Interview / Ramsès de Kimon (Le Pharaon du Reggae) : « Gbagbo mérite d'être libéré » - « Si Gbagbo est coupable, qu'on le juge » - « ...Que Ouattara prenne des décisions courageuses »

  • Source: Soir Info
  • Date: lun. 17 mars 2014
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Ramses De Kimon se veut un artiste reggae éveilleur des consciences des peuples à travers sa musique inspirée des sonorités africaines.

Il se révèle aux populations ivoiriennes en  1981 sur le campus universitaire d'Abidjan Cocody, alors lead vocal de l'Orchestre de l'Université d'Abidjan ( Oua). Puis, il sort «  Up Risin »,   « Oppression », «  System », «  Peace », « Dominka », avant de s'installer, en 1995, aux Etats-Unis.  Revenu en Côte d'Ivoire à la faveur du «  Masa », le «  Pharaon  du Reggae », a accepté de «  croquer » l'actualité politique et culturelle du pays, lors d'une visite «  de courtoisie » au Groupe Olympe, le  mardi 4 mars 2014. 

 

Expliquez-nous   un peu votre arrivée en Côte d'Ivoire. Est-ce dans le cadre du Masa ?

R.D.K : Oui. C'est dans le cadre du Masa.  Je suis guest star  du Masa donc je suis là pour la cérémonie de clôture. J'ai été sollicité par la direction, Koné Dodo et mon ami Ismaël Diaby.

 

Il y a aussi et surtout  le mal du pays . N'est-ce pas ?

R.D.K : Oui,  effectivement !  Et puis, je veux en profiter pour faire plus de promo. Tu sais quand il y a longtemps qu'on ne te voit pas,  on t'oublie. Il faut raviver les mémoires et proposer quelque chose de nouveau aux mélomanes.

 

Et le nouveau, c'est quoi ?

R.D.K : C'est « le peuple ». L'album s'intitule « le peuple ». Le peuple dans sa lutte pour la liberté, dans sa quête d'une vie meilleure, plus paisible.

 

Vous n'avez pas dévié de votre schème. Vous situez-vous toujours du côté du  peuple ?

R.D.K : Non ! On ne peut pas dévier  parce qu'on rêve d'un monde meilleur. J'ai repris le morceau de John Lennon et de Luis Armstrong. C'est à déguster.  C'est vrai que des gens se concentrent  sur des avant-goûts. Mais, c'est parce que je n'étais pas là pour faire la promotion. Maintenant que je suis là,  on va la faire sérieusement.

 

Au delà de la musique, votre pays, la Côte d'Ivoire,  a connu une crise politique terrible. A l'extérieur, comment vous l'avez vécue ?

R.D.K : On l'a vécue difficilement. C'est vrai qu'on n'est pas là mais on a perdu des frères ou des amis. Mais c'est la vie de toute façon. Ce qui est fait est fait. L'eau est déjà versée, il ne sert à rien d'indexer  qui que ce soit comme responsable. Il faut panser les plaies et puis avancer.

 

Mais pensez-vous qu'on peut panser les plaies aujourd'hui  quand certains protagonistes sont en prison ou en exil tandis que d'autres sont libres ?

R.D.K : Il faut libérer ceux qui doivent être libérés. Ceux qui sont injustement mis en prison, doivent être libérés.

 

Qu'est-ce que ça veut dire ?  Que voulez-vous dire exactement ?

R.D.K : Il faut libérer ceux contre qui on n'a pas de preuves. Il faut accélérer les procédures et les libérer. Maintenant, ceux qu'on doit juger, qu'on les juge vite aussi. Vous savez aux États-Unis par exemple, tu es innocent jusqu'à ce qu'on te trouve Guilty (coupable, Ndlr).  Donc, quand on n'a pas encore de preuves, on te laisse mais on te surveille, et le jour des preuves, on t'attrape et on te juge. Mais vous savez, ce sont des choses très délicates. Mais,  mon souhait,  c'est que la paix revienne en Côte d'Ivoire. Je suis déjà content que les Ivoiriens arrivent à se parler aujourd'hui et que les esprits se calment peu à peu. Il faut bien qu'on commence par un noyau.  Mais de là-haut, il faut qu'on prenne des décisions dans le sens de la réconciliation.

 

Pendant que vous parlez de paix  et de réconciliation, si vous étiez en face  du président de la  République aujourd'hui, qu'est-ce que vous lui diriez?

R.D.K : « Monsieur le président, on dit il faut dire une parole qui guérit. « Ce sont des paroles pour l'encourager  pour qu'il puisse prendre des décisions courageuses ».  Je prends le cas de Barack Obama aux États-Unis qui prend parfois des décisions qui  le mettent à porte à faux  avec  ses supporteurs. Tout ça,  c'est dans l'optique d'amener les gens à vivre beaucoup mieux ensemble.

 

Donc vous invitez le chef de l'Etat à prendre des décisions courageuses ?

R.D.K : Oui. Je l'invite à prendre des décisions courageuses. Il faut qu'il prenne des décisions courageuses.  Je sais, c'est difficile. Mais il y a des moments où il faut crever l'abcès.

 

Dans vos chansons à l'époque, on vous sentait proche de la Gauche démocratique. Laurent Gbagbo qui incarnait cette Gauche est aujourd'hui à la Haye. Comment vous vivez cela ?

R.D.K : C'est déplorable que cela soit arrivé à ce niveau. Le président Laurent Gbagbo mérite d'être libéré aussi, pourquoi pas ? Je souhaite que la justice aille très vite.  S'il n'est pas coupable, qu'on le libère.  S'il est coupable, qu'on le juge. Cela peut participer à la paix en Côte d'Ivoire. Mais comme ça dure et qu'il y a trop d'interventions à gauche et à droite, il faut qu'une décision tombe. Je souhaiterais aussi, que les supporteurs du président Laurent Gbagbo mettent un peu d'eau dans leur vin et qu'ils encouragent les actions de réconciliation.  Peut être que ça va aider. Parce que quand on tire trop sur la corde, tout le monde se méfie.  Vous savez, quand on continue de menacer ce sont les palabres et puis on n'en finit pas.

 

Revenons au Masa. Comment vous l'avez vécu.  On parle de beaucoup d'imperfections au plan organisationnel. Quel est vo (...)

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