Déguerpissement Lundi à Port-Bouët : Des victimes dorment au cimetière
'' Au moins les morts ne nous chasseront pas''
Mosquée, école, terrain de foot... envahis

  • Source: linfodrome.com
  • Date: vend. 06 juil. 2018
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'' Tonton, c'est ici qu'on dort avec nos parents'', nous apprend un enfant, parmi une demi-douzaine de grosses couchés sur des tombes carrelées ou assis dans des fauteuils, du côté ouest du cimetière d'Abidjan-Port Bouët Abattoir nouveau quartier, ce mercredi 4 juillet 2018, peu avant 13h.

Les enfants ont été déguerpis, le lundi 2 juillet 2018, au petit matin. Et c'est là qu'ils ont trouvé refuge. Meubles, matelas, sommiers, ustensiles de cuisine... sont déposés en vrac, comme dans un empressement des propriétaires à sauver leurs biens. ‘' Au moins, ceux qui sont là (ndlr, les morts) ne nous chasseront pas parce qu'ils savent que nous ne savons pas où aller. Nous resterons ici, jusqu'à ce que nous puissions nous trouver des logements. Nous avons des parents à Abobo, mais nous ne pourrons pas aller habiter là-bas parce que les activités que nous menons, sont ici. C'est ici que les gens nous connaissent'', justifient plusieurs femmes dont l'une est née dans le quartier déguerpi lundi, il y a 31 ans, de même que ses parents, bien avant, et une autre, vendeuse de poudre de parfum, depuis 21 ans. A en croire celle-ci dont l'habitation n'est pas encore rasée, elle l'a vidée de ses affaires qu'elle a parquées au cimetière parce que les habitants du pendant sud de Port-Bouët Abattoir nouveau quartier détruit, ont été mis en demeure de quitter, 48 heures après le déguerpissement des voisins. ‘'Vraiment, nous ne savons pas où aller'', lâche-t-elle, non sans noter avoir sous les bras, six enfants et deux petits enfants.

W. Alssane, tablier, qui a également rangé ses bagages dans le cimetière où il passe la nuit avec sa famille, fait savoir que c'est depuis le 3 février 1976, qu'il habite les lieux, après le déguerpissement à Derrière Wharf, vers l'aéroport. Cela, sur indication des autorités municipales, à l'en croire. Un autre, tapissier, qui s'est installé dans le quartier, depuis 1978, père de 6 enfants, ne sait pas à quel saint se vouer.

A la moquée, malgré le fait que la devanture ait été détruite par une pelleteuse, des déguerpis, avec leurs affaires parquées, y passent la nuit. Ici, des fouilles continuent à se faire dans les gravats, à la recherche d'objets précieux.

Au stade de football du quartier, des bâches dressées accueillent des victimes et leurs bagages qui ont pu être sauvés. De jeunes gens pansent leur peine en jouant aux cartes. ‘' On dort ici. La nuit, les deux bâches ne peuvent pas contenir tout le monde. Les déguerpis se couchent à même le sol, pour attendre le lendemain. On nous a surpris lundi. Il y a des gens qui dormaient encore quand les machines et une vingtaine de cargos de forces de l'ordre sont arrivées. Il y en a qui allaient prier à la mosquée, et qui n'ont pu faire demi-tour chez eux. Une femme a accouché sous cette pression'', nous informe l'un des joueurs, encore sous le choc, parce qu'articulant difficilement.

A quelques pas de là, au groupe scolaire Epp coopération fran&c (...)

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