Lettre ouverte au chef de l'État : Tiken Jah s'inquiète du choix de Youssouf Bakayoko - ''Son nom est lié à la tragique crise post-électorale'' - ''Ce n'est pas la personne idoine pour chapeauter la CEI''


Tiken Jah demande à Ouattara de trouver un autre Ivoirien à la place de Youssouf Bakayoko. (Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: mer. 01 oct. 2014
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Dans une lettre ouverte adressée au chef de l'État, Alassane Ouattara, l'artiste-musicien, Tiken Jah exprime ses inquiétudes sur le maintien du président Youssouf Bakayoko à la tête de la nouvelle Commission électorale indépendante (Cei). Il attire l'attention du pouvoir sur les implications de ce choix.

TIKEN JAH FAKOLY                                                                        Abidjan le 28 septembre 2014

 

                                                            À

                                               Monsieur le Président de la
                                               République de Côte d'Ivoire

Objet: Encouragements et manifestation de
            mes inquiétudes suite au choix de
            monsieur Youssouf Bakayoko à la 
            tête de la Commission électorale
            indépendante, Cei

 

Monsieur le Président,

Je constate, avec certainement la majorité de nos concitoyens, que depuis votre accession à la tête de notre pays, nous sommes véritablement engagés sur la voie de l'émergence. Que ce soit dans les domaines de l'éducation, condition sine qua non du développement du continent ou de la santé et des infrastructures, vous avez opéré des changements positifs qui présagent un lendemain meilleur pour notre patrie.

Ce constat pourrait donner raison à tous ceux qui vous ont fait confiance et être de ce fait, un facteur essentiel de votre réélection. Certes votre gestion des affaires publiques, à l'instar de tous les gouvernements du monde, n'est pas exempte de critiques, mais face à votre engagement palpable dans l'amélioration du quotidien de vos concitoyens, l'on pourrait retenir de vous, un patriote qui se bat pour réaliser ses promesses vis-à-vis de son peuple.

Pour vous encourager, voire vous accompagner dans votre engagement pour l'émergence de notre pays, et par ricochet pour le développement de la sous-région, de nombreux mouvements de soutien, qui ne sont pas nécessairement les bienvenus, ne cessent de pulluler.

Pour ma part, en considérant l'actualité sociopolitique, je voudrais ici vous manifester les inquiétudes que suscitent en moi, et sûrement chez d'autres Ivoiriens, la désignation de M. Youssouf Bakayoko comme président de la Commission électorale indépendante, Cei. Sans ambages, je pense que ce choix pourrait porter atteinte à la crédibilité des élections prévues en 2015.

 Deux raisons fondamentales pourraient justifier mon inquiétude. Primo, le nom de Monsieur Youssouf Bakayoko reste encore lié à la tragique crise post-électorale qui a provoqué des plaies toujours purulentes. En acquiesçant le choix de ce monsieur, contre qui je n'ai aucun problème, à la tête de la Cei, l'on pourrait avoir l'impression qu'il vous a soutenu en 2010 et qu'il vous soutiendrait encore lors des prochaines élections présidentielles, quels que soient les résultats des urnes.

Dès lors, la désignation de Monsieur Bakayoko apparaît de loin comme préjudiciable à votre probable réélection.

Secundo, même si Monsieur Bakayoko n'avait aucun rapport avec la crise post-électorale, il n'apparaitrait toujours pas comme la personne idoine pour chapeauter la Cei.

En effet, la société civile et une bonne partie de l'opposition critiquent déjà vivement son choix. Le comble, par ce fait, certains membres de la Cei, non des moindres, se sont retirés déjà de l'Organisation.

Considérant toutes les inquiétudes liées au choix de Monsieur Youssouf Bakayoko, je souhaiterais, et je crois que c'est la volonté de la plupart des Ivoiriens qui vous soutiennent véritablement, que vous pensiez à un autre compatriote capable de gérer la Cei.

Je suis convaincu, et vous ne me contredirez pas, que monsieur Bakayoko n'est pas le seul Ivoirien susceptible de conduire les élections prochaines dont dépendent l'émergence que vous ne cessez de prôner.

Monsieur le président, étant donné que l'homme ne peut donner que ce dont il dispose à ceux qu'il aime, voici ma modeste contribution pour éviter des élections boycottées qui entacheraient certainement votre mandat en cas d'une réélection.

J'espère vivement, sûrement avec de nombreux Ivoiriens et observateurs de la politique nationale, que Monsieur Bakayoko soit remplacé par un autre concitoyen de sa trempe qui susciterait moins d'inquiétudes et qui présagerait des élections transparentes et crédibles.

 

Tiken Jah Fakoly




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