Crise au FPI et présidentielle 2015 / Interview exclusive : Amani N'guessan assène ses vérités aux ''frondeurs'' et à Alassane Ouattara - ''Je me pose la question sur le silence de Gbagbo'' - ''Point question de jurisprudence ici !''


Michel Amani N'guessan, ex-ministre de la Défense sous Laurent Gbagbo.
  • Source: Linfodrome.com
  • Date: mer. 25 mars 2015
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Crise au Front Populaire Ivoirien (FPI) et le silence de Laurent Gbagbo, le procès des pro-Gbagbo, l'article 35 et l'éligibilité de Ouattara, la gestion de Ouattara, la présidentielle de 2015, sont entre questions auxquelles a répondu Michel Amani N'guessan, ex-ministre du FPI, proche d'Affi N'guessan, le vendredi 20 mars 2015.

Le FPI est divisé en deux blocs. M. Michel Amani N'guessan fait partir de ceux qu'on appelle des pro-Affi. Pourquoi avez-vous fait ce choix?

Amani N'guessan Michel : Je crois que le Fpi est effectivement divisé aujourd'hui en deux blocs. On veut identifier les blocs à des personnes. On parle donc des pro-Affi et abusivement d'ailleurs, des pro-Gbagbo, puisque Gbagbo n'est pas là. Nous sommes tous des fidèles de Gbagbo. Il ne saurait avoir des pro-Gbagbo et de anti-Gbagbo. Ce sont ceux qui veulent nous exclure de la troupe de Gbagbo qui parlent de anti-Gbagbo, sinon il y a une réalité politique qui est présente aujourd'hui au Front Populaire Ivoirien. A la suite de la crise post-électorale, le Président Gbagbo a été déporté à la Haye, il s'agit tout simplement de savoir qui va donc diriger le Front Populaire après lui. C'est donc une lutte pour le contrôle du parti. Et dans cette lutte, d'autres ont choisi la voix de l'illégalité et nous, nous avons choisi la voix de la légalité. Au Front Populaire Ivoirien, pour diriger le parti, on procède par élection au congrès. Nous attendons d'aller au congrès pour voir les adversaires du président Affi N'guessan. S'il est battu, il se retire tranquillement de la tête du parti ; s'il gagne, il continue. Mais certains camarades n'ont pas voulu attendre ce moment-là, et ils utilisent des méthodes anti-démocratiques qu'on pourrait qualifier de coup d'État, contre M. Affi. C'est ce que nous autres, nous ne supportons pas, parce que nous vivons dans un pays où il y a un pouvoir qui est établi sur la base d'un putsch, d'un coup d'État, ce que nous condamnons ! On ne peut donc pas, dans notre propre parti, répéter cela ; imiter cela, ce n'est pas l'exemple. Voyez-vous, ceux qui veulent prendre le pouvoir par la force ont même baptisé leur siège qu'ils sont allés prendre, ''Bouaké''. De triste mémoire, Bouaké nous rappelle la capitale de la rébellion et ils ne se comportent pas différemment de cette rébellion. Tous les actes qu'ils posent, c'est exactement ce que la rébellion a fait en Côte d'Ivoire. C'est pourquoi, nous nous trouvons du côté de la légalité, du côté de M. Affi N'guessan.

 

Vous avez parlé du congrès qui devait avoir lieu, mais qui n'a pu se tenir. Quand est-ce qu'il sera finalement organisé?

Amani N'guessan Michel : D'abord, il faudrait qu'on se pose la question de savoir pourquoi le congrès n'a pas eu lieu.

 

Linfodrome : Expliquez-nous donc ce qui s'est passé !

Amani N'guessan Michel : Un congrès devrait se tenir du 11 au 14 décembre 2014. Quant on va à un congrès, soit il est électif ou il ne l'est pas. Notre congrès devrait être électif et dans ces conditions, on fait un appel à candidature. Tous ceux qui sont aujourd'hui en liberté en Côte d'Ivoire ont le droit de se présenter à la présidence du parti. M. Affi N'guessan s'est présenté pour se succéder à lui-même. En face de lui, il n'y a pas de candidat en liberté. Nous avons vu des groupes de camarades militants qui ont suscité la candidature de M. Gbagbo Laurent. Mais, même quand il y a une candidature qui est suscitée, il faut l'accord de principe du candidat suscité. Nous n'avons pas vu les preuves de cet accord. On nous a présenté des preuves falsifiées. On ne peut pas se jouer de nous à ce niveau de responsabilité. On ne peut pas accepter qu'on se joue de nous, nous avons refusé donc qu'on se joue de nous.

