Procès couplé de Laurent Gbagbo et Blé Goudé à la CPI : Le témoin Sam l'Africain craint pour sa sécurité

  • Source: L'Intelligent d'Abidjan
  • Date: mar. 15 mars 2016
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Soumis au contre-interrogatoire de Me Emmanuel Altit, avocat principal de l'ancien chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo dans le procès couplé de ce dernier avec celui du leader de l'ex-galaxie patriotique Charles Blé Goudé, entamé le lundi 14 mars 2016 à la Cour pénale internationale (Cpi), le témoin de l'accusation Mohamed Sam Jichi dit Sam l'Africain, le président de la Nouvelle alliance de la Côte d'Ivoire pour la patrie (Nacip), s'est inquiété pour sa sécurité.

Au cours de son contre-interrogatoire, Me Emmanuel Altit a échangé avec Sam l'Africain sur le contenu de l'accord de Ouagadougou, signé le 4 mars 2007 par l'ex-chef de l'Etat Laurent Gbagbo, l'ancien Secrétaire général des Forces nouvelles Guillaume Soro et le président burkinabè d'alors, Blaise Compaoré, pour le retour de la paix et la réunification de la Côte d'Ivoire. Ainsi, l'avocat principal de Laurent Gbagbo a rapporté l'extrait de cet accord intimant aux parties de désarmer « dans les meilleurs délais » et a demandé à Sam l'Africain si les Forces nouvelles avaient respecté leur engagement de déposer les armes. « A ma connaissance, pas totalement », a laissé entendre le témoin. Me Altit lui fait alors savoir qu'il « prend beaucoup de précaution oratoire ». En réplique, Sam l'Africain a déclaré à l'avocat principal de Laurent Gbagbo : « Me, je dois faire attention à moi. Je dois repartir (en Côte d'Ivoire, Ndlr) et j'ai ma famille ».

A travers ces propos, le président de la Nacip a traduit qu'il était préoccupé pour sa sécurité. Cette situation a conduit Me Altit à demander un huis clos partiel au juge-président Cuno Tarfusser, d'autant plus que l'inquiétude de Sam l'Africain pour sa sécurité pourrait être perçue comme un prétexte pour dissimuler une partie de son témoignage.

Au retour au prétoire en audience publique, Me Eric Mac Donald, le premier substitut de la procureure Fatou Bensouda a demandé au juge-président que ce qui a été dit à huis clos soit reclassé public. « Je ne vois pas ce qui justifierai que cela demeure confidentiel », a-t-il dit. Mais le juge-président a décidé que la Chambre préliminaire statuera en temps opportun sur la question.

Ceux qui ont pris les armes se sont sentis frustrés

Auparavant, Sam l'Africain avait indiqué que par la signature de l'accord de Ouagadougou, Laurent Gbagbo avait fait des sacrifices et accepté d'être humilié en intégrant dans son gouvernement des gens qui avaient pris les armes. « Ce sont des Ivoiriens aussi qui se sentaient peut-être frustrés en Côte d'Ivoire qui ont pris les armes. Ce sont des gens du nord (de la Côte d'Ivoire, Ndlr) qui ne se sont pas cachés. M. Soro Guillaume s'est déclaré comme le Secrétaire général des Forces nouvelles », a toutefois tempéré le président de la Nacip. Pour lui également, des Ivoiriens ont été manipulés lors de la crise postélectorale de 2011. C'est pourquoi, interrogé par Me Altit sur les circonstances de la perte du pouvoir de l'ancien président ivoirien à la présidentielle 2010, Sam l'Africain a affirmé : « Il n'y a pas de pro-Ouattara ou de pro-Gbagbo. Il n'y a que des Ivoiriens qui sont manipulés ». 

Le président de la Nacip a également parlé de « renversement de Gbagbo (qui) a été préparée il y a longtemps, depuis les premières attaques » armées subies par son régime, « depuis que Jacques Chirac et la Françafrique n'ont plus voulu » de lui. Et selon lui, dans tous les pays francophones quand un dirigeant n'est pas d'accord avec la Françafrique, il ne reste pas au pouvoir. « C'est parce que Gbagbo était un nationaliste et qu'il n'a pas voulu céder à beaucoup de choses qu'on l'a enlevé (du pouvoir, Ndlr). La Côte d'Ivoire le sait. L'Afrique le sait. Le monde même le sait. Je ne sais pas pourquoi on tourne autour du pot. C'est cela la vérité. Il n'y a rien d'autre. (…) Quand un dirigeant africain ne fait pas l'affaire du colon, on l'enlève (du pouvoir, Ndlr) par tous les moyens. C'est ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire. (…) Je vous donne un exemple. Si aujourd'hui, le président M. Alassane Ouattara décide de se passer de la France ou de sa monnaie le franc CFA et de rendre indépendant la Côte d'Ivoire, le lendemain il sera accusé d'être le premier dictateur de l'Afrique. Aujourd'hui, il y a la stabilité, il fait l'affaire de la communauté internationale. Avec la crise en Côte d'Ivoire, tout a été détruit. Mais comme il est soutenu, les moyens ont été mis à sa disposition et le pays a retrouvé sa stabilité. Il y a des constructions partout. Tout est une question d'intérêts », a ajouté Sam l'Africain.

Alex A




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