Il y a dix ans, le camp militaire français était bombardé par l'armée ivoirienne, et Paris ripostait. Devant la juge Kheris, l'ex-président a livré sa version des faits. JA s'est procuré les PV inédits de son audition.
C'était il y a dix ans. Le 6 novembre 2004, deux Sukhoï-25 pilotés par deux Biélorusses, secondés par deux copilotes ivoiriens, décollaient de Yamoussoukro. Direction Bouaké, fief des Forces nouvelles (Fn), dans le centre de la Côte d'Ivoire.
Après un survol du lycée Descartes, où l'armée française a établi un camp, l'un des avions fait feu, tuant 9 militaires et 1 civil américain, et blessant 38 soldats. Le lendemain, Paris détruit l'aviation ivoirienne, provoquant une vague de manifestations antifrançaises à Abidjan, dont l'une devant l'hôtel Ivoire, réprimée par les forces françaises, fera une vingtaine de morts selon Paris, au moins 57 selon Abidjan.
Qui a ordonné le bombardement du camp ?
Aujourd'hui encore, ni la responsabilité directe de Laurent Gbagbo ni le rôle joué par les Français ne sont clairement établis. Pourtant, l'instruction, ouverte un an après les faits par le Tribunal aux armées de Paris, avance. Le 28 avril dernier, la juge Sabine Kheris a auditionné l'ex-président ivoirien à La Haye. Voici les principaux extraits de sa déposition. La crise. En novembre 2004, la présence des Fn à Bouaké irrite l'armée régulière ivoirienne. « Vers octobre 2003, on m'appelle pour me dire qu'une de ses unités s'est approchée de Bouaké, où se trouvent les rebelles, sans ordres », déclare Laurent Gbagbo. « Je prends un hélicoptère avec mon ministre de la Défense jusqu'à un village proche pour tenter de trouver une solution. On discute et ils acceptent de redescendre vers le Sud. Puis, je dis aux généraux français de calmer les rebelles car la pagaille va arriver. Ils n'ont rien fait. »
«Au bout d'un moment, l'armée s'impatiente. Le ministre m'indique que les soldats veulent prendre Bouaké. Il se dit plutôt favorable à cette action. » Le principe du bombardement est validé «fin octobre 2004 ». Gbagbo décide d'en informer ses « partenaires français », ce qui n'a jamais été (...)
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