Interview exclusive / Crise post-électorale : Désirée Douati (Porte-parole du Collectif des femmes des détenus) : « Des personnes incarcérées ne sont sur aucun fichier » - Ce qu'elle dit des cas Hubert Oulaye, Dano Djédjé, et Koua Justin


«Il faut rendre à tous les détenus politiques, leurs libertés confisquées afin que la Côte d’Ivoire évolue vers la vraie réconciliation», déclare Désirée Douati.
  • Source: Soir Info
  • Date: vend. 12 juin 2015
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Fille de l'ancien ministre de l'Agriculture et ponte du Front populaire ivoirien, Désirée Douati assure le porte-parolat du Collectif des femmes des détenus de la crise post-électorale (Cofed). Mlle Douati a, elle-même, été arrêtée puis relâchée, à deux reprises. Elle évoque, avec L'inter, les conditions de vie des prisonniers et plaide pour leur libération.

Quelles missions votre collectif s'est-il assigné ?

C'est un collectif qui regroupe les femmes de détenus. On y retrouve naturellement les épouses des détenus, mais plus largement, les sœurs et les mères des personnes détenues en Côte d'Ivoire depuis la fin de la crise post-électorale, c'est-à-dire depuis le 11 avril 2011. L'objectif majeur est de lutter pour le respect des droits de nos parents injustement incarcérés. Le collectif regroupe environ 150 personnes qui partagent la même douleur d'avoir un proche en détention politique.

 

Comment vous est-il venue l'idée de lancer une telle association ?

L'idée est née le 31 octobre 2012, lorsque nos parents ont été enlevés de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan vers une destination inconnue. Ce jour-là, Mme Blédou, la mère d'un détenu, a décidé de réunir les femmes dans l'intention de faire respecter les droits des personnes incarcérées. Il n'est pas normal que l'on arrive dans une maison d'arrêt et que l'on sorte un prisonnier sans aucun mandat. Le but premier était de mettre fin aux déportations. Dans un second temps, lutter pour le respect de leurs droits, et surtout pour leur libération.

 

Combien sont-ils, vos époux et proches qui sont incarcérés ?

Il y a, à ce jour, exactement 394 personnes qui sont détenues. 48 d'entre elles ont été déjà condamnées dans le cadre des procès en assises ou à la suite de procédures diverses.

 

Parvenez-vous à rendre visite à vos proches dans les prisons ?

Ce n'est pas toujours évident. Mais, nous arrivons à leur rendre visite, notamment à ceux qui sont à la Maca et à l'Ecole de gendarmerie. Ce n'est pas évident parce qu'il n'est pas aisé pour une femme, dont le mari est sans salaire et qui, elle-même, ne travaille plus, de se rendre à Séguéla, Man, Toumodi ou bien à Bouna.

 

A quand date votre dernière visite aux détenus ?

Notre dernière visite date d'hier (jeudi 4 juin 2015, ndlr), aux détenus de la Maca.

 

Avez-vous rencontré des personnalités telles que Lida Kouassi, Assoa Adou ?

Il faut signaler que notre collectif est apolitique. C'est vrai qu'on a pu voir le ministre Lida, le ministre Assoa Adou et le ministre Dogbo Raphael, mais pas en tant qu'autorités politiques, mais plutôt en tant que des pères de famille. Nous voyons également des personnes que le grand public ne connaît pas forcément et qui sont incarcérées illégalement depuis près de quatre ans. Je prendrai un exemple au hasard, Diomandé Marius, que peu de personnes connaissent. Ou encore M. Bléka, en prison depuis trois ans. Nous voyons tous les prisonniers, y compris le sous–préfet Kaphet Aimé, incarcéré depuis août 2012, administrateur civil en poste à San-Pedro au moment de son arrestation et qui est rentré à la Maca avec sa tenue de commandement. Du jamais vu.

 

Etes-vous satisfaite de leurs conditions de détention ?

Nous ne sommes pas satisfaite de leurs incarcérations. S'agissant des conditions de détention, on ne peut jamais en être satisfait quand on sait qu'en Côte d'Ivoire, un prisonnier politique est traité sans égard, ni pour ses droits, ni pour sa condition humaine. Nous trouvons, d'ailleurs, la détention de nos parents abusive. Dans le droit pénal international, la détention préventive est de dix-huit mois maximum. Mais, des personnes sont incarcérées depuis trois ans. C'est illégal! Pour nous, ces personnes doivent être mises en liberté provisoire, à l'instar de tous les cadres politiques, qui ont bénéficié de cette mesure.

 

A qui pensez-vous, en particulier, en parlant de liberté provisoire ?

Il faut rendre à tous les détenus politiques, leurs libertés confisquées afin que la Côte d'Ivoire évolue vers la vraie réconciliation.

 

Votre collectif a mené des actions en faveur des détenus. Avec quels résultats ?

Depuis 2012, nous avons mené différentes actions sur le plan politique et diplomatique. Nous avons rencontré les autorités en place. Nous avons fait des grèves de la faim, des marches, des sit-in. Aujourd'hui, nous continuons ce que nous avons commencé, à savoir les négociations. Nous n'avons aucun pouvoir, ce sont des négociations que nous engageons. Il faut dire que notre bilan est acceptable, car de 800 personnes détenues, nous en sommes à 394. Nous y avons apporté notre contribution. Les déportations et les enlèvements dans les prisons se sont estompés. Les organisations des droits de l'homme accordent désormais une forte attention aux détenus politiques.

 

Avez-vous été reçue par des chancelleries ?

Nous avons été reçues par la représentante sp&e (...)

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