Interview exclusive / Attaque de Nahibly : Salvatore Saguès (Amnesty International) prévient : ''Il y a deux poids deux mesures au niveau de la justice'' - ''L'ONUCI a une grave responsabilité dans ce qui est arrivé'' - ''Un autre désastre pourrait survenir...''

  • Source: L'Inter
  • Date: mar. 30 juil. 2013
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Amnesty International a rendu public, hier lundi 29 juillet, un dernier rapport sur l'attaque du camp des déplacés de Nahibly, survenue en juillet 2012. Un an après, Salvatore Saguès, chercheur à Amnesty international pour l'Afrique de l'Ouest, estime que pas grand-chose n'a été fait par les autorités ivoiriennes pour faire la lumière sur cette affaire et sanctionner les auteurs de ces événements. Dans cet entretien réalisé par téléphone, il accuse au passage l'Onuci de n'avoir rien fait, non plus, pour éviter ce drame.

Amnesty international vient de rendre public un dernier rapport sur l'attaque du camp de Nahibly. Que rapportez-vous de nouveau sur l'attaque de ce camp ?

Ce que nous constatons un an après, c'est que, même s'il y a eu quelque progrès lent de l'enquête, les victimes continuent d'être ignorées pour une grande partie d'entre elles. J'en veux pour preuve, d'abord le fait que des corps ont été sortis d'un puits en octobre 2012, certains de ces corps ont été reconnus par des parents.

Ce serait des corps des personnes qui ont été arrêtées par les Frci ( Forces républicaines de Côte d'Ivoire, armée régulière) le jour de l'attaque ; ces corps ont été envoyés à Abidjan pour autopsie et dix mois après, les familles ne sont toujours pas informées des résultats de l'autopsie. Et les corps n'ont pas non plus été remis aux familles, ce qui fait qu'elles ne peuvent pas faire des cérémonies de deuil.

Le rapport évoque également des corps qui se trouveraient dans onze autres puits. Qu'en est-il ?

Des informations font effectivement état de onze autres puits où il y aurait des corps. Et depuis des mois, rien n'a été fait pour exhumer ces corps. L'Onuci surveille ces lieux pour éviter que quelqu'un vienne emporter ces corps ou maquiller ces lieux, mais les autorités ne semblent pas déterminées à savoir si des corps s'y trouvent réellement.

Ce que nous savons pertinemment, c'est que lors de l'attaque du camp de Nahibly par des dozos, des populations mais également par des Frci, un certain nombre de personnes ont été arrêtées par ces Frci et sont portées disparues. Et donc nous craignons que certains de ces corps n'aient été jetés dans ces puits et nous rappelons que les autorités doivent donner aux familles, la vérité et la justice. Mais pour le moment, cette vérité et cette justice n'ont pas eu lieu.

A combien estimez-vous les corps qui ont été extraits des puits à Nahibly ?

C'est impossible de savoir, tant que tout cela n'est pas fait de manière scientifique. On sait seulement que dans le premier puits, il y a eu six corps.

Selon les témoignages que vous avez reçus, qui sont ces personnes dont les corps ont été jetés dans ces puits ?

Comme je vous l'ai dit, trois des six corps extraits du puits en octobre 2012 ont été reconnus par des parents. Nous avons pu retracer le parcours de deux autres personnes. L'une d'entre elles avait été arrêtée par les Frci et a disparu, mais on sait qu'elle était aux mains des Frci.

Une autre a été blessée lors de l'attaque, est allée se faire soigner à l'hôpital de Duékoué, d'où elle a été enlevée par les Frci. Nous disons que les familles disent avoir reconnu ces personnes parmi les corps sortis des puits, alors nous demandons aux autorités ivoiriennes de pratiquer des autopsies. Ce qui est inquiétant également, c'est qu'il n'y a pas eu, selon les familles, de test ADN pour savoir si elles sont de la même parenté que des personnes trouvées dans ces puits.

Avez-vous saisi les autorités ivoiriennes sur ces différentes préoccupations ?

Tout à fait, nous les avons saisies. Nous mentionnons d'ailleurs dans le rapport, une réponse que nous avons reçue du ministre de la Justice au mois de juin, qui reconnaît qu'au début, il y a eu des lenteurs et que maintenant les choses s'accélèrent. Malgré q (...)

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