 

Linfodrome : M. le Ministre, ce que les gens ne comprennent pas, c'est le silence du candidat suscité, Laurent Gbagbo. Comment expliquer qu'il soit silencieux sur cette crise qui secoue son parti ?

Amani N'guessan Michel : Moi-même j'en suis à me poser la question de savoir pourquoi, mais la réponse appartient à M. Gbagbo Laurent. Lui seul peut répondre à cette question, pourquoi il ne tranche pas. Je ne saurai répondre à cette question.

 

Linfodrome : Aujourd'hui, on a un FPI divisé en deux blocs, avec deux présidents. Pensez-vous qu'il est possible de ressouder ce parti pour le présenter comme Gbagbo l'a laissé quand il partait à la Haye ?

Amani N'guessan Michel : Je voudrais préciser qu'on ne peut pas parler d'un FPI avec deux présidents. Dans un État de droit, le droit vous confère le titre ou pas. Le droit ne confère jamais le titre à deux personnes. Donc pour le moment, la légalité est du côté de M. Affi N'guessan. C'est par abus de langage, sinon demain je peux me proclamer président de la République de Côte d'Ivoire à côté de M. Alassane Ouattara, qui me prendrait au sérieux dans un État de droit ? Tout n'est gesticulation à côté de M. Affi N'guessan, ça ne va pas plus loin. Ils doivent chercher à être entourés d'un verni de légalité, ils ne l'auront jamais. Parce que chez nous, il y a des textes comme dans un État il y a une Constitution. Il faut respecter simplement la Constitution ou les textes que l'organisation associative se donne. Les autres sont à côté des textes, ils ne peuvent donc pas se prévaloir des responsabilités qu'ils assument par usurpation et ils devront répondre devant la loi.

 

Linfodrome : Certains de vos militants ne comprennent pas que le président de leur parti assigne certains de ses camarades en justice. Ils ne comprennent pas comment le président peut le faire ?

Amani N'guessan Michel : S'ils ne le comprennent pas, c'est qu'ils n'ont pas d'expérience de vie simplement. En vérité, ils comprennent. Vous même qui m'interrogez aujourd'hui, vous allez souvent au tribunal, vous voyez très bien qu'il y a des couples qui se retrouvent au tribunal. Est-ce que vous vous posez la question de savoir pourquoi des gens qui se sont aimés au point de se marier et de faire même des enfants, faire un projet de vie ensemble, se retrouvent en justice. C'est la même chose. Un couple c'est même plus serré, plus intime que la vie dans un parti. Nous sommes venus d'horizons différents, rassemblés autour d'un projet de société commun. S'il y a des problèmes que les textes ne peuvent pas nous permettre de régler, il est tout à fait normal que dans un État de droit, on ait recours à l'institution au service de tous les citoyens qu'est la justice nationale. C'est ce que nous avons fait.

 

Linfodrome : Alors, comment ressouder le parti ?

Amani N'guessan Michel : Lorsque les hommes ont tout essayé et qu'ils ont vu leurs limites, ils ont rejoint la vérité, soit en cherchant à devenir chrétien. C'est alors qu'ils découvrent que Dieu existe. Mais la légalité existera pour ceux là lorsqu'ils découvriront qu'en empruntant la voie de l'illégalité, il y a des risques graves.

 

Linfodrome : Vous répétez ce que vous aviez dit lors de notre dernier entretien, il y a deux ans, que le pouvoir actuel s'est installé par la force. Quelle est, aujourd'hui, votre analyse de la gestion du pouvoir par le régime Ouattara ?

