Face à une délégation de Grand-Béréby / Guillaume Soro : « On va finir avec cette affaire de politiciens-là »
« Est-ce que vous pouvez m'effrayer »
« Je veux ce fauteuil-là... je vais m'asseoir dedans »


Guillaume Soro continue de parler.
  • Source: linfodrome.com
  • Date: jeu. 14 mars 2019
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Le président du Comité politique (Cp), Guillaume Kigbafori Soro, a reçu, à sa résidence de Marcory résidentiel, le dimanche 10 mars 2019, une délégation de la Mutuelle des ressortissants de Grand-Béréby à Abidjan, conduite par le député Sarré Gnépo Edmond. Le député de Ferkessédougou a fait de graves déclarations, et a rendu hommage au général Kassaraté Tiapé Édouard. Il a levé un coin du voile sur la disparition du sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB, au plus fort de la crise post-électorale, en 2011. Nous vous proposons de larges extraits de cette déclaration.

Monsieur le député, vous avez dit quelque chose qui est important ; vous avez dit que vous êtes venus pour me saluer en des moments difficiles. Mais moi, je ne trouve pas ces moments difficiles. On m'a plutôt mis dans mon élément naturel (rires et applaudissements). C'est comme si on te dit que foutou est tombé dans sauce. (…)

Vous savez, je vais vous dire une chose : il y a deux types de politiciens ; il y a des gens qui viennent à la politique pour des postes. Ils font des calculs : si je rentre ici, voilà ce que j'obtiens ou soit avoir une nomination. Ils viennent à la politique pour de l'argent, ils viennent à la politique pour des grades. Moi, je ne suis pas venu à la politique pour être nommé. Et il y a d'autres personnes qui sont en politique par vocation. Moi, j'avais 20 ans, quand je commençais le syndicalisme : la première prison que j'ai eu à faire en Côte d'Ivoire, j'avais 21 ans. On m'a mis à l'école de police. Donc je ne suis pas venu à la politique pour manger ou pour chercher poste. Donc, quand tu connais la politique, il faut bien regarder à qui tu as affaire. Moi, je suis venu à la politique d'abord par le syndicalisme, par conviction, vocation je dirais. À cette époque, j'avais quel âge ? J'avais 21 ans ; déjà à ce moment, on me proposait de me donner bourse pour aller étudier au Canada. On me proposait l'argent par-ci, par-là, je ne l'ai pas fait. C'est pourquoi, je regarde les gens et je souris. Il n'y a pas de propositions que moi, je n'ai pas entendues ici dans ce pays. Et en plus, les gens bavardent inutilement, que si Guillaume ne vient pas au Rhdp, il ne sera rien. Est-ce que moi, c'est Rhdp que j'ai attendu pour vivre ici dans Abidjan-là. Rhdp est né quand ? J'ai été l'homme de l'année en Côte d'Ivoire en 1997. Alassane (Ouattara) ne savait même pas qu'il allait un jour devenir président. Ils m'ont mis dans mon élément naturel. Cela fait 8 ans, je ne parle pas, maintenant je vais parler (applaudissements).

Il y a deux types de politiciens : les politiciens opportunistes, démagogues qui viennent pour des postes, et qui croient que la vie se limite à des postes, à l'argent. Et il y a d'autres, c'est une vocation, c'est une conviction, qui ont des principes, qui respectent les valeurs cardinales morales, qui considèrent que la politique ne doit pas servir pour écraser les autres, pour humilier les autres. La politique, je veux bien, n'est pas du sentimentalisme mais c'est d'abord et avant tout de l'humanisme. L'homme doit être au cœur de la politique. Comment veux-tu que moi je crois que tu es quelqu'un qui peut développer un pays si déjà à la base, tu commences à être ingrat, méchant avec ton voisin ? Comment veux-tu être gentil avec ceux que tu ne connais pas quand avec Sarré Edmond, le minimum tu ne le fais pas ?

Aujourd'hui, ceux qui semblent être bruyants et nombreux, ce sont les politiciens de postes, de l'argent. Tu vois des gens désemparés, quand on les oblige à militer au Rhdp, moi j'ai honte ; quelle image voulez-vous donner à vos enfants à la maison ? Mais enfin, un peu de dignité ! Toi-même tu sais que tu n'es pas d'accord, et puis tu t'en vas t'asseoir là-bas mais arrête ! Reste à la maison, tu n'es pas obligé. Mais enfin ! Ton ami garçon t'oblige à rentrer dans un parti, alors que ton cœur n'y est pas mais tu t'en vas t'asseoir là-bas, quand télévision veut te filmer, tu veux te cacher (rires et applaudissements). Moi, vraiment cela me désole parce qu'on s'est battus dans ce pays pendant plus de 20 ans, 30 ans, ce n'est pas pour aboutir à ce genre de politiciens alimentaires qui courent de parti en parti, juste pour des postes. On va finir cette affaire de ce genre de politiciens-là, il faut que cela s'arrête (applaudissements). Ce que tu n'as pas semé, tu ne peux pas récolter. Il faut qu'on apprenne chacun à travailler, on ne peut pas continuer comme ça.

