Situation politique en Côte d'Ivoire : D'importantes révélations sur Bédié et Ouattara - Ce qui s'est passé entre eux au palais présidentiel ghanéen


Bédié a fini par appeler à voter Ouattara en 2010 (Photo d'archives)
  • Source: Soir Info
  • Date: mer. 24 déc. 2014
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Longtemps, ils se sont détestés. Aujourd'hui, pourtant, Henri Konan Bédié a sacrifié son parti pour soutenir Alassane ouattara. Lequel sait bien ce qu'il lui doit à un an de la prochaine élection présidentielle.

Les membres de Magic System sont là, qui se trémoussent sur la scène au rythme d'un coupé-décalé sirupeux. En cette fin d'après-midi du 16 décembre, Alassane Ouattara savoure l'instant. C'est plus qu'un pont qu'il vient d'inaugurer: c'est le pont Henri-Konan-Bédié, et elles ne sont pas nombreuses, les personnalités ivoiriennes qui ont pu voir leur nom inscrit de leur vivant sur la carte d'Abidjan. Le président Ouattara sait que son ancien ennemi et prédécesseur à la tête de l'État, devenu un allié indispensable dans la course à l'élection de 2015, en sera flatté. Il espère aussi que leur union en sortira renforcée. Bédié, lui, ne boude pas son plaisir et s'enthousiasme: « Ce pont vaut à lui seul deux mandats! » Rien que ça. Il faut dire que ces derniers mois, les deux hommes ont pris soin de se donner des gages de fidélité. Surtout depuis que, le 17 septembre, Bédié a confirmé ce que tous pressentaient: son parti, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci), se rallie à la cause du président sortant et ne présentera pas de candidat au scrutin de l'année prochaine.

Dans les rangs du Rassemblement des républicains (Rdr, au pouvoir), on a salué ce magistral gambit de Ouattara, qui a fait là « le plus beau coup politique de son mandat». On a répété que si Bédié renonçait à lancer le Pdci dans la course et sacrifiait ainsi les ambitions de sa propre formation, sans même prendre la peine de consulter les militants, c'est parce qu'aucun de ses cadres n'était prêt à prendre la relève.

Entre les deux hommes, les choses n'ont pas toujours été simples. Bédié ne s'est pas toujours plu à répéter qu'Alassane Ouattara était « un travailleur infatigable », « un bâtisseur ». Les proches de l'ancien président, arrivé au pouvoir à la faveur de la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993, n'ont pas toujours vu en lui un homme de paix qui a fait le choix de la stabilité pour la Côte d'Ivoire». Un familier des deux protagonistes résume ainsi leur relation: Ouattara et Bédié ne se craignent pas. Le premier a su apprivoiser le second et lui donner l'impression qu'en lui apportant son soutien, il allait œuvrer à la paix et à la destinée du pays. » En bon stratège, Ouattara, 72 ans, bichonne Bédié, 80. Depuis New York, en marge de l'assemblée générale de l'ONU, ou lors de ses déplacements à l'étranger, il ne manque jamais d'appeler son aîné. Au téléphone, il lui donne du « grand frère» tandis que, confortablement installé dans l'une de ses somptueuses demeures de son village de Daoukro ou d'Abidjan, le vieux chef baoulé distille conseils et analyses. L'un de ses visiteurs décrit avec humour un « cliché d'ancien dictateur à la retraite, apaisé», considérablement renforcé par son alliance avec Ouattara et qui, en bon notable réputé pour son goût du faste, aime recevoir ses hôtes au bord de la piscine, avec cigare et coupe de champagne, pour évoquer les grands chantiers du pays. Ouattara veille à le consulter avant chaque grande décision. Il met à sa disposition son avion privé et lui assurerait même, selon les mauvaises langues, une retraite dorée - une manière habile d'entretenir un ego et de ménager la susceptibilité d'un homme qui n'a certes plus l'âge de convoiter la magistrature suprême, mais qui peut encore infléchir le vote baoulé. Et puis le président ivoirien donne des gages au clan Bédié. Il a recruté un des fils du Sphinx, Jean-Luc Bédié, comme conseiller économique. Surtout, nombre de ministères et de postes clés de l'appareil d'État ont été confiés au Pdci.

 

AMBITIONS DÉBORDANTES.

Pourtant, nul n'a oublié les passes d'armes et les rivalités d'autrefois. Un « je t'aime moi non plus» qui a viré à la haine sur fond d'intrigues de succession et d'ambitions débordantes. Tout remonte au début des années 1990. Félix Houphouët-Boigny a pris soin « d'attiser une mésentente entre les deux qui allait mener au désastre », comme l'explique Frédéric Grah Mel dans sa biographie du « Vieux ». À la présidence de l'Assemblée nationale, Bédié est de facto le dauphin constitutionnel du chef de l'État. Patient, discret et avide de pouvoir, il attend son heure, certain que le pouvoir lui est dû. Il observe avec méfiance les moindres faits et gestes du Premier ministre Ouattara et déteste voir grandir l'influence de ce technocrate à mesure que se dégrade la santé ­d'Houphouët. Bon gré mal gré, les deux quinquas collaborent. Ils se retrouvent chaque mardi pour préparer le Conseil des ministres, mais ils savent que la guerre finira par éclater. Ce qui est en jeu, c'est l'après-Houphouët.

La rivalité va sortir des alcôves du pouvoir le 1er octobre 1992. Ce jour-là, Ouattara exprime publiquement ses ambitions de présidentiable au cours d'un entretien-fleuve accordé à la pr (...)



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