Arts/Culture

Cinématographie / Bandama Maurice prépare les ''Eléphants Cinéastes''

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(Photo d'archives)

La Côte d’Ivoire présente en compétition officielle pour quatre films dont le long métrage «Run» de Philippe Lacôte qui a été projeté mardi, au Ciné Burkina ; «Cinq boîtes de lait» de Siam Marley (Court métrage), «Chroniques africaines» avec Marie Christine Amon (Série télévisuelle), «Karité, mâne des savanes» d’Abossi Abenan Félicia Kouakou (Isacom) dans la catégorie films des écoles africaines de cinéma.

Si Run est le fruit d’une coopération ivoiro-française et Chroniques africaines qui a été financé à 100% par le ministère de la Culture et de la Francophonie, tel n’est pas le cas pour les autres. Mais, tous ont un même objectif : monter sur le podium de distinction le samedi 7 mars. De l’avis de Maurice Bandaman, le lundi au Ciné Neerwaya, «Chroniques africaines», a séduit les experts qui travaillent à la mise en place des fonds et du soutien aux réalisateurs et producteurs en Côte d’Ivoire. Il fallait, dit-il, leur apporter le soutien qu’il fallait. C’est ce que nous avons fait et nous sommes fiers de voir cette production au Fespaco. «Nous estimons que c’est un projet qui va faire gagner beaucoup d’estimes et du soutien», apprécie le ministre. 

Cette offensive de la Côte d’Ivoire ne passe pas inaperçue, eu égard à la présence d’une forte délégation d’acteurs, de professionnels du métier y compris l’Association des journalistes engagée pour le cinéma (Grand Ecran), présidé par Yacouba Sanagré, dans la capitale burkinabè. Les projections se font depuis le dimanche 28 février et des tendances se dégagent. De l’avis de Roger Gnoan Mballa, Etalon de Yennenga en 1993 avec «Au nom du christ», qui n’était pas venu au Fespaco, depuis une dizaine d’années, est confiant. « Les pronostics qu’on fait ou qu’on analyse dans les autres secteurs ne sont pas toujours valables au cinéma. Les films sur lesquels on compte, peuvent être des films non primés parce que les juré ne sont pas les seuls maîtres de jeu». Un avis qui a été partagé lundi par le Congolais, Balufu Bakupa-Kanyianda, président de la Guilde africaine des réalisateurs et producteurs. «Le jury est subjectif. Le contraire peut arriver», a-t-il dit de Timbuktu d’Abderrahmane Cissoko que beaucoup prédisent favoris et qui sera en salle aujourd’hui, jeudi 5 mars au Ciné Burkina. Les commentaires et les appréciations vont ainsi bon train. 

Atouts et mécanismes pour faire bouger les lignes Côté d’Ivoire

Pour relancer la «machine cinématographique» en Côte d’Ivoire, Maurice Bandaman, a dit compter sur les «Eléphants cinéastes», qui sont en grand nombre au Fespaco. Cette année, son ministère a financé une dizaine de séries télévisées et trois longs métrages dont Run. «C’est un ensemble de jeunes sur lesquels la Côte d’Ivoire compte pour relever le niveau de son cinéma et ses séries télévisées», précise Maurice Bandaman. Comme «Run» l’a été, il entend renforcer et rendre pratique ce type de coopération sud-sud à travers une mutualisation des moyens techniques, la mutualisation des comédiens et des techniciens. «C’est en mettant ensemble nos efforts que nous pourrons réussir», a-t-il soutenu, lundi, après la projection de Chroniques africaines. Le Fespaco est donc pour Maurice Bandaman, «l’occasion de prendre des contacts». En sa qualité de ministre, il mène déjà la grande offensive. «Nous avons eu des contacts avec les exploitants de salles pour que nous puissions avoir dans chacune des capitales, quatre salles numérisées pour avoir des films de qualité qui sortent à Paris, à New York et qui soient diffusés à Dakar, à Ouaga, à Abidjan, à Yaoundé», a assuré le ministre. 

