Vive tension à la frontière ivoiro-guinéenne : Les ex-otages des soldats guinéens livrent de graves confidences

  • Source: linfodrome.com
  • Date: mer. 09 mai 2018
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Après une dizaine de jours de détention, le chef de village de Dreupieu (Danané, ouest ivoirien), Ban Alain et ses administrés ont été libérés, le vendredi 4 mai 2018, par des soldats guinéens qui leur disputent leur espace territorial. Nous avons pu les rencontrer, le dimanche 6 mai 2018, dans le village de Goueupouta (Danané). Et, ils ont accepté de nous parler de leur calvaire.

Au moment où nous nous apprêtons, le dimanche 6 mai 2018, à rejoindre le village de Dreupieu, une grosse pluie s'abat sur la zone. C'est finalement autour de 11 h que nous prenons le départ. Le voyage à moto sur une route qui n'a vu aucun profilage depuis 2002, n'est pas facile. Crevasses par ci, roches par là. Avec des ponts écroulés. C'est donc avec beaucoup de dextérité que nous atteignons le village de Goueupouta (Yitiba) aux environs de 13 h, après deux heures de route, pour environ 10 Km.

En effet, c'est à Goueupouta qu'il faut emprunter un taxi-moto pour aller « au parc » connu sous le nom de Dreupieu. Mais, notre engin est inadapté pour la piste qui y mène. Une piste, au vrai sens du mot, car cette voie, jadis empruntée par les exploitants forestiers, n'est désormais qu'un sentier qu'empruntent les forces de l'ordre, pour aller surveiller la frontière avec la Guinée. Qui, elle, prend soin de nettoyer ses voies qui mènent à la frontière. A Goueupouta, point de moto. « Aujourd'hui, nous transportons les bananes qui doivent être acheminées à Danané. Il n'y a donc pas de voyage pour Dreupieu », nous lance un conducteur de taxi-moto. Nous attendons des heures. C'est finalement à 15 h, avec les négociations du secrétaire du chef de village, que nous trouvons un jeune qui accepte de nous accompagner moyennant la somme de 8 000 F Cfa, pour 21 Km. Nous revoilà sur une route aussi rocailleuse que la première. Mais à peine nous parcourons 5 km, qu'une colonne de motos nous dépasse. « Ce sont les prisonniers que nous allons voir », informe le conducteur de moto. Nous faisons demi-tour pour le village de Goueupouta. C'est dans ce village qu'un accueil des plus fastes leur est réservé. Cris de joie, kaolin et rameaux sont au menu. En effet, c'est à la recherche du bien-être que les populations de Dreupieu ont déserté Goueupouta, depuis environ 20 voire 30 ans. Après les civilités, nous réussissons à faire parler les ex-otages.

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Le piège des soldats guinéens.

Selon Ban Alain, le chef du village de Dreupieu, porte-parole des ex-prisonniers, « c'est le 18 avril qu'un contingent de 24 soldats guinéens armés jusqu'aux dents, fait irruption dans le village ». « Etant absent ce jour-là, ils ont promis de revenir. Le mardi 24 avril, deux hommes en civil nous invitent, moi le chef du village, le responsable des Moré et son secrétaire. Ils ajoutent que notre Directeur d'école doit faire partie du groupe. Sans vraiment savoir qu'il s'agissait d'un guet-apens, nous prenons la voie qui conduit à Nih, le premier village frontalier des guinéens vers notre zone », explique le chef coutumier qui semble épuisé.

Et, c'est le Directeur d'école du nom de Glamy Narcisse, un homme d'une quarantaine d'années, qui prend la relève. « Une fois à Nih (village guinéen), ces soldats nous font comprendre que leur chef à Gbêh (un autre village) voudrait nous rencontrer. Nous tentons de nous opposer, mais nous sommes manu-militari jetés dans des cargos qui nous attendaient. Nos motos sont enfourchées par des soldats, auparavant cachés dans les broussailles. Mais, au moment où nous sommes en pleine discussion, deux soldats arrivent avec notre drapeau qu'ils ont arraché au mat à l'école, et crient : ''mission accomplie''. Nous sommes transportés jusqu'à Lola », rapporte l'enseignant qui ajoute : « De là, le préfet nous apprend que nous sommes arrêtés pour avoir détruit et fait détruire la forêt guinéenne. Il explique que notre village et les campements alentours sont la propriété de la Guinée, et qu'à compter de ce jour, aucun drapeau ivoirien ne doit flotter dans les airs dans ces localités. Tout en parlant, il nous montre des photos prises dans le village et les campements. Il nous confie que nous sommes espionnés depuis longtemps, et que tout acte de défiance serait une insulte ».

L'enseignant de poursuivre : « Après nos explications rejetées du revers de la main, nous sommes jetés en prison. Nous étions 10 dans une chambre de 3 mètres de côté. Moustiques, chaleur, fraîcheur, étaient notre lot quotidien. On ne mangeait qu'une fois par jour. Chaque jour, on nous faisait sortir pour nous arracher des informations puis on retournait dans la cellule. On n'avait aucun contact avec nos familles. Les soldats venaient no (...)

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