État-Rhdp

En plus, il faut séparer l'État de la politique. Je ne suis pas d'accord qu'on dise à un fonctionnaire d'aller militer dans un parti politique sous la contrainte. Je ne suis pas d'accord. C'est le retour au parti-État, arrêtons, ce n'est pas bon. Renvoyer des Dg pour leur coloration politique, et les Ivoiriens sont là, spectateurs !? C'est une faute, parce que l'État, c'est l'État. Le parti, c'est partisan. Vous êtes dans le parti, vous vous battez pour accéder au pouvoir. Mais quand vous arrivez au pouvoir, vous allez chasser tout le monde ; c'est ça qui retarde l'Afrique. Il y a des grands commis de l'État, des hauts cadres dont l'État a financé la formation à coups de millions ; ils sont au-dessus des colorations politiques ; vous devez pouvoir les utiliser ; qu'ils soient Fpi, Pdci, Rdr, peu importe ! C'est un cerveau qu'on doit mettre à la disposition de l'État.

Quand j'étais Premier ministre, j'ai été nommé en 2007, bien que je fusse en adversité avec Gbagbo ; quand je suis arrivé à la Primature, je n'ai pas chassé les gens. J'ai pris les CV sans connaître les individus, et j'ai nommé des gens. De sorte que dans mon équipe, vous avec toute la coloration politique de notre pays. Je n'ai pas demandé à quelqu'un s'il est Pdci ou Rdr. Le gouvernement, je l'ai dirigé sans qu'on ne sache qui était Rdr ou Pdci. Allez demander aux ministres, c'est cela l'État. J'ai une haute opinion de l'État de Côte d'Ivoire. Quand je suis arrivé à l'Assemblée nationale, j'ai essayé de faire de l'Assemblée nationale, une famille. Quand je partais en mission, à l'étranger, il y avait tous les partis politiques autour de moi, peu importe. C'est l'Assemblée, le député Sarré Edmond, je ne connais pas son obédience politique, pourtant c'est un ami. Quand j'étais à la Primature, j'ai nommé les gens par appel à candidatures. J'aurais pu dire que je vais privilégier mes amis pour les nommer. Quand j'ai nommé celui qui était au Cepici, maintenant Secrétaire d'État, Essis, je ne le connaissais pas, j'ai fait un appel à candidatures. Il a gagné, il est venu, je l'ai nommé. Je suis fier aujourd'hui de voir qu'il est ministre, et qu'on a reconnu sa compétence. L'État, c'est l'État, mais aujourd'hui, on est en train de voir un État-Rhdp. On nomme des gens qui sont tous Rhdp. C'est dommage. Donc les politiciens agraires, alimentaires et grégaires là, on va arrêter cette race de politiciens ! (Applaudissements) pour que maintenant on ait des hommes et des femmes dignes de convictions, qui acceptent de souffrir s'ils sont battus. Moi aujourd'hui, je ne suis plus président de l'Assemblée nationale, je suis chez moi ; je vais traverser la galère, tout le monde va me quitter. Je suis préparé à cela ; des gens auront peur de s'approcher de moi, des gens auront peur de venir ici chez moi, mais ça ne va pas m'empêcher de garder mes positions. J'ai déjà vécu cette situation. J'étais à la tête de la Fesci ; j'ai été l'homme de l'année, un jour j'ai quitté, tout le monde a fui, je suis resté seul, moi, mon épouse, mon fils et Soul To Soul, on était quatre. Donc, j'ai traversé tout ça et aujourd'hui, je suis convaincu que tu as beau tout faire, tu es intelligent, tu es brillant, tu es stratège … c'est vrai, c'est le côté rationnel, mais il y a un côté irrationnel qui dépasse, c'est Dieu. S'il n'a pas prévu que tu sois président, fais tout ce qui est en ton pouvoir, tu ne le seras jamais. Mais si Dieu a prévu que tu sois président, tous les êtres humains n'ont qu'à se réunir contre toi, tu seras président. Donc pourquoi se fatiguer ? Moi je suis assis chez moi à la maison, je fais mon petit Comité, je parle aux gens. Si les gens comprennent, tant mieux, s'ils ne comprennent pas, au moins, j'aurais fait ma part et d'autres prendront la relève. J'ai été ministre, ministre d'État, Premier ministre, président de l'Assemblée nationale. J'ai vu tous les grands présidents du monde de notre ère, même si je ne suis plus rien, qu'est-ce que ça me fait ? J'ai marché sur tapis rouge au Japon, en Chine, aux États-Unis, partout (applaudissements). Est-ce que vous pouvez m'effrayer, vous les nouveaux riches de ce pays ? Moi je n'ai jamais considéré l'argent comme une finalité ; pour moi l'argent, c'est un moyen. (…) Donc, vraiment je n'ai aucun problème, c'est eux qui se fatiguent. Je suis assis ici là, je n'ai aucun problème.