Aussi annonce-t-il dans quelques mois, l’ouverture de deux salles au Palais de la Culture de Treichville d’Abidjan. «Nous aurons des salles équipées en matériels numériques. Nous pourrons avoir des productions numériques dans nos salles. D’autres salles vont s’ouvrir dont celles de l’Institut français et la salle de l’Hôtel Ivoire. Nous aurons au moins quatre salles équipées en matériels modernes et numériques. Nous soutenons également la mise en place des salles pour accueillir des films de qualité qui peuvent venir de partout», ajoute en substance Bandama Maurice. 

32 ans après Roger Gnoan Mballa 

Présent à la célébration du cinéma africain, Fadika Kramo Laciné, le premier cinéaste ivoirien à avoir remporté au Fespaco l’Etalon du Yennenga avec Djéli et aujourd’hui directeur général de l’Office du cinéma en Côte d’Ivoire (Onaci) assure que les jeunes cinéastes ivoiriens qui ont été sélectionnés au Fespaco «ont des productions valables». Des quatre films en compétition officielle, Fadika Kramo a souligné que le renouveau et la relance du cinéma ivoirien s’inscrit dans la redynamisation du secteur». Car, à la différence des années antérieures, un fonds de soutien au cinéma (Fonsic) existe et l’office national du cinéma qu’il dirige a été dédié à l’organisation du cinéma en Côte d’Ivoire. «Ce sont des symboles», se réjouit-il. «Avec tous ces outils, je pense que le cinéma ivoirien devrait pouvoir retrouver sa place de pilier de développement surtout qu’on s’adosse maintenant sur une loi fondamentale qui organise le cinéma comme une industrie en Côte d’Ivoire. C’est autant d’atouts, autant de mécanismes mis en place qui devraient normalement nous permettre de faire bouger les lignes sur le plan cinématographique», a souligné le cinéaste Fadika Kramo qui dirige sur le site du Marché international du cinéma et de la télévision africaine (Mica) situé au cœur du Siao, à Ouagadougou, un stand de 52 m². «C’est le point de mire et la plaque tournante de toute la profession cinématographique», a-t-il traduit à l’ouverture du Mica, le dimanche. 

Bataille du numérique et avenir du Fespaco

Cette année, le thème de la 24è édition du Fespaco est : Cinéma africain : production et diffusion à l’ère du numérique. « C’est assez déplorable, parce qu’on ne parle plus du numérique depuis vingt ans. On est dedans. Mais, nous le prenons toujours en retard», constate le Congolais Balufu Bakupa-Kanyianda. Afro Arobase Digital est un film qu’il a réalisé et qui, souligne-t-il, «est très enseigné aux Etats Unis». Quant à la réalisatrice Marie Christine Amon, ce thème «est un peu flou». Mais, confie-t-elle, «c’est quelque chose qui va nous aider». «Ce sera, ajoute l’auteur de Chroniques africaines, des fenêtres pour promouvoir plus facilement notre travail parce qu’il y aura peut-être plus de chaînes de télé. Je travaille en numérique. Ça m’aide particulièrement». 

Souvenir…

Le réalisateur ivoirien Owel Brown a, lui, remporté l’Etalon de Bronze, il y a quelques années. «Je suis persuadé parce que les conditions de production ont changé. Si les éléments nécessaires permettant de faire du bon cinéma sont en place, normalement nous devrions avoir un autre Etalon», précise le directeur de l’Onaci. Cependant, le réalisateur de Djéli, Fadika Kramo mise sur «Run», le long métrage ivoirien en compétition officielle. Sélectionné en 2014 dans la catégorie «Un certain regard» au Festival de Cannes, «Run», selon Fadika Kramo, est «un film de grande facture internationale». Sans oublier «Chronique africaines» de Marie Christine Amon, une série fictionnelle avec les codes de la téléréalité «Cinq boîtes de lait», de Siam Marley, «Karité, mâne des savanes» de Kouakou Félicia. Cette dernière a remporté à Clap Ivoire 2014, le grand prix du documentaire. «Ce sont des films majeurs, soutient Fadika. Je pense qu’on devrait avoir des distinctions». 

Au cinéma Neerwaya, le lundi 1er mars, «Chronique africaines» a été apprécié favorablement par le public et la réalisatrice Marie Christine Amon.

Réalisé par Koné Saydoo, à Ouaga




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