Gnamien Konan, après sa tournée dans les différentes universités et grandes écoles : ''Il faut supprimer des filières''


(Photo d'archives)
  • Source: Le Patriote
  • Date: mer. 21 mai 2014
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Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Gnamien Konan, depuis sa nomination à la tête de ce département ministériel, a entrepris une visite des différentes universités et grandes écoles à l'effet de s'imprégner des réalités des ces différentes structures. Vendredi dernier, il a visité les écoles de l'INP HB et répondu à quelques préoccupations.

Le Patriote : Depuis quelques temps, vous parcourez les universités  et grandes écoles de la Côte d'Ivoire. Quel bilan pouvez-vous dresser ?

Gnamien  Konan : j'ai d'abord décidé de parcourir les structures sous-tutelle. Naturellement, n'étant pas issu du monde universitaire, je le fais pour m'imprégner des réalités. Et à l'issue de ce parcours de cette première étape qui concerne les  structures de formation, le bilan qu'on peut dresser, c'est  qu'il y a encore beaucoup de besoins non encore satisfaits. Il faut donc réfléchir à la question de financement de l'enseignement supérieur. Certes, l'Etat fait déjà beaucoup  et pour s'en convaincre, il suffit  de regarder le budget affecté à l'Education en général et à l'Enseignement supérieur en particulier. Vous êtes informé des investissements faits  par le Chef de l'Etat dans les universités   Félix Houphouët Boigny, Nangui Abrogoua,  Péléforo  Gon Coulibaly, Alassane Ouattara, et Lorougnon Guédé. Néanmoins, ces investissements restent insuffisants au vu des enjeux. 

 

LP : Que faire pour remédier  à l'insuffisance de ces investissements

G.K : Faudra-t-il demander une contribution  supplémentaire aux étudiants eux-mêmes, voire aux parents ? Ou est-ce un problème de gouvernance ? Voici, à l'issue de ces visites, un axe de réflexion  pour  atteindre l'efficacité optimale dans nos universités et grandes écoles. La question du financement reste au cœur des problèmes.  Nous avons  également constaté   un déficit énorme au niveau des enseignants.

 

LP : A combien estimez-vous ce déficit en enseignants ?

G.N : Des rapports qui existent déjà nous révèlent que nous avons un  déficit de 3000  enseignants. C'est ce qui fait que ce sont les mêmes  enseignants  d'Houphouët-Boigny qui sont obligés de faire les cours à Nangui Abrogoua et ailleurs. Et c'est ce qui explique les mots  d'ordre de grève relatifs aux arriérés de paiements des  heures complémentaires. Un  enseignant de l'Université Félix Houphouët-Boigny  est obligé de faire le tour  de la Côte d'Ivoire.  C'est l'un  des problèmes que nous avons.  En tout cas, pour le moment, je ne peux établir un bilan total.  Mais nous retenons qu'il y a des problèmes auxquels nous allons proposer des solutions pour que le gouvernement puisse les adopter.

 

LP : Vous parlez de déficit alors que  des enseignants, pour des questions pécuniaires, abandonnent les universités ivoiriennes  pour aller  monnayer leur profession ailleurs. Quel commentaire ?

G.N : C'est le même problème de financements  que je viens d'évoquer.  Dans ce pays, certains étudiants se forment à plus de 5 millions de FCFA l'année scolaire. Et d'autres  sont formés annuellement  à 300.000  Fcfa dans le même pays.  Donc, l'enseignant qui voit cela et à qui on propose une meilleure rémunération, naturellement, il s'en ira.

 

LP : Qu'en est-il de l'adéquation formation / emploi ?

GN : C'est vraiment la priorité des priorités. C'est l'employabilité. C'est l'inadéquation de la formation à l'emploi qui a décrédibilisé tout notre système de formation.  C'est ce qui a engendré tous les problèmes que nous  connaissons aujourd'hui  dans notre système d'éducation. Les parents d'élèves ne sont plus prêts à faire des sacrifices. Les étudiants eux-mêmes,  constatent que leurs aînés qui ont eu la Maîtrise ou le Doctorat avant eux sont toujours à la maison.  Les enseignants, eux-mêmes, quand au cours de leurs promenades, ils rencontrent leurs meilleurs étudiants derrière une cabine téléphonique, se demandent à quoi ont servi leurs efforts de formation. C'est pour cela que je me donne l'employabilité comme la priorité majeure.  Il faut qu'on arrive à la solution courageuse de supprimer des filières qui débouchent sur ‘'l'inemployabilité''. Je suis venu dire  aux enseignants de l'INP HB, étudiants  et directeur que l'employabilité est ma priorité.  Ici il ne devrait pas se poser la question  du   chômage.  Car le produit de l'école peut être soit pris en entreprise ou soit utilisé par l'institut lui-même pour produire des choses qui sont commercialisables. Je suis venu le leur rappeler. Mais ils sont déjà sur cette voie.                           

Propos recueillis par Anzoumana Cissé




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