Politique

Présidentielle 2015 : La position de Gbagbo et de Blé Goudé sur les élections - Les confidences d'un visiteur venu de la Haye

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(Photo d'archives)

Victime le 3 juillet dernier, de la dissolution du cabinet du président du Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples (Cojep), Raymond Zapaud Krasso est depuis le vendredi 14 août dernier à Abidjan pour s'engager aux côtés du président du Fpi, Pascal Affi N'guessan, candidat aux élections présidentielles.

Depuis ce voyage qu’il considère comme la fin d’un exil, Zap Krasso (comme il est communément appelé ), connu en France et en Europe comme l'un des plus fidèles compagnons de Charles Blé Goudé, nous a accordé cet entretien dans lequel il aborde toutes les questions relatives à l’actualité politique nationale. 

  

M. Zap Krasso, les Ivoiriens en entendent beaucoup parler, notament ceux abonnés aux réseaux sociaux. Qui est Zap Krasso?  

Je suis Raymond Zapaud Krasso. Je suis natif de Gagnoa. Je vis en France depuis plus de 20 ans. J’ai été animateur de variétés en France et parallèlement pigiste et correspondant de presse de plusieurs organes, et directeur de publication du journal ''ivoire info'', un journal communautaire en France. Aujourd’hui, je gère mes propres affaires. Mon cursus politique va de la bonne grâce du célèbre journaliste et politologue ivoirien, Bernard Doza. C’est lui qui, de mes années collège, m’a initié aux vicissitudes de la politique et au goût des médias. C’est un peu plus tard, précisément en 2003, que Charles Blé Goudé m’a investi des lourdes charges pour diriger son mouvement politique en France. Après plus d’une décennie de franche collaboration, je peux juger ma mission globalement positive.

  

Pourtant, il semblerait que le torchon brûle entre vous et Blé Goudé, au point où il vous a débarqué de votre fonction de responsable de Cojep en France, et de votre  poste de son chef de cabinet adjoint. Qu'en est-il?

Dans le cadre du réaménagement technique au sein du Cojep, le camarade président Charles Blé Goudé m’a proposé d’entrer dans son cabinet comme chef de cabinet adjoint. Il faut rappeler que j’occupais, jusque-là, le poste de représentant du Cojep en France depuis 2003. C’est à la suite de cette nomination que tout s’est emballé. Deux jours après cette nouvelle nomination, il a dissout son cabinet. Je n’en sais pas les raisons fondamentales. Je l’ai appris, comme tout le monde, par les journaux. Certains sont rentrés dans une polémique pour parler avec beaucoup de fantaisie, de limogeage d’un « homme ambitieux » et devenu gênant. Ce qui est faux. Ils s’en sont donné à cœur joie sur les réseaux sociaux, où j’ai été littéralement lynché. D’autres ont manifesté leur incompréhension et leur révolte. Ils ont trouvé injuste ce qu’ils appellent un limogeage gratuit au regard de l’immense travail abattu au niveau du Cojep France depuis plus de 10 ans. Tout compte fait, ce n’est que le bureau national qui a été reconstitué, mais son cabinet reste à venir. Et, rien n’indique que je ne serais pas dans ce prochain cabinet. Donc, on ne peut pas valablement parler de limogeage. Par ailleurs, j’ai, depuis ce temps, pris acte sans animosité, de la décision de Charles Blé Goudé. Autrement, je n’ai honnêtement rien à reprocher à Blé Goudé pour cette décision, et je pense qu’il en est de même pour lui. Le torchon ne brûle donc pas entre Blé Goudé et moi.

 

Pour vous qui semblez être très en contact avec Blé Goudé, quelle lecture fait il en ce moment de l'actualité nationale, depuis sa cellule de la Cpi?

Je suis un grand témoin de la vie des pensionnaires de la prison de Scheveningen à La Haye. Et plus particulièrement de celle de Charles Blé Goudé, que j’ai visité à plusieurs reprises. Nous avons eu de longs entretiens fructueux, à chaque fois. Le président Laurent Gbagbo et lui sont très attentifs de ce qui se passe à l’extérieur. Pour preuve, ils ont souhaité une grande force alternative avec ses chances de remporter les élections présidentielles à venir. Charles Blé Goudé a exprimé aussi, plusieurs fois, sa vision sur la conduite de la résistance. Il a toujours salué le dévouement des patriotes ivoiriens et panafricains. Conseillant dans ce sens qu’on ait un ton modérateur dans nos discours. Il m’a dit un jour : «Zap, on dit que tu insultes beaucoup Sarkozy et Ouattara. Ce n’est pas comme ça. Sors de l’émotion et revendique par des mots justes et de vérité. Tu seras beaucoup plus écouté et bien perçu par ceux à qui tu t’adresses». Au sujet de sa condition carcérale, Charles Blé Goudé reste confiant, tout en mesurant l’immensité de la tâche qui mènera à sa libération. Il a toujours dit à tous ses interlocuteurs qu’il fait sa part de travail avec ses avocats. A nous de l’accompagner en faisant notre part.

  

Personnellement, quelle est votre position sur ces sujets portant sur la tenue de la présidentielle du 25 octobre 2015, l'éligibilité du président Alassane Ouattara, la création de la Cnc et les chances de l'opposition ?

La Cncdonnait en tout cas de l’assurance, car il y avait des hommes de valeur. Mamadou Koulibaly, qui est un homme de combat idéologique, est refroidi, car on lui manquait de respect. Essy Amara aurait pu constituer une valeur ajoutée, une caution morale du fait de son aura et de son expérience. Il est écarté. Kouadio Konan Bertin avait aussi ses chances de conduire valablement cette coalition à la victoire avec sa pugnacité sur le terrain, mais ses collègues l’imaginent encore jeune. On le relègue alors à l’essuyeur des plâtres. Tout ça a fini par effriter les forces et susciter des abandons au point que la Cnc ne se résume aujourd’hui plus qu’à Charles Konan Banny, Martial Ahipaud et Abel Naki. Concernant l’éligibilité du président Alassane Ouattara, je pense que ce point-là est un détail sur lequel nous refusons de nous attarder. Laissons le soin aux constitutionnalistes et aux juristes d’y trouver une issue appropriée. Le néophyte en la matière que je suis, s’interroge, cependant, sur les raisons de la contestation de l’éligibilité de quelqu’un qui est président de la République et qui remet son mandat en jeu. Cela équivaudrait-il à dire que ceux qui lui ont permis de diriger la Côte d’Ivoire pendant ces cinq ans ont fait du faux ? Certains répondent que c’était juste pour cette mandature que le président Laurent Gbagbo a permis à Ouattara de participer à ces élections au nom de la paix. Est-ce à dire que cette paix est derrière nous et qu’il faut maintenant aller à la guerre ? Nos camarades font vraiment une diversion. Ils donnent l’impression d’avoir peur de l’affronter. Pourtant nous avons beaucoup d’arguments, avec des hommes et des programmes, pour battre Ouattara. Seul Affi N’guessan et Essy Amara font front. Le copier-coller des lois constitutionnelles pose un évident problème à tous les Etats africains. Il faut les tropicaliser. Faire appel par exemple à nos valeurs traditionnelles. Nos gardiens de la tradition pourraient nous aider après ces élections. Ce n’est pas normal qu’on nous fasse des lois constitutionnelles importées qui créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Il y a effectivement beaucoup de choses à y revoir.

  

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