Les accusations contre Gbagbo sont ''farfelues'', assure son avocat à la CPI (TROIS QUESTIONS-DOSSIER)


(Photo d'archives)
  • Source: AFP
  • Date: mer. 27 janv. 2016
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La Haye - L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, dont le procès s'ouvre jeudi à La Haye, est accusé d'avoir fomenté un plan commun incluant meurtres et viols afin de rester au pouvoir après l'élection de son rival et actuel président Alassane Ouattara en novembre 2010.

M. Gbagbo, 70 ans, se serait appuyé à cet effet sur un réseau de partisans placés au sein de l'armée et de la police, selon le procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Des accusations que son avocat principal, le Français Emmanuel Altit, qualifie d'"hypothèse farfelue".

QUESTION : Le bureau du procureur admet lui-même qu'une part "substantielle" de la preuve a été fournie par le gouvernement d'Alassane Ouattara. Que pensez-vous du dossier de l'accusation ?

REPONSE : "Nous avons déjà montré dans le passé les faiblesses, les contradictions, les impossibilités et les incohérences qui truffent la thèse de l'accusation. Le dossier est bancal car il n'est que la reprise d'une tentative de légitimation de la prise de pouvoir, par la force, d'Alassane Ouattara : un narratif de nature politique. Pour montrer qu'Alassane Ouattara était le président légitime, il a fallu diaboliser Laurent Gbagbo, montrer à la communauté internationale qu'il y avait un bon et un méchant. Il n'y a rien dans le dossier du procureur sur un lien hiérarchique entre le président Gbagbo et les crimes qui ont été commis, sur le fait qu'il aurait placé des affiliés à des postes stratégiques. On va démontrer pendant le procès qu'il s'agit d'une hypothèse complètement farfelue. Ça ne tient pas une seconde.

Quant aux preuves, on attend d'un procureur de la CPI qu'il mène son enquête de manière tout à fait indépendante, des vainqueurs comme des vaincus. C'est le seul moyen de trouver la vérité. Le procureur a-t-il enquêté de manière indépendante ou s'est-il reposé sur le narratif et des éléments de preuves fournis par d'autres? Nous demanderons aux juges d'être extrêmement attentifs".

Q: Quel est l'état d'esprit de Laurent Gbagbo après plusieurs années de détention ?

R : "Pour le président Gbagbo, être en prison n'est qu'une parenthèse dans une vie déjà longue, déjà riche. Il avait déjà été emprisonné dans le passé à cause de son engagement pour la démocratie. Pourquoi ? Car Laurent Gbagbo est un homme de convictions, un homme sincère, qui s'est toujours battu pour la démocratie. Il est le promoteur de la démocratie en Côte d'Ivoire, c'est lui qui avait permis l'instauration du multipartisme dans le pays. Il a participé à l'élaboration de sa défense et il est très confiant. Il veut que ce procès fasse éclater la vérité".

Q : Lors de sa première comparution, M. Gbagbo avait assuré vouloir faire éclater la vérité sur le "complot français" qui a causé sa chute. Est-ce toujours d'actualité ?

R : "Tout le monde vous le dira, la chute du président Gbagbo a été préparée, organisée, planifiée et mise en oeuvre à Paris. Ce procès est important car il donnera à voir la réalité des rapports entre la France et la Côte d'Ivoire, un système fondé sur la corruption, un système par définition anti-démocratique".

Propos recueillis par Maude BRULARD

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