Côte d'Ivoire / Sess Soukou Mohamed (Député-maire de Dabou) : « Guillaume Soro ne m'a jamais dit qu'il veut être président de la République » - « PDCI au pouvoir en 2020, les gens font un amalgame » - « Au temps de Gbagbo, ici à Dabou, le Sous-préfet a fait distribuer des cartes d'identité »


Sess Soukou Mohamed met les opposants en garde contre toute idée de violence au cours de la présidentielle.
  • Source: linfodrome.com
  • Date: jeu. 11 juin 2015
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Ex-membre de la rébellion, Sess Soukou Mohamed dit Ben Souk est le Député-maire de Dabou, sous la bannière du Rdr. Dans cette interview réalisée le mardi 2 juin, il parle de la situation sécuritaire à Dabou, la présidentielle, l'alternance 2020, etc.

Quelle est aujourd'hui la situation à Dabou, passée la crise post-électorale ?

La situation sécuritaire à Dabou est à l'image de celle de la Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, nous vivons ce calme que le pays connaît grâce aux efforts du gouvernement pour y faire régner la paix et lui permettre d'être un pays fréquentable. Il est vrai que, comme toutes les autres villes et régions, Dabou a connu quelques difficultés politiques, sécuritaires, surtout quand les miliciens chassés de Yopougon y sont passés pour tenter de rejoindre le Liberia. Ça été très douloureux pour nous, mais nous n'allons pas en rester là. Il y a eu des problèmes, il les faut les régler et bien vivre. En tant que député-maire de la commune, j'ai parlé aux chefs de villages, aux responsables des jeunes, aux Ong, aux associations de femmes et tous les autres groupes, et ils m'ont compris. Dans un langage familier, je leur ai dit qu'on a certes connu des problèmes, mais devrait-on demeurer dans ces problèmes ? Finissons-en et vivons. C'est ce qui a été fait.

 

Depuis un moment, il n'y a plus d'attaques à Dabou contrairement à Tabou et Grabo. Que s'est-il passé ?

Il faut comprendre la différence entre la situation de Dabou et celle des autres. Ces endroits cités se trouvent à la frontière de la Côte d'Ivoire avec le Liberia. Or, Dabou a connu des problèmes par rapport à sa proximité avec Abidjan. Les miliciens chassés d'Abidjan y ont transité pour rejoindre la frontière Ouest. Mais Dabou étant une ville proche d'Abidjan, les gens ont cru que le FPI allait reconquérir le pouvoir par la guerre. Selon ces derniers, il faut rester à Dabou qui est proche d'Abidjan et créer des troubles. Le gouvernement étant très vigilant a tout fait pour mettre fin à ces attaques, en extirpant des plantations de bananiers, d'hévéa et des îles, les gens qui attaquaient de manière récurrente la ville de Dabou. Avec le concours des uns et des autres, nous donnions des informations au gouvernement qui partait les chercher dans leurs maquis. Devant la réaction du gouvernement, ils sont tous partis. D'autres ont accepté de déposer les armes ; il y en a qui ont rejoint leurs camarades au Liberia. Mais dans tous les cas, aujourd'hui, il n'y a personne de ces gens. La ville a retrouvé son train de vie normal.

 

Donc, il y a la paix !

Bien sûr qu'il y a la paix.

 

Ville historique de Côte d'Ivoire au même titre que Bassam et de Bingerville, Dabou accuse un retard dans son développement par rapport ces deux villes. Comment l'expliquez-vous?

Je ne pense pas qu'il y ait retard, parce que le retard est économique et c'est à l'image du pays. Dabou est une ville agricole avec cette particularité d'avoir à la fois de la forêt et de la savane. Il y très rare d'avoir ces végétations ensemble dans un même endroit. Donc, nous avons accueilli dès les premières heures des expatriés qui ont créé des plantations agropastorales telles que la Saph, la Sodepalm, l'Irho. Il y a eu plusieurs entreprises qui se sont installées à Dabou. Donc, la ville est développée, on y trouve beaucoup d'écoles. C'est d'ailleurs l'une des villes de Côte d'Ivoire où il y a beaucoup d'écoles. Mais en matière d'infrastructures, le retard de Dabou est à l'image de la Côte d'Ivoire. C'est pourquoi nous louons la vision du Président Alassane Ouattara, qui a mis un programme en marche. Mais en quatre ans, on ne peut pas résoudre un retard vieux de 50 ans. Ça aussi, c'est une réalité. Les gens sont pressés mais ils doivent comprendre qu'on ne peut pas régler ces problèmes en si peu de temps. C'est pour cela que nous demandons aux populations d'accorder une seconde chance, un second mandat au Président Ouattara pour qu'il puisse se concentrer sur les villes de l'intérieur comme il a promis lui-même, après qu'il ait permis à Abidjan de connaître un boom de développement. Ce n'est un secret pour personne qu'Abidjan a pris de l'avance sur les autres villes de l'Afrique. Je pense donc qu'avec un second mandat, le Président va se pencher sur les villes de l'intérieur et les villes historiques que nous sommes. C'est-dire que Dabou, Bingerville et les autres vont connaître un développement très rapide, parce que le Président Ouattara quand il veut faire les choses, il n'y a pas de demie mesure. J'ai espoir parce que je l'ai écouté parler et il m'a dit : «  je vais développer la Côte d'Ivoire, je vais faire de la Côte d'Ivoire un pays où il fait bon vivre ». Il m'a confié que les Européens chercheront le visa pour venir en Côte d'Ivoire. Et Abidjan étant la base, il fallait commencer par là. Cela ne veut pas dire qu'il a oublié le reste ; c'est une question de temps. Les Ivoiriens doivent se montrer patients parce qu'on ne peut pas tout obtenir en même temps. Mais si nous accompagnons le Président par nos comportements, évidemment que nous aurons tout ce que nous voulons.

