon et la réconciliation des Ivoiriens, Guillaume Soro poursuivra son pèlerinage de paix auprès du peuple. C'est une perception qui peut vous paraître messianique et un peu générale. Mais c'est notre conviction profonde. Pour nous, seul compte en définitive le peuple de Côte d'Ivoire. N'oubliez pas que la très grande majorité des Ivoiriens n'appartient à aucun parti politique. Le Rdr à lui seul, tout parti de gouvernement qu'il est, ne représente pas toute la Côte d'Ivoire. L'essentiel est d&r (...)

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