La réintégration des milliers d'ex-combattants en Côte d'Ivoire est un pari que veut relever le gouvernement. Mais il faut pour cela compter avec la volonté des concernés eux-mêmes. Contrairement à ceux parmi qui doutent de l'engagement du gouvernement et qui ont peur de désarmer, d'autres ont saisi l'opportunité que leur offre l'Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration (ADDR) pour s'insérer avec succès dans la vie active. C'est le cas de notre ex-combattant, sujet de cet article.
N'gbesso Abo Pascal Beko, 35 ans. C'est de lui qu'il s'agit. Père d'une famille de trois enfants, il est aujourd'hui un homme comblé. Ex-combattant, il est désormais aviculteur de profession grâce à sa réintégration par l'Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration (ADDR). Rencontré le 9 décembre 2013, en marge d'une visite de sites de formation des ex-combattants démobilisés qu'a organisée l'ADDR à Azaguié et à Bingerville, il nous a confié comment sa vie a changé après sa reconversion. C'est tout heureux qu'il a accepté de nous retracer sa vie quand nous lui avons proposé de faire un portrait sur sa personne. Pour encourager les ex-combattants hésitants à lui emboîter le pas, il a insisté que nos lui fassions une photo de face alors que nous avons souhaité faire une photo de profil. Comme on le dit couramment en Côte d'Ivoire, N'gbesso A. P. Beko est à l'aise, tellement content de sa nouvelle vie qu'il considère comme une renaissance qu'il a déclaré : « que les politiciens fassent leur palabre, personne ne répondra à leurs appels pour aller prendre les armes ».En effet, l'ex-combattant devenu aviculteur est co-propriétaire de la ferme "Coq abidjanais" sis à Bingerville, créée par une association d'ex-combattants réintégrés par l'ADDR. Il en est également le trésorier. En moins de six mois, après l'ouverture de leur entreprise le 5 août 2013, il affirme : « aujourd'hui, je n'ai rien à envier à quelqu'un ». Et comment pourrait-il en être autrement, vu ses revenus qui sont au dessus de son imagination. A la date du 9 décembre 2013, l'ex-soldat réintégré a expliqué que ''Coq abidjanais'' à sa cinquième vente de poulets de chairs, après son installation. Et chaque vente avoisine les 3000 poulets à raison de 1800 Fcfa l'unité. Ce qui équivaut à un gain de cinq millions quatre cent mille (5.400.000) Fcfa.
La dernière vente a rapporté treize millions huit cent soixante quinze mille (13.875.000) pour 2775 poulets livrés à 5000 FCfa l'un. Lorsque nous lui demandons s'il est possible de s'approvisionner en volaille pour les fêtes de fin d'année, il répond par la négative. N'gbesso a fait savoir que la vague de poulets qui seront prêts pour la consommation en cette fin d'année est réservée. « Ils ont été réservés par un opérateur économique qui a déjà payé d'avance », a-t-il expliqué. Le bénéfice de ses ventes est net car les dépenses pour l'élevage de 3000 poulets s'élèvent à deux millions six cent mille (2.600.000) Fcfa d'où un chiffre d'affaires d'au moins deux millions huit cent mille (2.800.000), lorsque le poulet est vendu à 1800 Fcfa. Deux millions (2.000.000) Fcfa de ce bénéfice sont repartis entre les dix membres de ''Coq abidjanais'' de quand le reste sert de fond de roulement à leur activité. Ce qui revient à dire que chacun d'entre eux s'en sort avec deux cent mille (200.000) FCfa à chaque vente.
N'gbesso n'a pas que la ferme comme source de revenus. Sa formation en aviculture acquise à l'Institut des Nouvelles Techniques Agricoles (INTA) fait de lui un formateur. Étant de la première vague d'ex-combattants à avoir été formés, il est, comme ses amis, sollicité pour l'encadrement de leurs ''homologues'' qui les succèdent à l'INTA, moyennant une prime de deux cent mille (200.000) F.Cfa pour la formation qui s'étend sur un mois. Une activité qui pourrait devenir pérenne, vu que, selon lui, dans la volonté de l'ADDR de réintégrer plusieurs ex-combattants dans la filière avicole, ils seront de plus en plus sollicités dans ce sens. Devant ses revenus mensuels, nous n'avons pas manqué de lui dire qu'il est mieux loti que certains fonctionnaires.
L'argent appelle l'argent, dit-on. Devenu opérateur économique de façon inattendue, N'gbesso a le flair des affaires et a décidé d'investir dans l'agriculture. Et pour multiplier ses revenus, il s'est lancé dans la production du manioc et le maraîcher, nous a-t-il indiqué. « J'ai cultivé six hectares de manioc. Il y a en qui sont consommables à six mois et d'autres à neuf mois ». Sur un hectare de manioc, l'ex-combattant a révélé que l'on peut récolter douze bâchées de tubercules. A l'en croire, une bâchée de manioc coûte cent vingt mille (120.000) Fcfa. Nous vous laissons faire le calcul vous-mêmes. C'est pour toutes ses raisons que N'gbesso a dit « je regrette d'avoir perdu mon temps dans les palabres ».
Notre ex-combattant réintégré a eu le remord d'avoir voulu intégrer l'armée dans sa quête de travail- ce qui lui a valu de connaître la guerre- alors qu'il pouvait explorer la piste de l'élevage. Ses regrets ne se situent pas seulement à ce niveau. Il a déploré le fait qu'après la formation, les ex-combattants soient retournés dans les mêmes groupes comme ils étaient venus. Il aurait voulu une reconstitution des groupes pour une meilleure intégration. En effet, selon lui, les dix person (...)
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