Dans un mémoire en appel, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, demande l'annulation de la décision d'acquittement de l'ex-président ivoirien Gbagbo et son co-accusé Charles Blé Goudé, prononcée à la majorité des juges le 15 janvier 2019.
« Les procédures en l'espèce étaient injustes et peu fiables, et la décision a été affectée par erreurs de droit et de procédure et, par conséquent, l’accusation demande respectueusement à la Chambre d’appel de renverser la décision », écrit la procureure de la CPI. Â
Selon Mme Bensouda, il serait « approprié d’annuler l'acquittement oral du 15 janvier 2019 », c’est pourquoi son bureau « demande à la Chambre d’appel de déclarer un procès en erreur ». Ce qui devrait la permettre de « décider de son orientation future et la meilleure manière de rendre justice en l'espèce ». Â
L’article 83 de la juridiction pénale internationale autorise l’annulation d’une décision si elle conclut que la procédure en appel est « injuste et affecte la fiabilité de la décision, ou que la décision en appel a été matériellement affectée par des erreurs de droit ou de procédure ». Â
Elle appelle en outre la Chambre d'appel à ordonner la poursuite du procès devant la Chambre de première instance qui n'est plus constitué et par rapport auquel l'un des juges n'est plus juge à la Cour, ou d'ordonner un nouveau procès (ouvrant des possibilités de recours).  Â
Pour le procureur de la CPI, les circonstances de ce procès sont « uniques ». Car, « M. Gbagbo et M. Blé Goudé ont été acquittés sans que la majorité (des juges) soit entrée dans une décision d'acquittement appropriée et pleinement informée, comme l'exige le Statut ». Â
MM. Gbagbo et Blé Goudé ont également été « acquittés sans que la majorité (des juges) se soit dirigée vers la norme juridique appropriée ou l’approche de la preuve », ce qui a « nécessairement rendu leur analyse inexacte et imprévisible ». De ce fait, « ni le processus, ni le résultat n'étaient fiables ». Â
« De telles circonstances exigent une déclaration d’erreur », soutient Fatou Bensouda, compte tenu de la manière dont ces acquittements ont été rendus, notamment « la confiance dans la procédure de cette affaire qui a été gravement altérée ».  Â
 « La majorité (des juges) a commis une erreur de droit en infirmant ses conclusions factuelles et la décision elle-même. Bien que les deux juges à la majorité se soient entendus sur leurs conclusions générales, ils n'ont pas défini les normes juridiques et de preuve qu'ils jugeaient applicables à la procédure avant d’évaluer les preuves et d’acquitter M. Gbagbo et Blé Goudé », détaille-t-elle. Â
Pour ces raisons, « le procureur demande respectueusement (à la Chambre), pour faire droit à son appel, d’annuler la décision d'acquittement oral (...)
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