De retour d'exil, Drigoné Bi Faya explose : « Ce que je prépare pour 2015 » - « L'attitude du FPI l'a éloigné du pouvoir »

  • Source: L'Inter
  • Date: sam. 22 juin 2013
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De retour d'exil depuis le 6 mai 2013, Drigoné Bi Faya, ex-leader syndical estudiantin, compagnon de lutte de Charles Blé Goudé à l'époque, est remonté contre l'ancien parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI). Dans cet entretien, il exhorte les partisans de l'ancien président, Laurent Gbagbo à mettre balle à terre. Entretien

On peut savoir pourquoi vous êtes rentré au pays après tant d'années passées en exil ?

Je suis rentré d'exil pour apporter ma contribution au processus de réconciliation, et apporter mon soutien au président de la République, Alassane Ouattara, pour le travail qu'il est en train d'abattre.

Vous dites êtes rentré pour contribuer au processus, depuis lors, qu'avez-vous fait dans ce sens ?

J'ai des contacts avec des amis qui sont a l'extérieur. Je discute avec eux sur les réseaux sociaux comme par téléphone. Je les incite à rentrer parce que je sais ce que représente l'exil. On sait quand on part, on ne sait pas quand on revient. Fort de cette expérience, je les exhorte à rentrer. Mais lorsque j'aurai l'occasion de rencontrer les autorités, je leur dirai ma contribution pour ramener au pays les amis qui sont hors de la Côte d'Ivoire. C'est vraiment important pour moi parce que le pays est dans une situation où on a besoin de tout le monde, de tous les enfants pour avancer. Il ne sert à rien de rester dehors. On a un seul président aujourd'hui et il est en train de faire un travail formidable, qu'on l'aime ou pas. Il est mieux de venir l'aider pour profiter du travail qu'il fait à la tête de la Côte d'Ivoire. Ce pays nous appartient tous. Mais que ceux qui à l'extérieur comprennent une chose : Alassane Ouattara a gagné les élections. Plutôt que de chercher à le déstabiliser, il est mieux de s'organiser pour les échéances électorales futures. C'est ça la démocratie. Les Ivoiriens veulent la paix, et ils souhaitent vraiment que tout le monde se parle.

Que pensez-vous de la position du parti de l'ancien président, le FPI, qui considère que la libération de Gbagbo et de certains prisonniers, est un préalable à la réconciliation ?

Je vais commencer par le plus facile. Et le plus facile pour moi, c'est la libération des frères qui sont en prison au pays, parce que c'est dans la négociation qu'on peut obtenir beaucoup de choses. Il y a eu un premier geste de la part du président Ouattara, à travers le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, Ahmed Bakayoko. Mais, il faut que nos frères du FPI comprennent que la politique est une question de rapport de force. Il faut qu'ils comprennent qu'ils n'ont pas la force avec eux aujourd'hui. La force appartient au pouvoir tout comme elle leur appartenait il y a à peine trois ans. Ils doivent donc mettre bal à terre.

En son temps, le fait qu'ils aient refusé de rentrer dans le gouvernement les a éloignés de beaucoup de choses. S'ils avaient accepté, cela aurait facilité certaines choses. C'est dans le dialogue et la négociation que les frères qui sont en prison vont recouvrer la liberté. Mais voyez-vous, au moment où on engage les négociations, il y a des va-t-en guerre qui sortent des discours belliqueux qui ne favorisent pas la libération de leurs frères qui sont en prison en train de souffrir. Humainement et politiquement, quel intérêt le pouvoir a-t-il à garder des frères en prison pendant tout ce temps-là ? Je pense que dans un premier temps, c'est pour leur propre sécurité. Dans la période trouble qu'a connue la Côte d'Ivoire, imaginez qu'ils soient en liberté et qu'on s'en prenne à eux, le président serait accusé aujourd'hui. De mon point de vue, comme les négociations sont engagées entre le pouvoir et l'opposition, nous espérons qu'à la fin, une solution sera trouvée au problème des prisonniers.

Et le cas de ceux qui disent: pas de libération de Gbagbo, pas de réconciliation ?

Les va-t-en guerre ne savent pas faire la politique. Ce n'est pas ça la politique. Et ils savent très bien comment Gbagbo s'est retrouvé de l'autre côté. Ils savent très bien que personne ne peut se substituer à la justice internationale, et que ce dossier n'appartient plus à la Cote d'Ivoire. C'est lorsque Gbagbo était sur le territoire ivoirien qu'il fallait poser des gestes forts, qui fallait mettre le pouvoir en place dans l'embarras à l'amener à la Haye. C'est comme le cas de Simone Gbagbo. La CPI la réclame, mais le pouvoir estime qu'aujourd'hui, nous avons les moyens de la juger ici. Le FPI fait la politique avec les ressentiments. Alors qu'en politique, les ressentiments n'ont pas leur place. Il faut apprécier la réalité et le contexte actuel. Et le contexte actuel commande qu'il n'y ait pas des va-t-en guerre dans les différents camps. Il faut des hommes assez lucides épris de justice et de paix, qui prennent de la hauteur dans ce contexte pour engager des négociations saines avec le pouvoir en place qui, en retour, pourrait faire des gestes forts en leur direction. Mais tant qu'ils voudront montrer au pouvoir que ce sont eux qui ont la force, j'estime que les choses ne pourront pas évoluer.

Vous étiez dans le bureau de Blé Goudé quand il était à la Fesci. Aujourd'hui, il se retrouve en prison. Que pensez vous de son arrestation ? Et que faites-vous pour le sortir de prison ?

Charles Blé Goudé est allé trop loin dans ses prises de position. Et son leader (Laurent Gbagbo, ndlr) disait en son temps, ''quand on t'envoie il faut savoir t'envoyer''. C'est un frère et je n'ai rien contre lui. Mais il a posé un certain nombre d'actes qu'il n'est pas utile de rappeler ici. Si la justice ivoirienne estime qu'elle a des charges contre lui, elle le dira.Au-delà des questions liées à la justice, la Côte d'Ivoire doit rentrer dans une phase de réconciliation, surtout si chacun reconnaît sa part dans ce qui est arrivé. En ce qui concerne le cas Blé Goudé, ses partisans doivent savoir que le fait qu'il soit en prison n'est pas une mauvaise chose. Nous avons tous fait la prison. La prison est un facteur d'éducation.

Est-ce que sa libération ne sera pas signal fort pour encourager à la réconciliation ?

Un signal fort! c'est possible. En revanche, il ne faut pas oublier qu'il y a un processus. Je pense plutôt que la justice doit faire son travail, et le reste viendra après. Si nous sautons les étapes, cela pourrait nous rattraper. Je disais à un ami que dans des quartiers des communes d'Abidjan, il y a des gens qui ont donné l'ordre de brûler leurs semblables. Si vous laissez ces personnes en liberté, imaginez un peu ce qui pourrait leur arriver. On ne libère pas quelqu'un pour le voir être lynché après.

Votre regard sur les procédures en cours devant la justice depuis que la crise post-électorale a éclatée…

C'est une question délicate. Elle dépend de l'endroit où on se situe. Parce que quand on se situe (...)

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