 

Mais quel est le projet que le maire a pour sa commune pour en faire un lieu touristique?

Les sites existent déjà. Comme vous l'avez dit, Dabou est une ville historique et le tourisme est différent du développement infrastructurel. Ici, on a le fort, le port, les anciennes écoles, les maisons coloniales. Ce sont des choses que le développement fera ressortir. Nous les avons déjà énumérés et avons adressé un cahier au ministère de l'Urbanisme dans ce sens. En même temps, le ministère des infrastructures a fait un programme de développement avec les grands travaux. Les assainissements vont se faire. Pour cette année, nous avons obtenu le bitumage de quinze kilomètres de voie. Je pense qu'avec le temps, tout va se développer. Nous avons mis l'accent sur l'agriculture et nous avons demandé aux jeunes de retourner à la terre comme Houphouet l'a motivé dans les années 70. Devenir un planteur ou un agriculteur n'est pas un mal. Nous travaillons avec le ministère de l'Agriculture qui a pris notre dossier en main et qui a promis de faire de Dabou une zone d'expérience d'agriculture pour le sud.

 

Quand vous parlez de comportement, voulez-vous dire qu'il y a un comportement des gens de Dabou qui n'est pas bienséant à l'égard du chef de l'État ?

Non, pas dans ce sens. Nous parlons de la Côte d'Ivoire. Le Président de la République a placé sa campagne sous la bannière du Rdr et après le Rhdp, comme stipulent les textes. Il a été positionné par le Rhdp et a gagné les élections. Du coup, il devient le Président de la Côte d'Ivoire. Il n'a pas à dire que tel l'a soutenu ou pas, il développe la Côte d'Ivoire. Ces visites sont programmées et à chaque fois qu'il visite une région, il développe la région. C'est vrai qu'il n'est pas venu à Dabou mais il a dit qu'il viendra. Nous n'avons pas à lui imposer un programme, c'est le Président de la République. Tout ce qu'on nous demande, c'est la patience, nous ne sommes pas les premiers ni les derniers. Je demande aux Ivoiriens d'être patients et surtout de préserver les acquis. Ces acquis peuvent être démocratiques. Lorsqu'un président est élu, il devient le chef de l'État, donc le Président de la République pour tout le monde et tout le monde doit le soutenir. Ceux qui sont encore dans des considérations néfastes, je pense qu'ils n'ont rien compris et perdent le temps. Parce que cela ne va ni mettre fin au règne du président ni aux travaux qu'il a entrepris, donc c'est inutile.

 

Vous parliez d'une probable visite du chef de l'Etat, alors quel accueil pensez vous que la population de Dabou va lui réserver parce qu'on sait que cette population s'est montrée, selon l'histoire, hostile au président Houphouet Boigny, mais a pris faits et cause pour le président du Fpi qui était Gbabgo. Aujourd'hui encore, on sent cet attachement à sa personne, pensez-vous que cela a changé?

