La RTI peut-elle résister à l'ouverture du secteur audiovisuel ?


Dans les studios de la RTI.
  • Source: Jeuneafrique.com
  • Date: sam. 28 déc. 2013
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Fini le monopole, la télévision publique ivoirienne doit se préparer à l'ouverture du paysage audiovisuel. Pour cela, il est indispensable qu'elle réduise sa dépendance vis-à-vis de l'État. Pas facile...

La Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), qui célèbre ses 50 ans, est-elle parée pour faire face à l'ouverture annoncée de l'espace audiovisuel ? Certes, le groupe public bénéficie d'atouts de poids : trois chaînes de télévision (la RTI 1, à vocation généraliste et institutionnelle ; la RTI 2, culturelle ; et RTI Bouaké, régionale), ainsi que deux chaînes de radio (La Nationale, généraliste, et Fréquence 2, pour le divertissement). Mais sur le plan purement économique sa mue n'a que trop tardé : en situation de monopole, l'entreprise n'a pas su - ou pas voulu - réduire sa dépendance vis-à-vis de l'État, lequel injecte sans compter des fonds dans sa gestion quotidienne.

"Notre vocation de service public nous fait bénéficier du concours financier de l'État, reconnaît Ahmadou Bakayoko, directeur général depuis mai et ancien de Canal+ Afrique. Mais je ne vous donnerai pas de chiffres précis." À défaut, on rappellera que, protégée par le parapluie des pouvoirs publics, la RTI paie de façon irrégulière ses charges sociales et patronales ; et qu'il y a quatre ans le gouvernement lui a donné un nouveau coup de pouce en annulant toutes ses dettes fiscales, soit des dizaines de millions de francs CFA...

Aujourd'hui, sponsoring, redevance audiovisuelle et recettes publicitaires - notamment celles liées à la retransmission en direct de grands événements sportifs comme la Coupe d'Afrique des nations et la Coupe du monde de football - représentent l'essentiel des 5,5 milliards de F CFA (environ 8,4 millions d'euros) de chiffre d'affaires de l'entreprise publique... sans garantir l'équilibre de ses comptes. "Les indicateurs de la RTI sont faussés par cette trop grande dépendance", confirme un expert des médias ouest-africains. Or Ahmadou Bakayoko veut la transformer en un grand groupe de renommée internationale. Pour cela, la RTI devra s'efforcer de fonctionner enfin avec ses seuls fonds propres.

TNT

Côté dépenses, la restructuration a commencé. En 2012, la RTI a réduit d'un tiers ses effectifs, pour les ramener à 600 personnes - au passage, elle a emprunté 2,9 milliards de F CFA auprès de la Banque nationale d'investissement (BNI) pour financer ce plan social. Mais côté recettes, tout reste à faire pour diversifier les sources de revenus.

Une première piste : alors que, à l'heure actuelle, la RTI achète pour l'essentiel des "prêts à diffuser" à des opérateurs externes, elle compte monter ses propres événements et produire elle-même émissions et téléfilms. En octobre, elle a ainsi signé un contrat avec la société française Mistral Production pour la réalisation d'émissions comme Intervilles.

En attendant la libéralisation - dont le calendrier reste inconnu -, la RTI devrait être scindée en deux entités indépendantes, l'une chargée des programmes, l'autre de la diffusion. Un préalable au passage à la télévision numérique terrestre (TNT), prévu au plus tard en juin 2015. L'État soutiendra cette transition à hauteur de 32 milliards de F CFA.


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