Situation politique / Un proche de Ouattara : « Ça fait des années qu'on paie les cigares de Bédié » ; Les vraies intentions de Bédié dévoilées

  • Source: linfodrome.com
  • Date: jeu. 19 juil. 2018
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Pour la première fois depuis des mois, le Sphinx dévoile son jeu. Quitte à fâcher ses alliés du Rdr et à sacrifier l'unité de son propre parti, le Pdci.

« Et dire que ça fait des années qu'on lui paie ses cigares! », s'emporte un proche d'Alassane Dramane Ouattara (ADO). Dans l'entourage du président ivoirien, l'agacement est devenu colère. Et « Henri Konan Bédié », le nom d'un « ingrat» à ne plus trop prononcer. « Inconscient », « incompréhensible» ... Les reproches pleuvent contre le difficile allié. 
Dans les couloirs de la présidence, il règne désormais cette désagréable sensation que chaque jour un peu plus, le Sphinx semble s'échapper. Tout a pourtant été tenté ces  derniers mois pour faire plier l'amateur de Davidoff: séduction, rétorsion, pressions. En vain.

C'est le 17 juin, le jour où le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) tenait son Bureau politique, que les masques sont tombés. La veille, le chef de l'État ivoirien et ses proches étaient pourtant confiants. Bien décidé à mettre en place un parti unifié avant les élections locales qui doivent se tenir d'ici la fin de l'année, ADO pensait être parvenu à contraindre son aîné à rejoindre son projet. Bédié aimait se perdre en atermoiements et gagner du temps? Il allait enfin devoir clarifier sa position. « Les prochaines échéances approchent et la présidentielle est dans moins de deux ans et demi. Nous avons besoin de savoir qui est avec nous et qui est contre nous. Bédié fait semblant de faire de la résistance, mais, demain, il va nous suivre et il va acter ce projet de parti unifié. C'en sera fini des jérémiades», fanfaronnait alors un ministre du Rassemblement des républicains (Rdr), sûr de la capacité d'influence de son parti sur le Pdci.

C'était oublier la réputation d'homme insondable et de leader imprévisible du Sphinx. Perché sur son estrade au siège de l'ancien parti unique, pendant six heures, Bédié préside un Bureau politique aux airs de grande bataille et aux accents de règlements de comptes. Daniel Kablan Duncan, le vice-président ivoirien, est hué, les ministres Pdci du gouvernement sont mis en difficulté, et le projet de parti unifié est reporté après l'élection présidentielle de 2020. « Bédié a retourné le piège qui lui avait été tendu et a parfaitement orchestré la réunion, en distribuant la parole dans un certain ordre et selon un certain timing », se délecte un cadre Pdci anti-parti unifié, présent ce jour-là.

Quelques jours plus tard, Bédié rira de son bon coup devant des visiteurs. Depuis, la ligne est coupée entre Ouattara et Bédié. Pendant des jours, les émissaires se sont pressés entre Abidjan et Daoukro, à 235 km plus au nord, où l'ancien président est resté reclus trois semaines. Sans réussir à renouer le dialogue entre les deux hommes, toujours théoriquement alliés. Les vieilles méthodes semblent désormais éculées. Connu pour son goût de l'argent et des honneurs, Henri Konan Bédié n'a pas cillé lorsque la présidence a cessé de lui verser quelques millions de francs Cfa -certaines sources avancent le chiffre de 25 millions (plus de 38 000 euros) - tous les mois. Il se contente maintenant de ce que prévoit la loi pour les anciens présidents et chefs d'institution. « Ne vous inquiétez pas, il ne manque de rien», s'amuse un de ses proches. Certains rappellent avec malice, qu'en 1977, déjà, Bédié fêtait avec faste son septième milliard de francs Cfa.

La perspective que son parti perde des postes ministériels et institutionnels semble ne pas avoir eu plus d'effet. Avant même la dissolution du gouvernement, le 4 juillet, Bédié avait fait savoir qu'il se sentait peu concerné par l'avenir des ministres Pdci, et avait refusé de quémander l'entrée de certains de ses proches dans le nouvel exécutif. « Il estime que la plupart des ministres sont de toute façon bien plus « ouattaristes » que « PDClstes », il n'a donc plus grand-chose à perdre», décrypte un membre de son entourage. Si, en 2016, Alassane Ouattara n'hésitait pas à aller jusqu'à Daoukro pour « consulter» son aîné, en 2017, il ne s'est rendu à sa résidence de Cocody que pour « l'informer» de ses choix. Et, cette fois-ci, il n'a même pas estimé nécessaire de se déplacer avant l'annonce du nouveau gouvernement.

Maître du temps

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