Aussi, j'apprends que des députés ont été envoyés sur l'ensemble du territoire pour aller parler de Guillaume Soro. Oh, que c'est beau ! Ce sont mes directeurs de campagne (rires et applaudissements). Il y a des villages où on ne connaissait pas le nom de Guillaume Soro et vous allez leur parler de moi, vous battez ma campagne…Moi, je suis un petit senoufo, j'ai fait l'initiation du poro, il n'y a pas meilleure école là-bas pour apprendre le respect de la hiérarchie et des aînés. Et donc, je pense que j'ai très peu de leçons à recevoir de ceux-là, mais le plus important, c'est la Côte d'Ivoire. Que faisons-nous de notre pays la Côte d'Ivoire ? C'est ce qui est le plus important pour moi. La politique passe. Je comprends que ceux qui menacent aujourd'hui ont été eux-mêmes menacés hier, donc ils sont traumatisés en fait. Parce que dès que ça chauffait un peu, ils prenaient leurs jambes à leur cou (rires et applaudissements). Un peureux-là, dès qu'il arrive à avoir le gourdin, il devient brutalement violent (rires et applaudissements). Voilà le problème avec ceux-là. Des gens que quand on menaçait, ils couraient, ils se cachaient partout. N'est-ce pas ? Aujourd'hui, Dieu vous a donné un peu de pouvoir là, soyez généreux ; vous aussi vous voulez menacer quelqu'un ?

« J'ai accepté la mort »

Moi, je considère que j'ai une chance énorme d'être en vie, car je ne devais pas être en vie normalement. A trois reprises, j'ai failli perdre la vie. Je dis bien trois fois, j'ai admis que j'étais mort. Et j'avais accepté, je ne suis pas en train d'inventer. Quand j'étais étudiant, vous pourrez demander à madame Loko, l'épouse du Fondateur des Cours Loko, aujourd'hui décédé. Ce jour-là, il y a un policier qui a mis son pistolet sur ma tempe, prêt à me décharger une balle dans la tête. Et c'est son supérieur qui a crié, supplié ; il tremblait comme ça sur son arme. Ce jour-là, j'avais accepté que j'étais mort.

En 2004, j'ai été encerclé à l'infirmerie de la Rti, ils ont tout cassé, brûlé, ils sont allés chercher du pétrole, du carburant, gourdins etc., j'étais pris en étau, moi et mes collaborateurs. Quand j'ai accepté qu'il n'y avait plus d'issue, j'ai dit à mes collaborateurs : allez-y ! Mélangez-vous à la foule et allez dire aux gens que je suis tué, voici ceux qui vont le faire. Et donc, j'ai accepté la mort, je me suis assis pour les attendre. JB était avec moi, Dao Bakary était avec moi, Fatou Traoré était avec moi, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en Guinée, Diarrassouba, était avec moi, eux tous sont partis dans la foule. Je suis resté seul avec un sénégalais du nom de Hassan qui est l'actuel garde-du-corps du président Macky Sall, et avec Souley qui est Commandant de gendarmerie au Bénin, et Soul To Soul qui a refusé de partir. Je lui ai dit «  mais on va nous tuer ». Il a répondu : « oui, mais je ne peux pas partir ». Nous sommes restés quatre. Les gens nous ont encerclés ; ils nous ont cherchés ; ils ont cassé, ils ont brûlé. Là encore, j'avais accepté la mort. Mais je n'ai pas dit que je suis immortel, loin de là. Un jour, je vais mourir, mais c'est quand Dieu aura décidé de me rappeler à lui. Que ceux qui sont pressés soient patients pour attendre la date que Dieu a fixée pour moi, mais pour le moment, je suis là. Et puis ma bouche fonctionne, je vais parler (rires et applaudissements).

Et enfin, la 3e fois dans l'avion, JB était avec moi dans l'avion aussi quand la première déflagration a eu lieu. Quand cela a eu lieu, j'ai demandé ce qui se passait ; Hermann ne pouvait pas répondre parce qu'il était comme traumatisé. Ensuite, une deuxième déflagration, les fils de l'avion étaient en feu. J'ai demandé encore qu'est-ce qu'il y a ? C'est JB qui me répond en premier. Il dit : « patron, ça tire sur l'avion ». Je lui demande « d'où ? ».  Il dit : « de partout ». Je me suis rassis, j'ai dit : « ok, aujourd'hui, j'accepte ma mort ».  Et puis Dieu nous a sauvés.

Moi, je suis con (...)

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