Interview / Commissaire Youssouf Kouyaté (coordonateur CCDO) : « Nous traitons le phénomène des ''microbes'' »

  • Source: Le Patriote
  • Date: sam. 22 mars 2014
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Un an après la création du Centre de commandement des décisions opérationnelles nous avons rencontré son coordonnateur, le commissaire-divisionnaire, Youssouf Kouyaté. Dans cet entretien, il fait le bilan de l'année, avant de se projeter dans l'avenir avec le déploiement prochain de ses hommes dans les villes de Yamoussoukro, Duékoué et San-Pédro. Non sans aborder le phénomène des ''microbes'', ces bandes de gamins qui sèment la mort dans certaines communes d'Abidjan. Selon lui, le combat contre ce fléau va s'intensifier afin que les populations d'Abidjan retrouvent la quiétude et la tranquillité.

Le Patriote : Un an après la création du Centre de commandement des décisions opérationnelles, quel bilan faites-vous ?
Commissaire Youssouf Kouyaté : Nous pouvons dire qu'un an après la création du CCDO, le bilan est satisfaisant. Nous avons d'ailleurs produit un document pour démontrer cela. On avait pour premier objectif le démantèlement des barrages. Nous avons levé les barrages. Aujourd'hui, on circule librement à Abidjan sans rencontrer un seul barrage. Au sortir de la guerre, on voyait à travers la ville d'Abidjan des éléments en tenue avec des armes de guerre en bandoulière. Cela est un vieux souvenir pour les populations. Egalement, la criminalité était grandissante avec des braquages et des attaques quotidiennes. Des bandits se payaient le luxe de braquer un immeuble entier, sans être aucunement inquiétés. Ce sont des choses qu'on ne rencontre plus. Il y avait en moyenne 8 à 10 cas de braquages par jour à Abidjan. Aujourd'hui, force est de constater que nous sommes à 1 voire 2 cas au plus de braquages dans la ville d'Abidjan par jour. Au vu de tout ce que je viens de souligner, le coordonnateur du CCDO que je suis, ne peux qu'être satisfait. Mais, ma satisfaction ne sera encore plus grande que si la population est satisfaite de notre travail. Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, nous a dit qu'il aura notre confiance si et seulement si la population est satisfaite. La population pour laquelle nous existons, pour laquelle nous opérons. Nous sommes appelés à réussir notre mission pour son bien-être. 

LP : Malgré ce bilan dont vous êtes satisfaits, un nouveau phénomène d'insécurité fait rage à Abidjan. Il s'agit des actions criminelle des bandes aux gamins appelés ‘'Microbes''. Qu'est-ce que le CCDO fait exactement pour éradiquer ce fléau ?
Y K : Nous sommes saisis de ce phénomène qui a été discuté à un haut niveau. Nous traitons cette question. Nous sommes en train de réfléchir davantage. Nous avons affaire à des enfants qui commettent des crimes. Nos hommes ont des armes de guerre et ils sont en face des gamins munis d'armes blanches. Nous avons donc estimé qu'il faut mettre en place des comités d'éthique dans les commissariats pour mettre les parents de ses enfants criminels devant leurs responsabilités. Des armes de guerre contre des armes blanches. Nous sommes en train de trouver la meilleure formule pour combattre avec efficacité ces ‘'Microbes''. Nous pensons qu'il faut d'abords sensibiliser les parents de ses enfants. Pendant ce temps, d'autres forces de la police et de la gendarmerie qui sont plus habilitées à mener ce combat le font. Mais, dans notre bilan nous avons signalé que nous avons interpellés 68 de ces enfants que nous avons mis à la disposition de la police. Nous interpellons les parents à parler à leurs enfants. Car, nous allons passer à la vitesse supérieure si le phénomène perdure. 