Je voudrais tout simplement vous dire que Dabou n'est pas le bastion du Fpi contrairement à ce que les gens pensent. Chaque fois qu'un président est venu, Dabou l'a soutenu. Mais je dis pour être président, on va en campagne. On peut soutenir un candidat au cours d'une campagne et ce candidat perd, cela ne veut pas dire que celui qui est élu, qui a gagné les élections ne sera plus apprécié par la population tierce. Je suis Maire Rdr, mais ceux qui m'ont voté ne sont pas forcement du Rdr. Tout est une question d'approche, nous sommes les élus. J'ai fait la promotion du président Alassane Ouattara ici à Dabou parce qu'un président, ce n'est pas sa personne, c'est son rendement, c'est sa vision. J'ai dit aux gens de Dabou que la politique, ce n'est pas le fanatisme. Un président ne se promène pas dans les villages, les régions pour donner de l'argent aux gens, il travaille. Et ce travail doit apporter des bénéfices aux Ivoiriens que nous sommes. C'est ça le plus important. Quand le président sera ici, vous serez surpris de voir la foule sortir. Il y a eu des changements à Dabou, je dirais même beaucoup. Il y avait des écoles qui n'avaient pas d'enseignants, des écoles qui avaient des toitures de plus de 40 ans, l'axe Dabou-Abidjan qui dure normalement 30 minutes, on le parcourait en plus d'une heure. Aujourd'hui, tout cela n'est que de l'histoire, tout a été rétabli. Les Adioukrou ne sont pas dupes. C'est vrai que quand vous leur parlez, ils évoquent la chute du prix de l'hévéa. Je n'ai jamais produit l'hévéa, je ne sais donc pas comment il fonctionne. Mais, je ne pense pas qu'un Président puisse diminuer le prix des matières premières pour faire du mal à ses administrés. D'ailleurs, on nous dit que le prix de l'hévéa est fixé à Singapour. Toujours est-il que le Président, aussi conscient qu'il est y trouvera une solution un jour. Mais Dabou n'est pas hostile au Président Ouattara. Quand il sera là, vous me direz si la foule a été présente ou pas. D'ailleurs, je reçois quotidiennement des coups de fils, je suis en collaboration avec des chefs de villages, les gens n'attendent que ça et aux élections, vous allez voir ce qui va se passer.

 

Vous promettez une victoire du chef de l'État à 100 %, à 75% ou à 50%, au premier tour?

Je ne peux pas dire qu'on aura 100 % ici à Dabou parce qu'il y a plusieurs partis, mais dire que le président n'aura pas la majorité, je vous dis non.

 

Parlant de la présidentielle, croyez-vous que tout est fin prêt pour une élection apaisée ? Parce qu'à la lecture du désistement de candidats, les plaintes des opposants, on a l'impression que cette présidentielle sera aussi mouvementée.

J'ai eu la chance d'être à la Cei (Commission électorale indépendante) comme commissaire central, avant d'être Maire-Député de Dabou. J'entends les gens parler des élections, proférer des menaces, je pense tout simplement que c'est du trafic d'influence. Dans ce pays, beaucoup de choses ont changé, il faut le reconnaître. Il n'y a plus d'escadron de la mort ni de menaces à Abidjan ; la guerre est finie. En 2010, les élections étaient apaisées, il n'y a pas eu de violences au cours du scrutin. C'est la gestion de l'après-élection, c'est à dire la reconnaissance du vainqueur qui a posé problème. J'attends certains leaders politiques raconter des histoires. Quand vous faites venir en Côte d'Ivoire tous les chefs d'États Africains, ce qu'on a appelé le Panel, qui reconnaissent la victoire du Président et qu'un seul individu dit qu'il ne veut pas, vous appelez cela des élections mal organisées ? Ce n'est pas les élections. Les gens font de l'amalgame. On a été aux élections, les Ivoiriens ont voté démocratiquement, il restait aux candidats de reconnaître leur défaite, c'est ce qui a manqué. Quand je lis les leaders politiques, les opposants, je pense qu'ils sont en train de préparer des troubles et ils seront les seuls responsables. Nous sommes avec la population et aucun Ivoirien ne veut la guerre, je dis bien aucun. Si on veut affronter le Président Ouattara, allons-y aux élections. Puisqu'il n'a cessé de dire que s'il est battu, il reconnaîtra sa défaite. Nous sommes là, personne ne viendra provoquer la chienlit, ça ne va pas se faire. Dans ce pays, quand vous voyez le Pdci et le Rdr s'unir pour aller aux élections, comment un candidat indépendant peut-il gagner ces élections? C'est de l'arithmétique ça ! Des candidats qui ne font pas le poids dans leur région et qui prétendent être président de la République ! C'est le bilan qui fait gagner un candidat aux élections. Alassane Ouattara, avant qu'il ne soit président, son rayonnement au plan international était son bilan. Aujourd'hui qu'il est Président, le travail qu'il fait est son bilan. Les autres, quel bilan ont-ils? Qu'ils arrêtent ça ! Parce qu'ils veulent un poste, ils veulent traîner les Ivoiriens dans la boue, ce n'est pas normal.

 

Les mairies Rdr seraient des laboratoires de la fraude sur la nationalité afin de constituer un bétail électoral pour Ouattara. Selon l'opposition, cette affaire des centaines de cartes d'identité trouvées en possession d'une dame vient confirmer cette opinion ?

Au temps de Gbagbo, ici, à Dabou, le Sous-préfet a fait distribuer des cartes d'identité et des extraits de naissance de manière frauduleuse. Est-ce que Gbagbo a gagné les élections ? Ce n'est pas ça qui fait gagner les élections. Les fraudes sur les pièces d'identité, ça existe partout dans le monde, comme la fraude sur les billets de banque. Mais est-ce le Président Ouattara qui a envoyé quelqu'un pou (...)

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