Sur la route qui mène à 2020, Guillaume Soro avance à pas feutrés, précautionneux. Sa communication est soigneusement tenue, filtrée.
Le député de Ferké s'est entouré d'experts qui font la veille sur les réseaux sociaux, prêts à commenter la moindre actualité, à répondre au premier pourfendeur, et défendre, sans réserve, le « patron ». Soro lui-même est grand artisan de sa communication. Ses messages hebdomadaires aux communautés musulmane et chrétienne via facebook, ses tweets fréquents, parfaitement ciblés, participent d'un axe de communication bien pensée. Rien n'est laissé au hasard. Lorsqu'il y a une décade, survient le couac avec Jeune Afrique- et cet édito qui le descend en flammes- ses partisans ont les nerfs en pelote. Ils voient derrière les écrits du journaliste, la main de l'ennemi. Sidiki Konaté, l'un des lieutenants du président de l'Assemblée nationale, souhaite qu'une plainte soit portée contre Marwane Ben Yamed, auteur de l'édito accablant.
Mais Guillaume Soro revendique une hauteur présidentielle. Sur twitter, il appelle ses partisans à ne pas « se détourner du cap », et à oser « le pardon et la réconciliation ». Pardon et réconciliation sont désormais les valeurs défendues par Guillaume Soro et ses supporters. Un groupe s'est même constitué à l'Assemblée nationale porté par le ''Soroiste'' de première heure, Alain Lobognon. Le groupe se nomme « Alliance du 3 avril ». L'appellation, bien sûr, n'est pas fortuite : c'est le 3 avril 2017, à l'occasion de la rentrée parlementaire, que Guillaume Soro a lancé son appel au « pardon et à la réconciliation nationale entre tous les Ivoiriens ». Alain Lobognon a expliqué que « pour l'heure », ses collègues et lui, n'en étaient pas à créer un parti politique. La précision n'était pas anecdotique. Les propos allusifs des pro-Guillaume Soro, et l'appel clair à se lancer dans la course pour 2020 émanant de Mamadou Kanigui Soro, ont nourri, au fil des semaines, l'idée d'un processus de « Macronisation » en cours. L'ancien leader estudiantin voudrait-il créer son mouvement à l'image d' « En Marche » qui a propulsé l'ex-ministre de François Hollande à l’Élysée ?
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Les contextes ivoirien et français sont sensiblement différents. Autant que les parcours des acteurs. On sent pourtant la tentation de s'affranchir forte. Mardi 13 juin, L'inter reprenait, dans ses colonnes, une publication sur facebook, de Sidiki Konaté. C'est l'un de ces courts messages, sans réel développement, mais dont l'interprétation pourrait être évidente : « quand la confiance n'y est plus, alors il faut savoir se quitter. Il faut avoir le courage de se quitter. Afin d'éviter l'enlisement et la chienlit. Dieu est le Seul Maître de nos destins. En Dieu Seul nous croyons ». Pourquoi Guillaume Soro ne franchit-il pas le cap maintenant ? « Se déterminer tout de suite, ce serait couper avec le Rdr, le Rhdp, ce serait rompre avec les présidents Bédié et Ouattara. Dans le contexte présent, une telle décision ne comporterait pas que des avantages », analyse un membre de la coalition présidentielle. Le Pan vivrait-il un dilemme ? « Je crois que oui. Il est dans un embarras. S'il se lance, sans tarder, dans la course, il donnerait plus de lisibilité à son action, et pourrait prendre une certaine avance sur ses potentiels adversaires. Mais en même temps, il se dévoile, et se rend plus fragile », conçoit la source.
Si ses ambitions présidentialistes ne (...)
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