Procès de Séka Séka / Françoise Séka, son aînée : « Joël N'Guessan voulait rencontrer mon frère en cachette » - « Pour payer les avocats, j'ai fait un départ volontaire de mon emploi »


Pour Françoise Séka, Ange Kessi n'a produit aucune preuve dans le procès de son frère.
  • Source: Soir Info
  • Date: lun. 17 août 2015
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Françoise Séka est la sœur aînée du commandant Séka Yapo Anselme alias Séka Séka. Depuis la condamnation de l'ex-garde du corps de Simone Gbagbo, elle fait office de porte-parole de la famille Séka. Elle a accepté de nous recevoir pour parler de son frère, du verdict du procès et de la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire.

Comment avez-vous ressenti les 20 ans de prison infligés à votre frère ?

Pour dire vrai, 20 ans c'est beaucoup mais tout le monde a pris cela avec philosophie. Depuis le début du procès, c'est ce jour-là que j'ai bien mangé. J'ai confectionné un bon plat d'attiéké à l'huile rouge, accompagné d'une bonne bouteille de sucrerie. Quand j'ai fini de manger, j'ai fait la vaisselle et puis j'ai commencé à louer le Seigneur.

 

Les parents ainsi que les autres proches, quelles ont été leurs réactions?

C'est après que j'ai appelé Papa pour l'informer. Vous savez, moi-même je n'étais pas au procès ce jour-là. J'étais aux obsèques de la fille aînée de Me Djirabou, son avocat. Il fallait qu'une personne de la famille soit à ses côtés. Donc j'y étais et j'ai dit que si je finissais tôt, je serai au procès mais on a fini en même temps. Quand j'ai appelé un de mes neveux qui était là-bas, il m'a dit qu'il avait écopé de 20 ans. Quand j'ai appelé Papa, il a dit : « Gloire à Dieu. On m'avait dit qu'il serait condamné à vie, je ne pourrai plus le voir. Mais 20 ans, les années passent vite, bénissons le Seigneur ». Même ma grande sœur qui passe son temps à pleurer, quand on donne ce genre de nouvelles, elle m'a dit je ne ressens rien. La dernière m'a dit : « je pleurais et une voix m'a dit pourquoi tu pleures ? » J'ai été alors fortifiée et j'ai dit merci à Dieu. J'avais peur pour papa et maman mais ils ont été braves.

 

Qu'en est-il de sa compagne, des enfants ?

Les enfants, sur le coup, on voulait les épargner. Mais je disais à tous ceux qui pleuraient qu'il n'est pas mort et qu'il fallait prier pour lui. Toute la famille a été courageuse.

 

Au moment où votre frère apprenait qu'il allait passer 20 ans de sa vie derrière les barreaux, comment il s'est comporté ?

Selon ce qu'on m'a dit, il a souri, et ils se sont levés tous pour partir mais notre benjamin était toujours assis dans la salle. Et Anselme lui a dit : « Qu'est-ce que tu fais ici. Lève-toi on va partir ». C'est après que j'ai appelé un de mes neveux, au moment où il n'était pas encore parti, qui lui a passé le téléphone et il m'a dit :  « Je suis prisonnier ». Il n'a pas pris cela en mal.

 

En tant que sœur de Séka Anselme, quel regard porte-t-on sur vous ?

Une fois, dans un supermarché, un de ses amis que je ne connaissais pas, m'a vue et m'a saluée. Il a dit : «  la sœur du Cdt Séka ? » Je l'ai fixé et il a dit n'ayez pas peur. Je lui ai dit que je n'avais pas peur mais je voulais savoir si je connaissais la personne qui me saluait. Anselme est mon frère hier, aujourd'hui et demain. Je ne peux jamais le renier. Quand mes amis me voient, ils me disent tu es courageuse, forte...Il y a un responsable de l'Onuci qui m'a félicitée en disant qu'aujourd'hui en Côte d'Ivoire, être la sœur du Cdt Séka, c'est lourd à porter.

 

Est-que des membres de la famille ont été inquiétés ?

Au début, c'était difficile. Il y a des personnes qui portent le même nom que nous qu'on a fatiguées. Des gens sont même partis au village et ont cassé la maison. C'était difficile mais maintenant ça va.

 

D'où est-ce que votre frère tire sa réputation de sanguinaire, de tueur ?

(Rires) Je ne sais pas ! Peut-être à cause de son courage. Avant tout il est militaire. D'après Ange Kessi, c'est un tueur. Au procès, le Procureur militaire m'a épatée négativement. On pouvait dire qu'il suppliait le juge de condamner les prévenus. En fait, c'est parce que les gens ne connaissent pas Anselme. Mon petit frère à la main sur le cœur et est très sentimental. Et puis son problème, c'est qu'il ne recule pas devant le danger. Nous avons vécu cela depuis notre enfance quand il s'agissait de faire face au danger. Un avocat militaire, Me Banti, l'a dit à la barre. « Vous dites que Abéhi est un dur gars, un caïd, Séka Séka est mobile, il est dangereux. Je dis mais c'est de ce genre d'éléments dont on a besoin dans l'armée ; quand un militaire voit le feu et y rentre, c'est de lui dont on a besoin. Aujourd'hui on parle de Jihadistes à la frontière de la Côte d'Ivoire, voici des militaires qui seront utiles ».

 

Vous estimez que votre frère est un bon militaire.

Anselme a dit à la barre qu'il a choisi d'être gendarme pour défendre son pays. Et quand le juge lui a demandé ce qu'il entendait par défendre son pays, il a dit : « c'est défendre les personnes et les biens ». Un militaire peut être dangereux pour l'ennemi qui voit sa force de frappe, mais il ne peut être dangereux pour la population ni pour les biens de celle-ci. On dit Anselme a tué, mais il a tué qui ? On était au tribunal et on n'a pas eu de preuve. Moi je dis qu'il n'a pas été condamné mais il a été mis là-bas sans preuve car Ange Kessi n'a produit aucune preuve.

 

Mais le ministre Joël N'Guessan a produit un témoignage accablant contre votre frère...

Joël N'Guessan est un comédien. Je vais vous faire une révélation sur ce ministre. Joël N'Guessan, après son témoignage, a dû avoir eu des remords et a souhaité rencontrer mon frère en cachette. Son avocat a dit non ! Des gens m'ont appelée pour me dire que le ministre veut rencontrer mon frère et qu'il faut que j'aille le convaincre pour cette rencontre. Je les ai renvoyés vers son avocat. Ils m'ont dit que les avocats peuvent en parler dans les journaux. J'ai dit qu'est-ce qu'il veut dire à mon frère et qu'il ne veut pas que ça paraisse dans les journaux. Sur la raison de cette rencontre, celui qui m'a appelée (...)

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