Un leader de la société civile révèle : « Gbagbo et Blé Goudé sont en voie d'être libérés »
« Bensouda devait démissionner »
« Que les dictateurs et tortionnaires africains n'applaudissent pas aussi vite »


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: lun. 28 nov. 2016
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Ex-président de l'Association pour la promotion des Droits de l'Homme (Apdh), Dr Gervais Boga Sacko préside actuellement aux destinées de le Fondation ivoirienne pour l'observation et la surveillance des droits de l'Homme et de la vie politique (Fidhop).

Depuis son lieu d'exil, en Europe, cet universitaire engagée dans la défense des droits de l'Homme, jette un regard, dans cet entretien par l'Internet, sur la situation en Côte d'Ivoire.

 

Dr Boga, 5 ans après la crise, vous êtes encore en exil. Jusqu'à quand cela va durer ?

Je suis bien pressé de regagner mon pays, croyez-moi ! Le moment venu, vous serez tous informés, parce que je ne rentrerai pas en catimini. Toutefois, je continue de me rendre utile à la Côte d'Ivoire digne, pour mes compatriotes qui continuent de souffrir le martyr sous le régime dictatorial instauré par M. Alassane Ouattara.

 

Comment jugez-vous la situation des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire depuis l'arrivée du président Alassane Ouattara au pouvoir ?

La situation n'est pas plus reluisante, hélas ! Aujourd'hui, les libertés sont confisquées, à tous points de vue. Surtout dans le domaine politique, où l'opposition est bâillonnée. En démocratie, il est inadmissible que des dirigeants n'acceptent aucune contradiction. Or, c'est ce qu'impose le chef de l'Etat actuel et son gouvernement. Les manifestations des opposants sont interdites, les leaders interpellés, auditionnés ; d'autres sont toujours emprisonnés de façon injuste, etc.

 

En comparaison avec l'ère Gbagbo, qu'est-ce qui a changé ?

La situation des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire aujourd'hui s'est gravement empirée. Sous le président Gbagbo, au moins le citoyen était libre de s'exprimer, à commencer par les journalistes. Aujourd'hui, ils sont muselés, certains journaux suspendus à longueur de journée ou de semaine, telle une épée pendante sur la main qui tient la plume.

 

L'actualité en Côte d'Ivoire, c'est aussi le procès de Simone Gbagbo à la Cour d'Assises d'Abidjan. Quels commentaires faîtes-vous sur ce procès actuellement dans l'impasse ?

Ce procès est dans l'impasse, parce qu'il est inique, injuste et inéquitable ! Lorsqu'une justice est aux ordres de l'Exécutif, c'est ce que ça donne. Cette femme est fatiguée d'être torturée, moralement, psychologiquement et physiquement. Elle a donc raison de s'abandonner à ses bourreaux pour qu'ils fassent d'elle ce qu'ils ne lui ont pas encore fait. Et son conseil a raison d'aller dans ce sens. Personnellement, je suis toujours peiné devant cette justice des vainqueurs, qui couve et qui couvre les criminels présumés et avérés du camp Ouattara. C'est triste pour mon pays !

 

Un mot également sur le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé qui se déroule actuellement à la Haye au Pays-Bas ?

La Cour pénale internationale (Cpi), de son côté, souffre quant à parvenir à condamner les deux illustres prisonniers ivoiriens. Les témoins appelés à la barre par Mme la procureure, donc les témoins à charge, sont les meilleurs défenseurs du président Gbagbo. Je me demande par quel miracle ou par quel alchimie on devrait le condamner. En tout cas, au stade où nous sommes actuellement, avec tout ce que nous avons entendu des témoins, le président Laurent Gbagbo et Blé Goudé sont plutôt en voie d'être libérés ! Surtout qu'on n'est même pas encore passé du côté des témoins à décharge, qui eux viendront démontrer qui est réellement ce Monsieur Gbagbo, ainsi que son ministre.

 

Justement, parlant de la Cpi, quels commentaires faites-vous des retraits annoncés de certains pays dont des Etats africains ?

La FIDHOP, la Fondation ivoirienne pour la Démocratie, les Droits de l'Homme et la vie politique a salué le Burundi, l'Afrique du sud, la Gambie, le Kenya et surtout la Russie de Poutine qui ont décidé de se retirer de la Cpi. Ces retraits confirment ce que nous n'avons eu de cesse à crier au sujet de cette Cour, qui n'est pas équitable, ni transparente, ni indépendante.

 

Peut-on parler d'un discrédit avec ces différents départs ?

C'est un grand revers pour la Cpi elle-même et pour toute la communauté internationale. Et pour Mme Fatou Bensouda personnellement, c'est un échec total, personnel. Le fait de savoir que son propre pays, la Gambie qui a pourtant soutenu sa candidature à ce poste de procureure, est sorti de cette institution, c'est plus qu'une humiliation. Elle devrait même démissionner.

 

Ne craignez-vous pas que ceux qui quittent la Cpi s'érigent en dirigeants sanguinaires dans le monde ? On pourrait rétorquer que les dirigeants qui menacent de quitter cette justice sont ceux qui ont des cadavres au placard ?

Ecoutez, pour que la Cpi voit le jour et qu'elle soit opérationnelle en 2002, les sociétés civiles du monde et particulièrement celles d'Afrique l'ont réclamée et se sont mobilisées pour que leur pays ratifient le traité de Rome. Mais, actuellement, nous sommes plutôt déçus, lorsqu'on se rend compte qu'il n'y a que l'Afrique qui se retrouve à la barre. Pourtant, des dirigeants occidentaux méritent d'être eux-aussi traduits devant ce tribunal. La Cpi n'est donc plus crédible, et le président Vladimir Poutine fait bien de soutenir les Etats africains. S'agissant des dirigeants africains violateurs des Droits de l'Homme, dictateurs et tortionnaires, qu'ils n'applaudissent pas aussi vite, puisque l'Afrique prendra des dispositions pour les juger sur le continent. L'expérience a eu lieu avec l'ex-président tchadien Hissen Habré, qui fut jugé et condamné à perpétuité au Sénégal par de hauts magistrats africains. L'UA devra donc accélérer le processus de mise en œuvre effective de notre Cour africaine de justice et des Droits de l'Homme.

 

La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (Cadhp)
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