Interview / Henri Konan Bédié, hier TV5 aux KKB et consorts : ''On ne change pas une équipe qui gagne''

  • Source: Le Patriote
  • Date: lun. 24 juin 2013
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Interrogé, hier sur la chaîne de télévision internationale, TV5, Henri Konan Bédié a décortiqué l'actualité nationale et internationale. Prochain congrès du PDCI, alliance RHDP, élections présidentielles de 2015, octroi du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix au président François Hollande, intervention au Mali. Le président de la conférence des présidents du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix aborde sans faux-fuyant tous ces sujets.

TV5 : Le prix Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la paix dont vous êtes le légataire a été remis le 5 juin dernier au président François Hollande. Est-ce que c'est un choix qu'aurait approuvé Félix Houphouët-Boigny ?

Henri Konan Bédié : Le prix en lui-même commémore chaque année le souvenir du président Félix Houphouët-Boigny. Cette fois-ci, le choix qui a été opéré sur la personne du président François Hollande, est un choix qui récompense les efforts de ce dernier. Sa décision courageuse d'intervenir au Mali pour sauver l'intégrité et l'unité territoriale de ce pays, sauver l'Afrique de l'Ouest et le Sahel d'un péril certain, qui est le péril djihadiste, islamiste. C'est pour toutes ces raisons que le prix a été décerné au président François Hollande.

TV5 : L'Armée tchadienne a joué un rôle déterminant dans l'intervention au Mali. Curieusement en prenant la parole, aucun des intervenants n'a pensé à remercier le président Idriss Deby ?

HKB : Je crois que les remerciements étaient implicites, ils étaient collectifs. Puisque moi-même dans mon intervention, j'ai parlé de tous les chefs d'Etats de la sous-région qui avaient concouru au succès des efforts de la France.

TV5 : Oui, mais est-ce que vous comprenez que le président Idriss Deby se soit un peu vexé de n'avoir pas été cité nommément ?

HKB : Au cas où il serait vexé, je le comprendrai. Mais, il n'a pas manifesté un tel sentiment.

TV5 : Alors depuis plusieurs mois, dans les rangs du PDCI, on sent la grogne montée. Plusieurs militants s'interrogent sur l'opportunité de maintenir le RHDP. Au vu de ce qui s'est passé aux législatives, aux régionales et aux municipales. Est-ce que cette alliance a encore des raisons d'exister ?

HKB : L'alliance doit exister et nous faisons tout ce que nous pouvons pour la renforcer. Parce que l'alliance des Houphouétistes s'est révélée d'une très grande utilité. Cette alliance nous a permis de mettre fin à la dictature de Laurent Gbagbo. Et bien sûr, dans une alliance, il y a toujours quelques frictions, ce que nous nous attachons à régler. Au cours des dernières élections, il y a eu des dérapages, des affrontements, des casses, des enlèvements d'urnes. Mais dans l'ensemble, ces élections ont été une satisfaction pour tous.

TV5 : Mais, l'alliance avait sa raison d'être, parce que vous aviez un ennemi commun, Laurent Gbagbo. Cet ennemi n'est même pas présent dans les différents scrutins. Le FPI a boycotté tous les scrutins. Est-ce que cette alliance a encore sa raison d'être ?

HKB : Ce n'est pas parce que le péril est passé qu'il faut baisser la garde ou baisser les bras. Il faut toujours se prémunir contre les dangers potentiels. D'ailleurs, notre objectif c'est de faire en sorte que l'alliance se transforme en un grand parti.

TV5 : Le temps passe et on ne voit pas ce parti. Monsieur le président, est-ce que le RHDP ne tient pas seulement par la volonté de deux hommes, vous et Alassane Ouattara. Parce qu'en 2005, vous vous êtes réconciliés ?

HKB : Nous poserons la question à nos militants au cours des congrès qui vont venir. Pour le PDCI, le congrès c'est en octobre et pour le RDR, je crois que c'est juste après. En ce moment-là, nous aurons le sentiment réel de la base.

TV5 : On a justement monsieur le président que vos bases, aussi bien au PDCI qu'au RDR, ne sont pas sur la même longueur d'ondes que vous. Est-ce que vous allez rester sourd à leur demande.

