Attaque contre les Occidentaux : Ouattara se met en difficulté


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: jeu. 16 avr. 2015
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Il a parlé plus qu'il ne fallait. Face aux victimes de la crise post-électorale à Abobo, le président Alassane Ouattara a fait une sortie pour le moins surprenante.

«J'entends ici et là des bêtises parlant de justice des vainqueurs. Est-ce qu'on déjà vu une justice des vaincus? Si c'étaient les autres, ils nous auraient tué tous et le fait que nous ne les tuons pas montre que nous sommes un pays de démocratie, de droit. Je veux m'adresser aux grands pays donneurs de leçons. Nous avons vu ce qu'ils ont fait. Et l'esclavage, qu'est ce que c'était? Nous allons continuer de juger les auteurs de ces crimes et ils doivent être jugés ici en Côte d'Ivoire. Personne n ira à la Cpi. Nous les jugerons tous ici», a tranché le chef de l'État.

Discours circonstancié ou réelle volonté d'exprimer son agacement face à ''ces grands pays donneurs de leçons''? En tout état de cause, le président Ouattara ne se rend pas service en adoptant un tel langage. Le chef de l'État ivoirien se met en difficulté sur le double plan de la réconciliation et de l'amélioration de son image à l'extérieur. Certes, ce n'est pas sa première sortie de ce genre. On se souvient de son intervention, le 1er décembre 2014 sur les ondes de Radio France internationale (Rfi), quand il s'était élevé contre la propension de l'extérieur à vouloir donner des leçons aux présidents africains. «Il nous appartient, nous Africains, de saisir les aspirations de nos peuples, notamment la jeunesse, mais nous n'accepterons pas de leçon de l'extérieur», déclarait-il notamment, s'adressant sans doute directement à la France, dont le président François Hollande, invité au sommet de la Francophonie, dénonçait les chefs d'État qui souhaitent modifier leur Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Que le chef de l'État veuille faire juger les coupables des crimes commis en Côte d'Ivoire pendant la crise post-électorale, c'est son droit, et les statuts de Rome le lui permettent. Mais, qu'il fustige l'attitude ''des grands pays donneurs de leçons'' qui, à ses yeux, se sont rendus également coupables de l'esclavage'', c'est assez osé. Le président Ouattara n'oublie sans doute pas que ce sont ces mêmes ''grands pays donneurs de leçons'' qui l'ont soutenu, en rétablissant le verdict des urnes tel que proclamé par la Commission électorale indépendante (Cei) en 2011, et en invalidant les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel d'alors dirigé par Yao N'dré.

 

Le rôle des grands pays et la pression des ambassadeurs

Face à ce qu'ils ont considéré comme une forfaiture, ces grands pays se sont ligués contre l'ancien président Laurent Gbagbo, autorisant le bombardement de sa résidence pour faciliter son arrestation avec plusieurs de ses proches. De plus, le chef de l'État a fait ratifier le Statut de Rome par la Côte d'Ivoire, reconnaissant de ce fait la compétence de la Cour pénale internationale (Cpi) à enquêter sur tous les crimes commis dans son pays pendant les périodes de crises qu'il a traversées. C'est au nom de la reconnaissance de cette compétence que la Cpi a déjà ''recueilli'' l'ancien président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, l'ex-leader de la galaxie patriotique.

Ironie du sort, l'ex-président ivoirien a été le premier à enclencher, par écrit, la procédure de cette juridiction. Ouattara ne devait donc pas s'attendre à être chouchouté par cette Cour et, par-delà, ces ''grands pays donneurs de leçons'' qui l'ont soutenu sur la base de certaines valeurs que sont la justice, l'égalité pour tous, le respect des principes démocratique et des droits de l'Homme. «La question préoccupe tous les ambassadeurs accrédités ici. La Côte d'Ivoire est un pays en paix certes, mais tous les problèmes ne sont pas résolus. Pendant la récente crise, mais bien avant cela, pendant les quinze dernières années, d'horribles crimes ont été commis et les coupables ne sont pas tous d'un seul côté.C'est un problème qui doit être résolu pour arriver à une réconciliation nationale», déclarait l'ex-ambassadeur de la Suisse en Côte d'Ivoire, David Vogelsanger, dans une interview qu'il nous a accordée à la veille de son départ, le jeudi 31 juillet 2014.

Comme lui, de nombreux diplomates accrédités en Côte d'Ivoire trouvent partiales les procédures judiciaires engagées dans le cadre de la crise post-électorale. Ils font tous le constat qu'il n'y a qu'un seul camp qui est devant les juges, en dépit des assurances données par Ouattara lui-même et son ministre de la Justice. Ce qui les conduit à s'interroger sur l'impartialité de l'appareil judiciaire et la volonté réelle des autorités ivoiriennes de voir aboutir une quelconque procédure contre les soldats proches du camp au pouvoir. Ce sont ces réalités qui agacent les ''grands pays donneurs de leçons'', lesquels espèrent voir les procédures judiciaires contre les pro-Ouattara aboutir pour une justice équitable. De même que le chef de l'État trouve légitime qu'on doit juger tous les criminels en Côte d'Ivoire, de même il doit se faire à l'idée que la justice et la communauté internationales le titilleront toujours sur ces questions. Et sa sortie d'Abobo pourrait conduire ''ces grands pays'' à douter de lui. En effet, nul n'ignore que si la Côte d'Ivoire a fait des bonds qualitatifs dans le domaine de l'amélioration des infrastructures socio-économiques, c'est aussi grâce à la communauté des bailleurs de fonds.

 

Les conditions de financement des grands projets...

Plusieurs institutions internationales, se fondant sur ses qualités d'homme rigoureux, rompu à la gestion de la chose économique, n'hésitent pas à injecter de l'argent dans le processus de développement de la Côte d'Ivoire. En revanche, ces institutions que sont la Banque mondiale, (...)

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