Football : Quand le racisme s'invite dans les stades

  • Source: SPORT-IVOIRE
  • Date: jeu. 16 mai 2019
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L'interruption du match Dijon-Amiens (0-0) le vendredi 12 avril dernier  à la suite de cris de singe adressés au capitaine amiénois, l'ivoirien Prince Gouano s'inscrit dans une succession récente d'actes racistes dans les stades d'Europe, notamment en Italie et en Angleterre. Pays ou aussi faire des paris en ligne devient facile .

"Le racisme existe dans les stades en France, mais on ne peut pas mettre la situation sur le même plan que dans des pays de l'Est ou en Italie", considère le sociologue du supporterisme Nicolas Hourcade, professeur à l'école Centrale de Lyon. "A Dijon, on a vu que c'était le fait d'un supporter isolé qui a pu être identifié et arrêté. Dans d'autres pays, il y a des manifestations collectives où toute une tribune ou une bonne partie peut pousser des cris de singe et lancer des slogans racistes", explique-t-il.

La Ligue va porter plainte

Le soir du vendredi 12 avril dernier, après 77 minutes de jeu, le défenseur et capitaine d'Amiens Prince Gouano, visé par les cris racistes, a commencé à quitter le terrain en lançant vers son banc de touche: "C'est fini on ne joue plus, je ramène mes coéquipiers, on rentre dans le vestiaire". Solidaires, les joueurs se sont arrêtés et certains, dont Gouano sont allés échanger avec les supporters. L'arbitre Karim Abed a également demandé au speaker du stade de faire "bien passer le message, que si ça se reproduit, on arrête".

La Ligue de football (LFP) a annoncé des suites judiciaires et Dijon son intention de porter plainte. "Ces cris répugnants sont contraires aux valeurs transmises par le sport. Ils insultent notre République. Je salue la réaction rapide de la LFP: la racisme n'aura jamais sa place en France", a réagi, pour sa part, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

Des faits déjà dénoncés à plusieurs reprises

L'interruption des matches est régulièrement réclamée par des figures de la lutte contre les discriminations comme l'ancien international français Lilian Thuram. Il l'avait dit en janvier 2018 après des insultes racistes proférées à l'encontre de Blaise Matuidi lors de la rencontre de championnat italien Cagliari-Juventus.

"On n'aborde pas le sujet du racisme comme on devrait le faire. Pourquoi l'arbitre n'a pas arrêté le match, pourquoi les joueurs de couleur blanche ne sortent pas du terrain quand Matuidi se fait insulter ?", avait souligné l'ancien défenseur de France-98. "S'il n'y a pas de questionnement sur le sujet, ce sera la même chose dans 20 ans", prévenait-il.

Blaise Matuidi, pris à partie par les supporters de Cagliari en janvier 2018.

L'Italie, "un cas à part"

L'Italie justement et Cagliari où Blaise Matuidi, à nouveau, et son coéquipier de la Juventus Turin Moise Kean ont été la cible de cris de singe le 2 avril dernier. Au lieu de dénoncer les agissements de leurs supporters, des dirigeants de Cagliari ont préféré stigmatiser la célébration de but de Moise Kean, immobile, silencieux et les bras écartés devant la tribune hostile.

Même Leonardo Bonucci, propre coéquipier de Kean à la Juventus, a estimé que "la faute" était "partagée à 50-50", avant de concéder qu'il avait parlé trop vite et de condamner "toute forme de racisme". Pour le sociologue Nicolas Hourcade, "l'Italie est un cas à part pour deux raisons: son histoire politique avec la prégnance de l'extrême droite et l'organisation de certains groupes de supporters ouvertement fascistes qui peuvent être présents en tribunes".

En Angleterre, des incidents de plus en plus fréquents

Mais en Angleterre aussi, de nombreux incidents ont eu lieu ces derniers jours aussi bien dans les grands clubs que dans les divisions inférieures. La veille de Dijon-Amiens, les équipes anglaises de Liverpool et Chelsea ont condamné le chant de plusieurs supporters qui qualifient la superstar égyptienne des Reds, Mohamed Salah, de "poseur de bombes". Arsenal a pour sa part ouvert une enquête afin d'identifier le supporter qui, dans une vidéo, tient des propos racistes envers le défenseur franco-sénégalais de Naples Kalidou Koulibaly pendant leur quart de finale aller de Ligue Europa.

En décembre, l'attaquant de Manchester City Raheem Sterling avait été la cible d'insultes à Chelsea tandis qu'un supporter de Tottenham avait jeté une peau de banane en direction du Gabonais d'Arsenal Pierre-Emerick Aubameyang. L'un des grands enjeux dans les stades, c'est "d'identifier les auteurs de ces actes pour pouvoir les sanctionner, c'est parfois très difficile. Cela demande la vigilance des stadiers" et de tous les acteurs du foot, insiste encore le spécialiste Nicolas Hourcade.

Malgré les différentes actions étouffées des instances du football mondial, le racisme ”anti-noir“gagne du terrain sans que les bourreaux ne soient réellement inquiétés. Question représailles, Samuel Eto'o, attaquant camerounais ayant lui-même subi cette agression lors de son passage au FC Barcelone, a trouvé une formule.

« Si les joueurs de couleur disent : « On ne joue pas », beaucoup de gens vont perdre de l'argent. Et quand tu touches à la poche de quelqu'un, il va trouver des solutions », a conseillé l'ex-buteur des Lions indomptables du Cameroun dans le documentaire « Je ne suis pas un singe » diffusé, dimanche 07 janvier dernier, sur les antennes de Canal+.

Le message serait encore plus fort si toute la planète noire, quelque soit le secteur d'activité s'élevait pour dénoncer et crier un râle-bol avec des actions d'envergure. De la solidarité face à l'adversité, une arme non-violente mais une solution si assourdissante qui devrait ne faire voir que l'athlète et non pas sa couleur de peau.




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