Amani N'guessan Michel : Je voudrais commencer par le commencement, c'est-à-dire comment ce régime s'est installé. Le Président Gbagbo s'est battu, a fait la prison, a souffert, a connu la persécution, pour instaurer dans ce pays la démocratie qui est une valeur essentielle que nous autres avons accepté et adopté comme étant une valeur essentielle pour sauver notre vie. C'est pourquoi, nous avons suivi M. Gbagbo qui incarnait cette valeur. M. Ouattara est venu et s'est installé contre la démocratie par la force, par les armes. On avait souhaité par la suite qu'il allait suivre des voies pour restaurer la démocratie en Côte d'Ivoire. Or, à notre grand désenchantement, M. Ouattara mène une politique des vainqueurs. Il est entrain de créer une armée de substitution, une armée des vainqueurs, une justice, nous venons de le voir aux assises, des vainqueurs. Il y a eu deux camps qui se sont battus et il se trouve que seul un camp est jugé à la fin de cette guerre. Cela s'appelle simplement la justice des vainqueurs. On considère que tous ceux qui ont été vaincus ont fauté, sont des criminels, il faut les poursuivre. Parmi les vainqueurs, alors qu'il y a des criminels, ces criminels sont promus à des postes extrêmement importants, Préfet de région, dans la haute administration. C'est ce qu'on appelle la politique des vainqueurs. Et bien, tant que nous allons rester dans la politique des vainqueurs, adieu la réconciliation.

 

Linfodrome : Lors de notre entretien il y a deux ans, vous indiquiez que Laurent Gbagbo n'accepterait pas d'entrer dans le gouvernement d'un tel régime. Aujourd'hui, le FPI d'Affi N'guessan collabore avec ce régime est à la CEI, ce que d'ailleurs vos militants vous reprochent. Comment l'expliquez-vous?

Amani N'guessan Michel : Qu'est ce que vous appelez collaboration ? Il y a des institutions dans le pays et les institutions là n'appartiennent pas à M. Alassane Dramane Ouattara. Ce sont des institutions républicaines, nous avons notre part à prendre dans ces institutions. Il ne faut pas s'exclure du pays, nous sommes des Ivoiriens et en tant que tels, il n'est pas question de collaborer avec Alassane Dramane Ouattara, non ! Il est question de poser des actes pour contrarier, pour jouer notre rôle d'opposants. Comment peut-on jouer notre rôle d'opposants si nous ne prenons pas notre place dans le jeu politique. Faut-il rester à la maison et comment pourrions-nous alors contester, comment pourrions nous nous opposer ? Imaginez-vous un seul instant que la CEI décide de faire des listings avec des naturalisés à tout vent, où voulez-vous qu'on conteste ou qu'on s'oppose, si ce n'est à l'intérieur de la CEI.

 

Linfodrome :On parle de collaboration parce qu'on ne comprend pas le mutisme du FPI sur certaines actions du gouvernement, des événement qui se produisent en Côte d'Ivoire. C'est comme si le FPI d'Affi N'guessan caressait le pouvoir dans le sens des poils ?

Amani N'guessan Michel : Quand vous êtes malades, vous ne venez pas interviewer les gens quand vous êtes couchés sur un lit d'hôpital, non ! Cela ne veut pas dire que vous renoncez à votre rôle de journaliste. Tout à l'heure, vous avez commencé par ça, qu'il y a une crise au FPI. Effectivement, je reconnais qu'il y a une crise profonde au FPI. Nous avons des chats à fouetter dans la famille, mais permettez nous de régler nos problèmes et nous sommes suffisamment avancés malgré l'existence de cette crise. Vous ne voyez pas les déclarations que nous faisons pour condamner telle ou telle chose. La dernière déclaration en date, c'est sur l'éducation nationale par rapport aux grèves qui ont eu lieu. Nous ne comprenons pas le mutisme du gouvernement sur cette grève. Nous condamnons donc ce mutisme. Il faut que le gouvernement fasse quelque chose pour régler le problème des enseignants pour que l'école rouvre, que nos enfants partent à l'école. C'est une réaction et nous en avons plusieurs comme ça. J'en ai moi même pondu une sur la sécurité. Certains voudraient plutôt utiliser d'autres méthodes dans la réaction, c'est de cela qu'il faut parler. Aujourd'hui, quelle méthode utiliser pour dire qu'on est dans l'opposition ? Certains proposent la violence. Nous, nous proposons le dialogue politique et la n&eac (...)

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