LP: Il nous revient que ce phénomène est née dans les fumoirs où la drogue est abondamment consommée par ces enfants. Sur cette question des fumoirs, qu'est-ce que le CCDO fait ?
YK : Vous conviendrez avec moi que la mère de tous les vices, c'est la drogue. Au sortir de la guerre, il y avait beaucoup de fumoirs dans la ville d'Abidjan. Mais, la direction des stupéfiants et drogues de la police nationale a répertorié et détruit plusieurs fumoirs. Mais vous savez que l'habitude a la peau dure. Aujourd'hui, les adeptes de la drogue ne vont plus dans les fumoirs, mais prennent leur dose à l'air libre. Tant bien que mal nous faisons ce que nous faisons. Il faut dire que ce sont des pratiques à éradiquer de notre société. Il faut tout faire pour stopper la consommation de la drogue et détruire tous ces lieux où les jeunes peuvent se retrouver pour prendre de la drogue. Car, la drogue arrache à l'Etat ses bras valides. 

LP : Dans le document publié, vous a avez précisé que le groupement N°3, qui a en charge Yopougon, a été le plus actif en 2013. Est-ce à dire que cette commune est fortement criminogène ? 
YK : Oui, nos statistiques nous ont montré que Yopougon et Cocody sont les deux zones les plus criminogènes à Abidjan, où il y avait un effort à faire. C'est donc de belle manière que le chef du groupement de Yopougon et ses hommes ont eu beaucoup de travail à faire. Il y a Cocody également. Les bandits à la recherche de véhicules à voler s'orientent toujours vers Cocody. Il y a donc un effort à faire à Yopougon et à Cocody. C'est ce qui explique cela. 

LP : Un an après votre déploiement sur le terrain, quelles sont vos perspectives ?
YK : Je précise qu'avant de boucler l'année, nous avons à chaque fois adressé des bilans à nos chefs, notamment le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, à l'état-major des FRCI, au Commandement supérieur de la gendarmerie, à la Direction nationale de la police et au Conseil national de la sécurité (CNS). Les chefs ont trouvé que les résultats que nous avons enregistrés à Abidjan sont encourageants. Pour cela, le chef de l'Etat et ses collaborateurs en charge de la Défense et de la Sécurité ont décidé que nous puissions nous déployer à l'intérieur du pays. Les villes qui ont été arrêtées où les locaux terminés attendent les troupes sont Yamoussoukro, Duekoué et San-Pédro. Ensuite, nous serons à Bouaké, Korhogo et à Abengourou. A long terme, nous allons mailler le territoire de sorte à ce que cette force spéciale composée de gendarmes, de policiers et de militaires puisse sécuriser davantage tout le pays. 

LP : Sur le terrain, il y a une différence nette entre le CCDO et l'ex-Cecos. Quel est votre secret ?
YK : Le jour du lancement du CCDO, le chef suprême des armées, le chef de l'Etat, Alassane Ouattara, nous a dit que nous ne sommes pas un Cecos-bis. Nous, on s'en tient à cela. Notre secret, c'est la discipline de nos hommes. Il faut le dire, nous avons réussi la phase de sensibilisation de nos hommes. Nous avons clairement expliqué nos missions. Nous avons dit ce que les chefs attendent de nous, ce que les populations attendent de nous. Tous les jours, nous parlons à nos hommes pour ne pas qu'ils puissent se départir de leur mission. Voilà ce que nous faisons.

LP : Un appel à la population que vos sécurisez ?
YK : C'est pour la population que nous travaillons. C'est pourquoi, nous lui demandons de nous aider dans notre mission. En tous cas, pour l'instant, les troupes se comportent bien sur le terrain. Elles respectent les feux tricolores lors des patrouilles. Vous n'allez pas voir des sirènes intempestives, des éléments indisciplinés. Nous faisons cela pour être en symbiose avec ceux pour qui nous travaillons. Nous demandons à la population une collaboration franche avec le CCDO. Nous avons des numéros verts, à savoir, le 100 et le 111. Si les gens nous renseignent, je vous assure, les 5 minutes qui suivent l'appel, il y aura une équipe pour intervenir. 

Réalisé par Lacina Ouattara




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