Produits alimentaires : Attention à l'huile que vous consommez

  • Source: Fratmat.info
  • Date: vend. 30 août 2013
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Dites-moi à combien vous achetez vos huiles alimentaires et je vous dirai quelles huiles vous utilisez et les risques que vous encourez. Cela, pour dire que les marchés ivoiriens et singulièrement ceux d'Abidjan sont, depuis quelque temps, inondés d'huiles qui, non seulement, ne respectent pas les normes de qualité nutritives requises, mais restent pour la plupart introduites dans le pays par le biais de la fraude. Elles ont pour nom, Oki, Eden, Jersey, Waka, Trikey, etc., qui figurent sur leurs emballages. Elles sont pour la plupart issues de pays d'Asie du Sud-Est. Dépourvues de vitamine A extraite pour être utilisée à d'autres fins, ces huiles sont produites aussi bien de façon artisanale qu'industrielle. Des échantillons soumis à essai, ont affiché une teneur en vitamine A, inférieure à la norme réglementaire qui est de 8ug/g. « Alors que la Côte d'Ivoire s'est engagée à faire en sorte que toutes les huiles alimentaires vendues sur son territoire soient enrichies à la vitamine A. C'est dire que ces huiles dont 85% nous viennent de la Malaisie ne sont logiquement pas autorisées sur le marché ivoirien. Toutes celles qui le sont, portent le logotype reconnu dans l'espace Uemoa », explique Jean Louis Kodo, directeur général de Sania, une société de raffinerie d'huile de la place. De plus, tous ces échantillons sont troubles à la température ambiante. D'importantes quantités ont également présenté un début d'altération non négligeable, de nature à impacter négativement sur le goût des mets qu'elles servent à confectionner.

Et comme si toutes ces anomalies ne suffisaient pas, la quasi-totalité de ces huiles arrivent frauduleusement en Côte d'Ivoire. Une pratique qui a pris naissance dans les ex-zones Cno, du fait de la crise militaro-politique qui sévissait. Partout, les bidons jaunes qui les contiennent ont envahi les ménages, de Bouaké, Korhogo, Boundiali, Ferkéssédougou, Séguéla, Mankono, Tengréla et j'en passe. Ce, après avoir pénétré sur le territoire national, sans frais douaniers véritables, à partir des pays limitrophes, notamment.

Avec la réunification du pays, ce commerce s'est littéralement étendu aux autres grandes villes du pays dont Yamoussoukro, Abidjan, San Pedro, Dimbokro, pour ne citer que celles-là. Livrant par ce fait même, une concurrence déloyale à l'huile produite localement, donc à partir des noix de palme issues des plantations de palmier à huile, aménagées sur le territoire ivoirien.

Pour donner le change aux consommateurs, certains vendeurs transvasent leurs produits de mauvaise qualité dans les bidons des huiles produites dans les unités de transformation d'Abidjan. Pire, nombre d'opérateurs abidjanais se sont lancés dans l'importation frauduleuse de ces huiles. Ils parviennent à tricher sur 50 % des quantités déclarées, de même que les valeurs marchandes affichées.

Certaines de nos sources révèlent avec document à l'appui que, de septembre 2012 à mai 2013, la fraude de ces huiles au niveau portuaire a été estimée à 2, 3 milliards de Fcfa de manque à gagner pour la douane. Elle coûterait, au total, 10 milliards de F Cfa par an. Au niveau des frontières du Ghana, Burkina Faso et Liberia, les douaniers sont tout simplement bernés, par une réutilisation des documents dits « déclarations en douanes », ayant déjà servis.

Plusieurs camions ainsi chargés desdits produits, franchissent sans coup férir ces frontières pour entrer en Côte d'Ivoire. Tandis qu'au port autonome de San Pedro, l'on fait usage de la déclaration, en plus du paiement en forfait. C'est à 60.000 tonnes que l'on évalue la quantité totalle d'huile alimentaire, ainsi fraudée chaque année, au détriment des caisses de l'Etat.
Moussa Touré


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