Interview / Capo Chichi (PDG de CERCO) donne trois secrets pour sortir l'Afrique de sa léthargie : Comment il veut transformer le visage de la formation en Afrique - Son message aux dirigeants et jeunes africains


T. Alain Capo Chichi, PDG du Groupe CERCO croit que l'Afrique peut retrouver sa place de leader du monde.
  • Source: Linfodrome.com
  • Date: sam. 07 juin 2014
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De passage à Abidjan dans le cadre de ses activités, Dr Alain Capo Chichi, PDG du Groupe CERCO, a accordé une interview à Linfodrome.com, le mardi 3 juin 2014. Il explique comment l'Afrique peut redevenir la première puissance mondiale.

Linfodrome.com : Quelles sont les raisons de votre présence à Abidjan en ce moment ?

Alain Capo Chichi : Nous sommes là dans le cadre du partenariat entre l'Institut National de Formation des Agents de Santé et le Groupe CERCO. Comme vous le savez, nous avions depuis un moment commencé à travailler avec le Ministère de l'Enseignement Supérieur de Côte d'Ivoire à travers la réalisation de système d'information, et aussi, à travers la mise en place d'un ensemble de projets ayant pour objectif d'améliorer la gouvernance des systèmes d'information de ces universités. Aujourd'hui, notre relation avec l'INFAS s'inscrit dans le développement de ses activités, dans ce sens où, l'INFAS étant un établissement d'enseignement supérieur, il est important que ses étudiants profitent du LMD (ndlr : Licence, Master, Doctorat), qu'ils soient équipé de manière à ce que la formation qu'ils vont recevoir soit faite dans une logique d'apprendre et d'étudier autrement.

 

L.c : Que doit-on comprendre par étudier autrement ?

A.C.C : Aujourd'hui, nous sommes à l'air des technologies de l'information, la communication où les informations sont partagées, mais plus de la même manière qu'il y a 20 ans, 30 ans. Donc l'étudiant aussi bien peut avoir accès aux sources de son professeur, mais également peut participer à la co-production du cours. Apprendre autrement suppose qu'il faut avoir des outils qui soient adaptés, par exemple les ordinateurs, une connexion internet, mais également des adresses, des contenus, des ressources numériques que le professeur met à la disposition de l'étudiant pour aller au delà du cours qu'il donne.

 

L.c : Que fait le Groupe CERCO pour doter ses étudiants d'outils informatiques ?

A.C.C : Le Groupe Cerco est installé en Côte d'Ivoire, il y a de cela deux ans, donc chaque étudiant a droit à un ordinateur portable qui est mis à sa disposition dès son inscription. C'est cette expérience que nous voulons également élargir au niveau de l'INFAS. Nous avons été très heureux après avoir rencontré les autorités et les étudiants d'une grande ouverture. L'idée, c'est que nous puissions, à travers l'usine d'assemblage et de production d'ordinateurs portable de CERCO, non seulement mettre des outils à la disposition de ces étudiants, mais également des enseignants, de l'administration. Il faut aussi les former et les accompagner pour qu'il y ait la production des contenus qui puissent permettre aux étudiants de profiter des outils qu'ils auront. Il s'agit ici d'une alliance mais aussi de tout un accompagnement qui doit permettre, au delà des outils que les étudiants ont, de permettre à ce qu'ils soient formés, sensibilisés à échanger et à laisser des cours sur des plateformes, qui ne sont pas uniquement liées à la classe physique.

 

L.c : Ces ordinateurs, semble t-il, vous les offrez à moindre coût ! 

A.C.C : Les ordinateurs sont à moindre coût parce que notre ambition, c'est de mettre la technologie à la disposition à un coût raisonnable. Aujourd'hui, nous avons développé l'expertise depuis une bonne quinzaine d'année, l'idée est le fait que les ordinateurs sont assemblés dans notre espace CEDEAO, ça a affranchi de certaines taxes liées à la douane et au niveau de la consommation locale. Un produit qui, parce qu'au delà de l'assemblage, nous avions des applications que nous avons développées, permet de valoriser le savoir-faire local, également de diminuer les coûts de production. Et ce coût réduit profite au consommateur final.

 

L.c : À combien de francs s'élèvent l'ensemble de ces appareils ?