HKB : Ce n'est pas mon sentiment. La base tient à la poursuite de la lutte au sein du RHDP.

TV5 : Mais on l'a vu lors du scrutin, il y a eu beaucoup de critiques ?

HKB : La période électorale ne serait pas la période idéale.

TV5 : Si le PDCI et le RDR sont allés en rangs dispersés aux législatives, aux municipales et aux régionales, qu'en sera-t-il en 2015 pour la présidentielle ?

HKB : C'est ce que nous verrons après la tenue du congrès pour ce qui concerne le PDCI. C'est le congrès qui décidera s'il faut soit présenter un candidat contre Alassane Ouattara soit de le soutenir encore comme nous l'avons fait en 2010. Comme on le dit, on ne change pas une équipe qui gagne.

TV5 : Monsieur le président vous présider le PDCI depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny. Est-ce que vous allez continuer à garder la main sur ce parti à 79 ans ou êtes-vous prêts à passer la main pour devenir un président d'honneur ?

HKB : Le parti décidera. C'est la base qui décide.

TV5 : Et vous-même ?

HKB : Moi-même à 79 ans, je peux mettre fin à mes activités ou continuer. Tant que mes forces physiques et intellectuelles me permettent de le faire.

TV5 : Mais est-ce que vous en avez envie aujourd'hui ?

HKB : La question n'est pas là. Parce que, ce que ressemble ma personne elle-même ne compte pas beaucoup. Nous sommes des gens dévoués à la cause de notre pays et de notre parti.

TV5 : Monsieur le président, l'autre point de l'actualité de la Côte d'Ivoire nous vient de La Haye. Le procès Laurent Gbagbo pourrait ne pas s'ouvrir. Il n y aurait pas de preuves solides contre lui. Comment avez-vous accueilli cette décision ?

HKB : C'est une décision de justice. Dans pareil cas, je ne mêle pas. Je me pose la question de savoir quelles preuves supplémentaires elle cherche. Parce qu'avec trois mille morts, est-ce que ce n'est pas suffisant et même s'il s'agissait de quelques morts.

TV5 : Mais ces morts ne sont pas causés que seulement par le camp du FPI. C'est pourquoi on parle de justice des vainqueurs.

HKB : Mais pour le moment, personne n'a porté plainte contre l'autre camp. Donc, nous nous en tenons à ce qui existe.

TV5 : Si des preuves supplémentaires ne sont pas apportées, il pourrait bénéficier d'une liberté conditionnelle. Comment vous interprétez cette éventualité ?

HKB : S'il s'agit d'une décision de justice, tout le monde s'inclinera. Mais, cela m'étonnerait qu'une telle décision intervienne.

TV5 : Les Chefs d'Etat africains, dans leur ensemble, sont assez critiques sur la CPI. Ils disent que c'est une prison pour les Africains. Est-ce que vous partagez ces critiques à l'endroit de la CPI ?

HKB : Les Chefs d'Etat africains, je m'excuse de le dire, pour la circonstance, seraient de mauvais juges. Chaque Chef d'Etat craint qu'un jour, la conduite des affaires amène la CPI à s'intéresser aux questions intérieures de son pays. Il y a toujours beaucoup de réticences des Chefs d'Etat. En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, elle a ratifié le statut de la CPI. Par conséquent, ce qui se fait en Côte d'Ivoire, ce fait dans la légitimité et dans la légalité.

TV5 : Est-ce que cette intégration dont parlait le père fondateur, Félix Houphouët-Boigny, dans les années 1960, a-t-elle marché ?

HKB : Je crois que tous les événements ont confirmé la justesse du point de vue du père fondateur. Actuellement, on est à la consolidation des unions régionales et même au sommet, l'on ne parle plus de l'unité africaine. On parle de l'Union africaine.

TV5 : Vous y croyez en ces Etats- Unis d'Afrique ?

HKB : Dans le long terme, bien sûr. Mais dans le long terme, moi, je ne serai pas là.

TV5 : Elle est essentielle pour le continent. Les regroupements, il y en a partout ?

HKB : Oui, mais les regrroupements, quand même il faut savoir les dimensionner.

Retranscrits sur TV5 par COULIBALY Zoumana


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