Guillaume Soro : « Si la Cour pénale internationale veut m'entendre, elle m'entendra »


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: jeu. 23 juin 2016
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Sa parole est rare. Ce matin, Guillaume Soro, le numéro deux ivoirien, s'exprime sur Rfi. Au début de cette année, la justice burkinabè a lancé contre lui un mandat d'arrêt pour complicité dans le putsch de septembre 2015. Mais depuis deux semaines, les juges de Ouagadougou ont renoncé.

Et aujourd'hui, le président de l'Assemblée ivoirienne ne cache pas son soulagement. Guillaume Soro s'exprime aussi sur son avenir. Il annonce que, « galvanisé » par le soutien du président Ouattara, il aimerait bien « rempiler » à la fin de cette année au poste de président de l'Assemblée.

 

Rfi : Le Burkina Faso renonce à demander votre extradition. Comment réagissez-vous ?

Guillaume Soro : Je dois dire que, sur la question du Burkina Faso, le président Ouattara lui-même a décidé de prendre en charge le dossier. Et donc je m'interdis tout commentaire sur la question du Burkina Faso, d'autant plus que j'ai été longtemps calomnié. Je suis même blessé et je considère qu'à partir du moment où c'est la décision du président de privilégier la voie diplomatique, je ne veux pas que quelques propos de moi soient interprétés d'une manière ou d'une autre.

 

C'est vrai qu'il y a une supposée conversation téléphonique entre le Burkinabè Djibril Bassolé [opposant politique, aujourd'hui en prison] et vous-même au moment du putsch de septembre 2015. A Abidjan, beaucoup ont reconnu votre voix. Comment avez-vous réagi ?

Ce dossier du Burkina, j'ai mis ce dossier derrière moi. Ça a été une étape difficile pour moi-même et ma famille. Ce qui m'intéresse, ce sont les affaires politiques intérieures de la Côte d'Ivoire.

 

Et quand le Premier ministre burkinabè de l'époque, Isaac Zida, a déclaré que cet échange téléphonique était authentique, et que c'était bien vous. Est-ce que vous avez été tenté de le poursuivre en justice ?

(Rires) J'ai considéré que c'était une vraie cabale. Ceci aujourd'hui heureusement est passé, ça a été une blessure qui s'est cicatrisée. Je ne parle plus du Burkina.

 

Mais pourquoi dites-vous que c'est une calomnie ? Parce que ce n'est pas vous dans cette conversation ? C'est quelqu'un qui a imité votre voix ?

Je ne rentrerai pas dans cette polémique puérile, quelquefois même ridicule et même insultante pour moi. Le plus important, c'est aujourd'hui que les relations entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso se portent mieux.

 

Mais simplement, juste cette question toute simple : Pourquoi n'avez-vous pas porté plainte contre les gens qui ont diffusé cette conversation téléphonique ?

Est-ce que ça valait la peine de rentrer dans des débats d'égouts et dans une polémique stérile ? Je remarque au passage que ceux qui m'ont accusé n'ont pas apporté la preuve contraire non plus devant une juridiction.

 

Et cette perquisition à votre domicile de Ouagadougou par la justice burkinabè, comment l'avez-vous vécue en octobre dernier ?

Je suis sans haine, ni rancune. Vous savez, quand vous êtes un homme politique, vous recevez des coups, vous pouvez même être victime de cabales. J'ai trouvé que j'ai été offensé, blessé, meurtri, mais ce n'est pas le plus important.

 

Si je comprends, pour vous, après cette dernière décision de la justice burkinabè, la page est tournée ?

J'ai dit que ce dossier est bien loin derrière moi. Je vais de l'avant.

 

Vous êtes un ami de toujours de Blaise Compaoré. Comment avez-vous réagi au fait que la justice burkinabè continuait de demander l'extradition de l'ancien président ?

Cela est une affaire intérieure au Burkina Faso. Je m'interdis quelque commentaire que ce soit.

 

Blaise Compaoré, c'est pour vous un très grand ami, non ?

Oui, je ne renie pas mon amitié avec Blaise Comparoé. Jusque dans ma tombe, c'est un frère. Je m'honore de son amitié. Je ne dirai pas un mot de plus.

 

Parlons Côte d'Ivoire. Premier rendez-vous politique important, en septembre 2016, la révision de la Constitution. Quels sont à votre avis les points importants qu'il faut modifier ?

D'abord, il était évident pour tout citoyen, et pour moi particulièrement, que la nouvelle Constitution puisse s'imbiber des leçons à tirer de la guerre que nous avons connue.

 

Vous voulez dire qu'il faut en finir avec le problème de l'ivoirité ?

Absolument. Déjà à Linas-Marcoussis [Discussions de sortie de crise post-électorale qui s'est conclue par les accords Kléber, dits de Marcoussis, du 26 janvier 2003], il avait été question de réviser l'article 35 [de la Constitution] sur les conditions d'éligibilité. Mais je pense aussi que, dans le préambule, comme au Rwanda, il faudra bien une phrase pour interdire que la discrimination, la ségrégation, l'exclusion entre citoyens ivoiriens ne puissent prévaloir.

 

Est-ce que vous êtes favorable à la création d'un poste de vice-président ?

Je suis président de l'Assemblée nationale. Vous me permettrez de donner la primeur de ma position à l'occasion de la plénière qui se tiendra à l'Assemblée nationale.

 

Depuis 2011, vous êtes le deuxième personnage de l'Etat. Mais si demain est créé un poste de vice-président, vous risquez de perdre votre place, non ?

(Rires) Vous savez bien que je ne suis pas un homme à m'accrocher aux honneurs et aux préséances protocolaires. Ce sera au président Alassane Ouattara de donner le dauphinat constitutionnel à qui il a le plus confiance. Maintenant je me réjouis d'avoir été le premier à qui il a fait confiance pour confier le dauphinat constitutionnel dans une période aussi difficile que le lendemain de la crise post-électorale de 2011. Je prends ça comme une fierté et je l'en remercie.

 

Oui, mais il va y avoir nécessairement une querelle entre ce vice-président et le président de l'Assemblée pour savoir qui est le deuxième personnage de l'Etat ?

Ah non, non. Il ne peut pas y avoir de querelle. Le vice-président sera la deuxième personnalité de l'Etat de Côte d'Ivoire et sera détenteur du dauphinat constitutionnel.

 

En ce qui vous concerne personnellement Guillaume Soro, est-ce que vous serez à nouveau candidat aux élections législatives de novembre prochain ? Et si vous êtes réélu, est-ce que vous serez candidat à nouveau à la présidence de l'Assemblée nationale ?

Mais c'est bien vous qui disiez quelquefois qu'on ne change pas une équipe qui gagne ! Donc je pense avoir fait du bon travail à l'Assemblée nationale. Je serai candidat pour être député dans ma circonscription Ferké-Commune [Ferkessédougou-Commune, dans le no (...)



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