Ces prisonniers sans véritable statut
- Source: JDA
- Date: sam. 11 nov. 2017
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Ce samedi 4 novembre sur les coups de 19h 45 minutes, quand les portes de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA) s'ouvraient devant lui, Justin Koua, vêtu d'un boubou blanc, tournait le dos à 30 mois d'incarcération mais gardait bien présent à l'esprit qu'il y laissait des camarades « de lutte ». Il avait été condamné pour « discrédit sur une décision de justice », au même titre que son compère Nestor Dahi, le 26 mai 2017, deux ans après son interpellation, le 5 mai 2015, pour une question interne au Front populaire ivoirien (FPI), la légalité de Pascal Affi Nguessan à la tête de ce parti. Visiblement amaigri, celui qui était une pièce maitresse de la mobilisation du « courant Sangaré » ne devrait pas reprendre les activités dans le futur immédiat, confient ses proches. « Après 30 mois dans des conditions de détention difficile, Justin aura besoin de repos avant d'être opérationnel », pense l'un des camarades venus l'accueillir à sa sortie de prison. « Justin libéré, cap désormais sur la libération prochaine de Nestor Dahi », lance leur avocat, Maitre Rodrigue Dadjé, qui craignait de voir son client « inculpé pour de nouvelles infractions ». Nestor Dahi devra patienter jusqu'à février 2018 avant de respirer l'air de la liberté. Si Justin Koua a été chanceux, ce n'est pas le cas de Nicaise Douyou alias Samba David et de Sam Mohammed Jichi, qui, après leur première peine, attendent encore d'être entendu pour d'autres faits. Et encore moins pour Moise Lida Kouassi, en attente d'un procès, ou Assoa Adou, dont la libération est prévue pour 2018. Détenus politiques pour leurs proches, ils sont présentés par le Parquet comme des prisonniers de droits commun. « Un homme politique en prison n'est pas nécessairement un prisonnier politique. Il peut être poursuivi pour des délits prévus par notre Code pénal », tente de nuancer un fonctionnaire du bureau du Procureur.
Détention prolongée En février 2016, Nicaise Douyou était attendu par ses camarades de la Coalition des indignés de Côte d'Ivoire (CICI). Ces derniers, ignorant sûrement que celui avec qui ils avaient sillonné le pays afin de dénoncer « les abus et dérives du pouvoir », selon leurs termes, était poursuivi pour d'autres faits, ont dû faire le pied de grue. Condamné le 2 octobre 2015 à six mois d'emprisonnement ferme par le tribunal correctionnel d'Abidjan, « statuant en matière de flagrant délit pour des faits de discrédit sur une décision de justice, provocation à un affrontement non armé, complicité de destruction volontaire d'objets et trouble à l'ordre public, commis courant septembre 2015 », il est aussi poursuivi par le Parquet pour des faits de meurtre, tentative de meurtre et atteinte à l'autorité de l'État. Il fait « l'objet d'une information judiciaire ouverte au 4ème cabinet d'instruction du tribunal d'Abidjan. Inculpé de complicité de meurtre et d'atteinte à l'autorité de l'État, il a été placé sous mandat de dépôt le 16 décembre 2015 pour ces faits criminels. Sa détention préventive est régulièrement prolongée par le juge d'instruction, conformément à la loi », précise le Procureur Richard Adou. Mais, dans son entourage, on dénonce plutôt un abus de droit, parlant parfois de détention arbitraire. « C'est une détention illégale et illégitime. Samba David a été interpellé pour une infraction dont il a déjà purgé la peine. Dans un État de droit, il devrait être dehors. Mais on continue à le garder. C'est juste un c (...)
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