A.C.C : Il y a plusieurs types, plusieurs catégories, plusieurs garanties qui sont données. Par exemple, les ordinateurs varient d'une capacité de 160G par exemple pour le disque dur, 500G et 1 tera. En fait, cela dépend de la capacité de chaque école, pour chaque étudiant etc. Et au delà de ça, il y a des applications. Nous sommes maintenant dans une logique, où, à partir de 130 mille F.Cfa, l'étudiant peut avoir un ordinateur. Bien entendu, s'il veut avoir une formation en plus, il va avoir une attestation ou une garantie d'un an ou deux ans. Et s'il veut un sac avec l'ordinateur, on a des coûts qui se retrouvent aux alentours de 250 mille à 260 mille Fcfa.

 

L.c : Qu'est-ce qui a motivé la création de CERCO ?

A.C.C : L'idée de CERCO est partie de quelque chose qu'on eut dire à partir de zéro franc. C'était de permettre à des enfants qui, ayant réussi à leur examen d'études primaires, obtenu leur certificat et n'ayant pas beaucoup de moyens, étaient obligés de reprendre les examens l'année suivante pour passer l'entrée en 6ème. Ces étudiants étaient de l'ordre de 40 mille à l'époque, 1997 à 1998, au moment où nous avons mis en place CERCO. L'idée était de permettre à ces milliers élèves de pouvoir se former à un coût raisonnable qui était de l'ordre de 30 euros à cette époque. Et parce qu'il y avait une demande importante, cela a motivé car au delà de formation traditionnelle, les étudiants pouvaient faire l'informatique, l'entrepreneuriat. Donc au bout de 5 ans, CERCO s'est retrouvé à près de 30000 élèves. C'est comme cela qu'après, nous avons développé des activités au Mali, en Côte d'Ivoire, au Burkina et puis en France, avec des ambitions pour le Togo, le Sénégal, le Ghana et le Nigéria. Je peux dire que, s'il y a une forte ambition, une bonne organisation, ainsi qu'une collaboration forte de différents acteurs, et que vous avez la chance de rencontrer de bonnes personnes, forcement vous arrivez à prospérer.

 

L.c : Apparemment, cela a été votre cas ! 

A.C.C : Il me semble que j'ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes. Même les mauvaises personnes m'ont donné envie de faire mieux, donc je pense que j'ai beaucoup appris des personnes que j'ai rencontrées dans ma vie.

 

L.c : Capo Chichi se voit-il comme un modèle pour la jeunesse africaine ? 

A.C.C : Non ! Je ne pense pas que je suis un modèle, pour les autres peut-être. Ce qui est important dans la vie c'est d'avoir des repères, de se dire qu'il y a des choses que vous avez envie de faire mais tout n'est pas permis, et après les autres jugent. J'ai été élu en 2005 parmi les dix jeunes les plus remarquables au monde, cela suppose que les gens ont vu en moi certaines valeurs, un accomplissement. Lorsque la CEDEAO vous élit comme meilleur jeune entrepreneur de son espace, c'est quand même des choses qui sont intéressantes et en même temps motivantes. Pour dire qu'à partir de cet instant, même si vous n'êtes pas réellement un modèle, vous êtes obligé de le devenir. Et c'est ce que j'essaie chaque jour de faire. En cela, je pense que l'entourage y contribue. Il est arrivé des moments où vous décrochez parce que vous dites que les gens comptent beaucoup sur vous, vous n'avez plus d'espace de liberté en tant que tel et peut-être le droit à l'erreur. Et ça, c'est quelque chose qui peut parfois peser beaucoup.

 

L.c : Quelle est votre opinion de la jeunesse africaine ?

A.C.C : Ce que je peux dire c'est que la jeunesse semble se focaliser sur les problèmes de l'Afrique, sur les conditions de vie, sur un ensemble de choses qui, me semble t-il, sont des contraintes majeures mais en même temps sont des espaces de création de richesse. On dit que l'Afrique est pauvre, mais nous avons un sous-sol riche que n'importe quel continent de la planète. On dit qu'il n'y a pas d'emplois mais je pense que c'est là où il y a des problèmes que des entreprises se créent. Il n'y a aucune entreprise qui se crée quand il n'y a pas de besoins quelque part. Donc, c'est à partir des problèmes, des manques, des besoins qu'on observe, que l'on va vouloir apporter une réponse en créant un produit, un service, donc une entreprise.

La jeunesse qui, aujourd'hui, est dans une logique de (...)

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